Modele Magazine

BARON ARF DE TOPMODEL

Une adaptation très réussie

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Le Baron, ça vous dit quelque chose ? Normalemen­t, oui, tellement ce modèle mythique conçu par Christian Chauzit bénéficie d’une place particuliè­re dans le paysage modéliste français. Voici la version proposée par Topmodel. Autant le dire tout de suite, c’est une vraie réussite.

Plus de quarante ans après sa création, l e Baron suscite t oujours autant de sympathie, sans parler des souvenirs émus des premiers vols pour beaucoup d’entre nous et de l ’engouement toujours intact pour l a Coupe des Barons. Son allure unique et ses qualités de vol ne sont certaineme­nt pas étrangères à ce succès sans équivalent.

Prendre la relève d’un tel monument constitue donc un véritable défi qu’a relevé Topmodel avec brio : cette nouvelle mouture réussit à concilier l ’esprit du Baron original avec sa modernisat­ion. Evidemment, il s’agit maintenant d’un kit ARF, quasiment prêt à voler, mais les évolutions ne s’arrêtent pas là. Voyons cela en détail.

UN KIT COMME ON AIME

Le modèle est livré dans une boîte en carton de dimensions imposantes dont la décoration met bien en valeur le produit. Toutes les pièces sont ensachées et séparées par des cloisons en carton, garantissa­nt une bonne protection au transport.

Ce Baron est intégralem­ent réalisé en structure ouverte de balsa, avec quelques renforts en contreplaq­ué au niveau du fuselage (flancs et couples) et du boîtier central des ailes. Ces dernières utilisent le principe du multi-longerons à la fois léger, robuste et rigide. Dans les détails, on constate que c’est la dernière version (1977) du Baron original, à la dérive arrondie si caractéris­tique et aux ailes et fuselage renforcés par des raidisseur­s inclinés, qu’a suivi Topmodel. Le bois est bien choisi et les collages et les ajustement­s sont correcteme­nt réalisés. Les évidements de nervures traduisent un souci du constructe­ur de contenir la masse de l’appareil, tandis que les différents renforts judicieuse­ment placés montrent que la robustesse est assurée. Bref, c’est du beau travail. L’entoilage est réalisé en Oracover transparen­t, très bien posé et nécessitan­t juste une légère re-tension.

Si la philosophi­e et la conception de ce Baron restent donc très fidèles à ceux de l’original, certaines améliorati­ons ont été apportées. Les ailes comportent maintenant des ailerons (eux aussi en structure ouverte) en conjonctio­n avec un dièdre plus faible pour se conformer aux standards des trainers modernes. Cette version du Baron sera donc un peu plus voltigeuse que son ancêtre, qui était déjà particuliè­rement manoeuvran­t avec un simple pilotage 2 axes (décrié à tort, il suffit d’un dièdre bien adapté pour avoir une

agilité en roulis très satisfaisa­nte). Côté aérodynami­que, l e volume de stab a judicieuse­ment été augmenté de 20% (0.64 passe à 0.77, mieux adapté au fort Cm0 du profil d’aile, un plan convexe type ClarkY), au bénéfice du comporteme­nt et des performanc­es à basse vitesse (vitesse de décrochage et taux de chute mini légèrement réduits).

L’aile est vrillée de –2° afin de rendre l e comporteme­nt au décrochage l e plus sain possible, c’est-à-dire avec un décrochage de l’emplanture avant l es saumons. L’intention est l ouable, mais superflue dans le cas présent car une aile droite de faible allongemen­t présente naturellem­ent, sans vrillage, un excellent comporteme­nt au décrochage. Les curieux saumons triangulai­res, associés à un fort creusement du profil sur l’aile, sont conservés malgré l eur piètre rendement aérodynami­que. Fort heureuseme­nt, les qualités de vol ne sont pas remises en cause et le supplément de traînée est anecdotiqu­e face à l’énorme traînée globale de ce modèle, qui ne laissait déjà espérer aucun miracle côté finesse ou vitesse de vol. Autant donc conserver cette singularit­é, dont l a suppressio­n ou l a modificati­on aurait trop dénaturé l’allure du Baron. Pour finir, le train d’atterrissa­ge en corde à piano est équipé d’un ressort sur la barre transversa­le pour ménager la cellule lors des atterrissa­ges un peu trop durs.

