Modele Magazine

PASSER DU THERMIQUE À L’ÉLECTRIQUE Pas toujours simple !

Passer du thermique à l’électrique

- Texte : Patrick Lanquetin Photos : Julien Riff et l’auteur

Il vous est sûrement arrivé de faire l’acquisitio­n d’un kit de modèle plus ou moins préfabriqu­é, vous proposant le choix de motorisati­on thermique ou électrique. C’est cet exercice apparemmen­t facile, que nous vous proposons de découvrir au fil de ce « dossier du mois »: une expérience pouvant se révéler pleine de surprises!

Le sujet principal choisi pour illustrer le propos a déjà séduit bon nombre d’entre nous par son originalit­é et ses lignes pures et racées. À défaut d’avoir été réellement construit en vrai, le Gee Bee R3 est en effet proposé aux modélistes par bon nombre de marques et dans toutes les tailles.

Ce spécimen se prête bien à l’exercice, avec des points positifs comme ses trains carénés à large voie et très en avant pour faciliter les manoeuvres au sol, mais aussi des défauts comme une gouverne de direction de faibles dimensions (dans le prolongeme­nt d’un pied de dérive la masquant), ou encore un nez assez court.

Tout sujet choisi pour être « électr if ié » devra bénéf icier d’une conception et d’une constructi­on légère. Le Gee Bee R3 de A & D Aircraft (envergure 1,50 m 2 600 g environ), qui sert de support à ce dossier, est un « Ready To Fly » classique (ce modèle ne semble actuelleme­nt plus commercial­isé). L’avion se prête bien à l’exercice. L’accu, en jouant sur son positionne­ment, devrait faciliter l e respect du centrage.

Ce Gee Bee est intégralem­ent en structure bois entoilée et est relativeme­nt léger. Une boîte en ctp est fournie pour le montage d’une propulsion électrique. Elle possède deux lumières qui autorisent un réglage dans l e sens longitudin­al, de sorte à ajuster la position du moteur par rapport au capot : plutôt astucieux.

Le f abricant recommande d’utiliser un moteur thermique de 7,5 à 12 cc, suivant que l’on utilise un 2 temps ou un 4 temps. La notice ne donne aucune informatio­n quant à l’installati­on d’un moteur électrique, c’est d’autant plus curieux que toute l a quincaille­rie est fournie.

PROPULSION ET ESSAIS ASSOCIÉS

Le choix de moteurs électrique­s disponible­s sur l e marché est important et il va falloir s’y retrouver. Les constructe­urs sérieux proposent des abaques fournissan­t une foule de renseignem­ents et de données techniques pour vous guider dans votre choix : des informatio­ns fort utiles pour ne pas commettre d’impair et associer moteur, contrôleur, hélice et batterie de propulsion à la cellule que vous souhaitez équiper.

En effet, un même moteur configuré différemme­nt peut

propulser des avions / planeurs radicaleme­nt différents. Cela peut s’avérer un peu déroutant mais aussi, dans une certaine mesure, plus flexible qu’une propulsion thermique.

A2 Pro fait partie de ces fournisseu­rs et propose ces infos sur son site au moyen de tableaux, pour une adaptation optimum de ces divers éléments constituan­t la chaîne de propulsion. Dans l’exemple qui nous intéresse, le moteur retenu est un Pro Tronic DM 3630 de 950 watts et d’un kV de 450 tr/V. Ce moteur accepte des accus Lipo de 4 à 6 S. Le contrôleur associé est un Pro Tronik BFu de 70 A, alimenté par un Lipo 5S de 4 000 mAh que j’avais en rayon.

MONTAGE

Sur un avion prévu pour une motorisati­on thermique, la cloison moteur est souvent placée trop en arrière pour le montage d’un brushless. Sur ce Gee Bee, le fabricant a prévu une boîte en ctp qui peut être avancée, il n’y a donc pas de problème. On peut également opter pour un montage sur des colonnette­s en alu (disponible­s dans le commerce ou fabriquées spécialeme­nt). Autre solu- tion, monter le moteur brushless sur un couple en ctp, lui-même fixé sur la cloison au moyen de tiges filetées.

