Midi Olympique

En dehors des terrains

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« Il y a dix jours, c’est Lionel Messi qui était ici et il avait rempli le Dignity. C’est le super pouvoir des génies du sport d’arriver à soulever les foules tant elles sont respectées. C’est comme Lebron James au basket. Antoine Dupont, aussi, fait cet effet-là. Le rugby a eu peu d’icônes comme lui. » Si elle mérite d’être relativisé­e à l’échelle du rugby, la comparaiso­n de Rob Vickerman, ancien capitaine de l’Angleterre à VII devenu commentate­ur du Sevens Series, a trouvé une résonance indubitabl­e de Vancouver à Los Angeles : à défaut de remplir les enceintes, le demi de mêlée français a attisé une curiosité inédite dans des contrées peu au fait de l’actualité ovale. « Lorsque des gens ont vu nos tenues de la France, ils nous ont demandé si Dupont était au Staples Center »,

racontait Germain Igarza, entraîneur adjoint des filles, après avoir assisté à un match NBA dans l’arène des Lakers. « Je crois que c’est la première fois que je vois un mec ne pas pouvoir aller où il veut sans être importuné dans un stade », poursuit David Courteix, en référence au week-end canadien. Le baptême du numéro 25 dans le BC Place a symbolisé cette effervesce­nce générale, aux yeux de Rob Vickerman : « Le moment le plus marquant, c’est lorsque 10 000 personnes l’ont applaudi pour son premier match alors qu’il ne faisait qu’entrer en jeu. »

L’intéressé lui-même en avait été gêné : « Je ne me sens pas trop légitime d’avoir une ovation », avait-il réagi. Avec une semaine de recul, il est revenu, samedi, sur le poids des regards extérieurs : « Je l’ai senti principale­ment à Vancouver. Je pense que ça venait surtout de la curiosité des gens du circuit qui ne sont pas habitués à voir une tête d’affiche, entre guillemets, du XV s’essayer à VII. Ils devaient avoir envie de voir ce que je valais et mes motivation­s. Il y avait un peu d’attente autour de ça. Je n’y ai pas prêté attention, j’avais déjà pas mal d’appréhensi­on et beaucoup d’excitation à gérer. »

« C’EST UN AIMANT POUR TOUT »

L’excitation était réciproque : dès le mardi, des amateurs canadiens étaient venus demander des autographe­s à la fin d’un entraîneme­nt tricolore ; le week-end, des supporters français étaient venus de toute l’Amérique du Nord pour assister à ses débuts ; et, dans les dernières semaines précédant l’étape, plusieurs chaînes de télé s’étaient soudaineme­nt activées pour se procurer les droits : France Télévision­s dans l’Hexagone, TNT en Grande-Bretagne, NBC aux Etats-Unis… La BBC et The Times étaient également de la partie en ColombieBr­itannique. Du côté des réseaux sociaux de

World Rugby, le premier essai du Toulousain a dépassé les 215 000 vues sur Twitter, loin, très loin des standards habituels. « C’est incroyable qu’il soit là, résume Jérome Daret. C’est un aimant pour tout : la médiatisat­ion, la communicat­ion, les supporters… Tout ce qui nous arrive nous dépasse un peu. » Stephen Parez-Edo Martin en sourit : « Ça fait dix ans que je me bats pour faire connaître le rugby à 7. De par sa présence, il fait d’un seul coup rayonner tout ce système. » N’est-ce pas là la définition d’un astre ? V. B.

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