IL NE MANQUE RIEN

Les fourniture­s sont particuliè­rement complètes, à commencer par l’accastilla­ge (de bonne qualité, les guignols sont par exemple des modèles à trois vis) et les tringles de commandes finies. Il ne manque vraiment que l es servos et l a motorisati­on. A cet effet, Topmodel a pensé à tout l e monde en prévoyant les adaptation­s nécessaire­s pour recevoir i ndifféremm­ent un moteur électrique ou thermique. Cela comprend dans le premier cas un bâti et un faux moteur en étoile en plastique thermoform­é, et dans le second un bâti ainsi qu’un réservoir de 248 cm3 et de la durite silicone. Dans les détails qui font plaisir, on peut aussi noter la présence d’un pilote (plutôt réussi) ainsi que l es inévitable­s haubans et mitraillet­te, ou des velcros dans l e fuselage pour l’immobilisa­tion du réservoir ou de l’accu.

La notice, à la hauteur du kit, est à la fois très complète, bien illustrée et surtout particuliè­rement pédagogiqu­e. Chaque étape du montage est mise en scène et photograph­iée,

avec si nécessaire une petite astuce pour faciliter l’opération. En la suivant pas à pas, un complet novice devrait être capable de mener à bien l’assemblage de ce Baron.

UN ASSEMBLAGE TRÈS SIMPLE

Le travail à la charge de l’utilisateu­r est relativeme­nt simple et nécessite environ deux à trois soirées, réparties entre quelques collages et l’installati­on radio et moteur.

La toute première opération, indispensa­ble, consiste en quelques petites vérificati­ons, puis retouches le cas échéant. Cela concerne :

• l’alignement entre les inserts de fixation de l’aile et les trous du boîtier central de l’aile : j’ai dû redresser un insert côté fuselage et agrandir deux trous (en les rendant oblongs) sur le boîtier.

• l’ajustement entre l e boîtier d’aile et l a trappe d’accès : cette dernière doit se fermer sans point dur, sinon il faut légèrement reculer le boîtier en agrandissa­nt les trous de fixation (toujours en oblong, pour ne pas perdre la mise en croix).

• les supports de servos d’ailerons : le palonnier doit être centré dans l a fente pour permettre son débattemen­t, ce qui peut demander de retailler un plot de fixation et épaissir l’autre (avec du balsa dur collé à la cyano).

• les tringles de commande d’ailerons : trop longues, il faut les recouper et les recouder.

• la tension de l’entoilage, à reprendre au fer à entoiler (à environ 130 °C) comme prévu dans la notice.

• le détourage au fer à souder (préférable au cutter car n’altérant pas le balsa) des différente­s ouvertures de l ’entoilage : trous de vis (y compris celles de fixation des haubans), passages de commande, assise de stab.

Une f ois ces détails réglés, le montage ne pose strictemen­t aucune difficulté, il suffit de suivre aveuglémen­t l a notice. Les colles utilisées sont la cyanoacryl­ate fluide pour les charnières et l’époxy rapide pour l’empennage (dérive sur stabilisat­eur et stabilisat­eur sur fuselage), les ailes (sur le boîtier central) et les plots de fixation du capot moteur. Le bon ajustement des éléments, notamment la clé d’aile en carbone dans les fourreaux, facilite énormément les choses. A ce sujet, il est dommage de ne pas avoir profité de la présence de cette clé pour rendre le système démontable, il aurait suffit de deux tétons d’indexage et d’un système de verrouilla­ge.

CHOIX DE LA MOTORISATI­ON

Le Baron équipé pèse environ 2000 à 2300 g suivant le choix de motorisati­on, ce qui nécessite, vu l’importante traînée, une puissance d’environ 300 à 400 W à l’arbre d’hélice.

Topmodel propose à cet effet trois motorisati­ons, à l aquelle je rajouterai­s une quatrième (OS .25 LA)

intéressan­te pour sa légèreté et son accessibil­ité financière. Les voici, avec leurs principale­s caractéris­tiques techniques (masse moteur + accu ou plein de carburant, puissance maxi à l’arbre, autonomie plein gaz) : • électrique : brushless X3520/12 + hélice 12x6 + LiPo 3S 4000 mAh (495 g, 280 W, 6 min) • thermique 2 temps : OS .25 LA + hélice 9x5 (460 g, 300 W, 16 min) ou OS .25 AX + hélice 9x5 (550 g, 400 W, 12 min) • thermique 4 temps : Saito FA30 + hélice 9x5 (450 g, 300 W, 15 min) ou FA40 + hélice 11x6 (490 g, 390 W, 11 min)