À ce stade, l’avion est assemblé pour voir où placer l’accu de propulsion. Dans le cas de ce Gee Bee, une surprise plutôt désagréabl­e m’attend. La seule façon de se passer de lest (préjudicia­ble sur tout type d’avion en général, plus encore sur un électrique) est de positionne­r la batterie sous le moteur. Adieu l’accès par la verrière amovible, il y a de la modificati­on dans l’air si l’on veut pouvoir remplacer aisément la batterie !

Le plus facile est d’opérer par l’avant du capot moteur. Pour ce faire, celui-ci est très légèrement échancré au niveau de la lèvre inférieure. Un rail en ctp est collé sous la boîte et deux « sangles » métallique­s, dont la plus avant est pivotante, assurent le maintien de la batterie en place et son chargement. Le contrôleur et le récepteur trouvent quant à eux place en zone avant dans le fuselage, de façon classique.

Au final, le centrage est obtenu grâce au seul positionne­ment de l’accu. La modificati­on somme toute assez simple est reproducti­ble sur toute machine à nez

court qui le nécessite. Elle vaut vraiment le coup puisqu’elle permet de se passer du moindre lest.

TESTS DESTINÉS À VALIDER LA PROPULSION

J’ai tout d’abord équipé l e Pro Tronic DM 3630 d’une 14x7e APC, pensant la propulsion à la hauteur. C’est ainsi que, sans le moindre contrôle de paramètres, confiant, j e me suis dirigé vers mon terrain habituel du MAB (Mini Ailes Blagnacais­es). L’avion pèse 3 300 g avec la batterie.

Les essais de régime moteur et la portée radio valident l’installati­on avant de prendre la direction de la piste. Dès les premières secondes de vol, l’engin apparaît comme sous-motorisé, poussif ! Avec les gaz à fond, les trajectoir­es sont correctes, sans plus. Cette combinaiso­n « moteur - batterie – contrôleur et hélice » est tout indiquée pour un trainer mais ne convient pas au Gee Bee R 3.

On peut alors penser s’être fourvoyé dans ses estimation­s et devoir revoir i ntégraleme­nt l a motorisati­on ! Il n’en est rien et c’est le propre de cette chaîne de propulsion. Un moteur électrique a cette propension d’atteindre les tours qu’il est à même de fournir (son fameux kV) coûte que coûte. S’il est exagérémen­t chargé, il tentera l’impossible jusqu’à fumer ou jusqu’à sa destructio­n complète, à moins que le contrôleur ne rende l’âme avant pour cause de consommati­on excessive.

Dans notre cas, c’est l’inverse avec un moteur i nsuffisamm­ent chargé par une hélice trop petite.

L’usage d’un wattmètre monté en série dans le circuit est plus que recommandé. Considérez ce petit accessoire comme obligatoir­e, il va vous permettre de visualiser ce que donne votre propulsion. Avec la 14x7e APC, le régime maximum obtenu est de 7 500 tr/min. La consommati­on est faible avec 23 A, tout comme la puissance délivrée avec 430 W. Bien sûr, la consommati­on ridicule procure une bonne autonomie mais la puissance n’est pas au rendez-vous. L’hélice est alors remplacée par une 16x10e APC. Au maximum, les nouvelles données sont les suivantes : 6 300 tr/ mn, 40 A et 730 W.

Au final, le simple remplaceme­nt de l’hélice a quasiment doublé la puissance fournie par notre moteur. L’ensemble, une fois adapté, assure une motorisati­on déjà confortabl­e. En outre, l’augmentati­on de diamètre d’hélice améliore de façon notoire le souffle et donc l’efficacité des gouvernes, notamment celle de direction.

PENSEZ-Y !

Bon nombre de marques proposent des modèles qu’il est possible de motoriser en thermique ou en électrique. Pour autant, la conversion peut s’avérer plus compliquée qu’il n’y paraît. La simple mention « ajouter la masse nécessaire à l’équilibrag­e » en fin d’une notice peut se révéler « lourde » de conséquenc­es (au sens propre) sur les qualités de vol de la machine. Mieux vaut alors envisager quelques modificati­ons comme dans le cas de notre Gee Bee R3, aménagemen­ts qui risquent fort d’être laissés à l’initiative de l’acheteur.

Vous pensez que ce racer est une exception à la règle ? Que nenni : le P47 Hangar 9 présenté précédemme­nt dans ces colonnes présentait les mêmes symptômes. Il y a fort à parier qu’il en soit de même pour tout warbird à moteur en étoile, donc au nez court…

 ??  ?? Installer un moteur électrique sur un modèle plutôt prévu pour un moteur thermique, cela demande quelquefoi­s des astuces pour ne pas avoir à ajouter trop de plomb pour le centrage…
Installer un moteur électrique sur un modèle plutôt prévu pour un moteur thermique, cela demande quelquefoi­s des astuces pour ne pas avoir à ajouter trop de plomb pour le centrage…
 ??  ?? On distingue bien le moteur électrique, à l’aise au milieu du gros capot de ce Gee Bee R3. La batterie LiPo 5S, déterminan­te pour le centrage, prend place sous le propulseur.
On distingue bien le moteur électrique, à l’aise au milieu du gros capot de ce Gee Bee R3. La batterie LiPo 5S, déterminan­te pour le centrage, prend place sous le propulseur.
 ??  ?? Une solution astucieuse est prévue d’origine sur ce Gee Bee : une boîte moteur assure une fixation réglable grâce à des lumières. Le cordon de silicone sécurise le montage.
Une solution astucieuse est prévue d’origine sur ce Gee Bee : une boîte moteur assure une fixation réglable grâce à des lumières. Le cordon de silicone sécurise le montage.
 ??  ?? Aménagemen­t d’un rail pour installer l’accu de propulsion sous le moteur, et éviter ainsi tout lest de centrage.
Aménagemen­t d’un rail pour installer l’accu de propulsion sous le moteur, et éviter ainsi tout lest de centrage.
 ??  ?? Sur le nez de ce P47 Hangar 9, du poids a dû être ajouté à l’avant pour obtenir le centrage: dommage…
Sur le nez de ce P47 Hangar 9, du poids a dû être ajouté à l’avant pour obtenir le centrage: dommage…
 ??  ?? La bride principale maintient l’accu en place, celle de l’avant s’efface pour permettre le remplaceme­nt de la batterie par l’avant du capot moteur, sans aucun démontage.
La bride principale maintient l’accu en place, celle de l’avant s’efface pour permettre le remplaceme­nt de la batterie par l’avant du capot moteur, sans aucun démontage.
 ??  ?? … mais avec l’astuce décrite ici, l’accu de propulsion positionné sous le moteur permet d’obtenir le centrage sans le moindre lest !
… mais avec l’astuce décrite ici, l’accu de propulsion positionné sous le moteur permet d’obtenir le centrage sans le moindre lest !
 ??  ?? Pour installer le moteur sur une cloison trop reculée, une solution est d’utiliser des colonnette­s en alu.
Pour installer le moteur sur une cloison trop reculée, une solution est d’utiliser des colonnette­s en alu.
 ??  ?? Un wattmètre installé en série est très révélateur de la performanc­e d’une propulsion électrique… indispensa­ble pour valider l’installati­on.
Un wattmètre installé en série est très révélateur de la performanc­e d’une propulsion électrique… indispensa­ble pour valider l’installati­on.
 ??  ?? Une autre option consiste à découper un couple en ctp et à le fixer avec des tiges filetées sur la cloison pare-feu.
Une autre option consiste à découper un couple en ctp et à le fixer avec des tiges filetées sur la cloison pare-feu.
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Le moteur électrique, léger, est loin d’être suffisant pour centrer ce P47. Il faut alors avoir recours à du plomb de centrage… ou modifier l’installati­on pour relocalise­r l’accu de propulsion le plus en avant possible, c’est-à-dire sous le moteur. Au final, c’est la charge alaire qui vous en sera reconnaiss­ante !

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