Bien entendu, tout autre groupe de motorisati­on de masse et puissance équivalent­es conviendra aussi. Chacun choisira suivant ses besoins ou ses conviction­s, sachant que les chiffres qui précèdent démythifie­nt un peu la comparaiso­n entre thermique et électrique, ou entre deux et quatre temps, que ce soit en termes d’autonomie ou de rapport puissance / masse. A noter que, pour les moteurs thermiques, les puissances annoncées ici sont obtenues dans des conditions normales d’utilisatio­n (carburant « standard », typiquemen­t 5% de nitro et 18% d’huile, silencieux d’origine et hélice préconisé) et différent donc sensibleme­nt des chiffres constructe­urs, obtenus dans des conditions optimales.

Il faudra rajouter au bilan de masse le câblage, le contrôleur et le porte-hélice d’un côté, ou le réservoir, les durites, le servo de gaz et l’accu de réception de l’autre, ainsi que l’hélice et le bâti moteur, soit environ 100 à 150 g suivant le choix du matériel.

Concernant l’hélice, la forte traînée du Baron le cantonnant à des vitesses de vol plutôt modestes avec la plage de puissance préconisée (autour de 80 km/h en palier plein gaz), on choisira un pas égal à environ 60 à 80% du diamètre. La modélisati­on sous le logiciel PredimRC montre en effet qu’en deçà le gain en traction statique ne contribue pas à améliorer le taux de montée tandis que la vitesse en palier est fortement pénalisée. Au-delà, l a réserve de traction en vol l ent et l e taux de montée sont pénalisés alors que la vitesse en palier n’augmente pas.

Pour le plaisir d’écouter le son d’une belle mécanique, j ’ai choisi un antique Webra T4-40R (moteur 6,5 cc 4 temps à soupape rotative Cross entraînée par courroie crantée). Il emmène une hélice 10x6 à 9500 tr/min, soit environ 290 W à l’arbre. Sa masse n’est pas son point fort (120 g de plus que celle du Saito FA30 à iso-puissance), mais il devrait amplement suffire à entraîner ce Baron.

L’installati­on est particuliè­rement simple car le bâti moteur thermique (en nylon chargé) est livré en deux parties, permettant une adaptation à toutes les largeurs de moteur, tandis que la cloison pare-feu intègre les angles de piqueur et d’anti-couple. Il suffit donc de centrer le bâti sur le tracé du couple pour, sans aucun réglage, bien positionne­r le moteur. Dans le cas d’un moteur 4 temps, au carburateu­r très proche de la cloison pare-feu, la notice propose de plier à 360° la commande de gaz pour lui de donner de la souplesse, ce qui est très judicieux.

Pour finir, après avoir collé les plots de fixation du capot, j’ai traité à l’enduit nitrocel lulosique toutes les zones en bois susceptibl­es d’être en contact avec le carburant. Le capot a été retouché à la Dremel pour laisser passer le moteur et permettre l’accès du pointeau principal, puis a reçu quatre silent-blocs de servo au niveau des passages de vis.

INSTALLATI­ON RADIO, RÉGLAGES ET FINITION

L’assemblage se termine par la pose de l ’électroniq­ue, constituée de trois servos standards pour l’empennage et la commande gaz (pour cette dernière, un mini-servo suffirait amplement), de deux mini-servos économique­s pour l es ailerons, d’un récepteur 6 voies et d’un accu de réception LiFe 1100 mAh 2S. Cet accu présente l’avantage de la légèreté (65 g, contre 150 g pour le traditionn­el pack NiMH 4.8 V 2000 mAh) et d’une tension suffisamme­nt basse pour se passer de régulateur de tension avec l a majorité des servos. Avec une consommati­on électrique moyenne mesurée d’environ 300 mA, l’autonomie s’élève à presque 4 h : c’est amplement suffisant pour assurer une journée de vol normale.

Les bras de levier des guignols et des palonniers ont été choisis de manière à obtenir les débattemen­ts de l a notice sans réduction électroniq­ue de course. Un bon point pour l a présence de ressorts de sécurisati­on des chapes, ce qui est rare à ce niveau de tarif. De même, Topmodel a prévu des fils dans les ailes pour tirer les câbles de servos, c’est toujours appréciabl­e.

La finition se résume à la pose des décoration­s adhésives fournies (que je n’ai pas utilisées, préférant la sobriété) et à la pose des haubans. Leur réalisatio­n m’a posé quelques problèmes, les fils ayant tendance à trop accrocher à l’entrée des tubes à sertir. La solution consiste à légèrement évaser ce dernier en y faisant tourner un tournevis cruciforme. La notice précise qu’il faut utiliser une corde à piano fine, non fournie, qu’on pourra remplacer au besoin pour un fil de cuivre ou de fer de diamètre 0.5 mm. La notice reste vague concernant la tension à appliquer au hauban (je cite : « tendez modérément »), j’ai retenu une valeur de 10% de la longueur totale du hauban.

Mon Baron étant destiné à évoluer depuis un terrain en bitume, j’ai ajouté en bout de la béquille une vis à tête arrondie pour la protéger et améliorer la glisse sur le sol, facilitant ainsi le contrôle en lacet au taxiage.

La masse finale s’élève à 2030 g, soit une charge alaire très raisonnabl­e de 61 g/dm². La vitesse de décrochage calculée se situe autour de 35 km/h, voilà qui ne devrait pas être trop stressant. Le centrage recommandé (75 mm du B.A, soit 30% de la CAM - corde aérodynami­que moyenne) a été obtenu sans aucun plomb en reculant au maximum l’accu de réception et le récepteur. Pour cela, j’ai dû déroger au mode de fixation prévu en les maintenant tout simplement par des élastiques accrochées à des vis de fixation de servos. Cependant, il aurait été préférable de reculer encore plus le centrage, le logiciel PredimRC indiquant un CG (centre de gravité) à 105 mm du B.A (43% CAM) avec 5% de marge statique. Les vols confirmero­nt que le centrage constructe­ur est particuliè­rement avant, les phases lentes et dos nécessitan­t une correction sensible à la profondeur. Mais cela reste tout à fait acceptable pour ce type d’appareil au vol lent et coulé.

Le Vé longitudin­al de constructi­on de +1.4° (calages aile = +1.4° à l’emplanture, stab = 0°) est cohérent avec le centrage constructe­ur pour assurer l’équilibre longitudin­al à environ 60 km/h. Les mesures en vol confirmero­nt ces valeurs, avec la nécessité de corriger le trim de profondeur à piquer en palier plein gaz (environ 80 km/h) et à cabrer à basse vitesse. Utiliser le centrage optimal proposé ici (105 mm) nécessiter­a, pour conserver l’équilibre, de réduire ce Vé d’environ 1°. Cette valeur est suffisamme­nt faible pour être gérée par une simple correction à piquer du trim de profondeur, ce qui n’est absolument pas préjudicia­ble, contrairem­ent à ce que l’on peut parfois entendre sur nos terrains, ni aux qualités de vol ni aux performanc­es. Au pire, c’est juste inesthétiq­ue.

UN VRAI BARON !

Topmodel a parfaiteme­nt réussi son pari d’adaptation en « ready to fly » du célèbre Baron, avec des améliorati­ons qui le rendent encore plus attachant et agréable à vivre. Les qualités de vol sont toujours au rendez-vous… Que demander de plus ?

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Text Te xxt xt e : F Fr Fran Franck anck an c ck Agu guerr guer gu g guerre er erre re Phot Ph Photos otosos ot os : Pas as asca a ascale cale ca le C onstanti onstan o on onst stantinti stan stanti st an a anti ti
 ??  ?? Indémodabl­e Baron ! Ce modèle qui a fait le bonheur de centaines de modélistes est maintenant disponible en kit ARF et sera assemblé en
quelques soirées. C’est à Topmodel que l’on doit cet avion très réussi et assurément très proche de l’original. Des...
Indémodabl­e Baron ! Ce modèle qui a fait le bonheur de centaines de modélistes est maintenant disponible en kit ARF et sera assemblé en quelques soirées. C’est à Topmodel que l’on doit cet avion très réussi et assurément très proche de l’original. Des...
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Les importante­s surfaces de voilures font de ce Baron un appareil assez imposant malgré ses dimensions raisonnabl­es.
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Il faut savoir que le Baron est - à l’origine - paru sous la forme d’un plan dans Modèle Magazine (dessiné par Christian Chauzit) publié à la fin des années 60 !
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Centrage très avant et forte traînée obligent, le plané ne brille pas par ses performanc­es même s’il est très sain. Il faut penser à conserver un bon badin pour ne pas poser trop court et accumuler un peu d’énergie pour pouvoir arrondir.
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L’allure du Baron est caractéris­tique entre toutes. Elle est unanimemen­t appréciée des modélistes. Un vrai tour de force pour un modèle conçu il y a plus de quarante ans…

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