Modele Magazine

OPTIMUS F3J CN-MODELS MÉDIUM DE Un planeur ambitieux

L’Optimus est un modèle qui aimerait se faire une place dans le monde des planeurs de compétitio­n. L’équipe ukrainienn­e volait avec cette monture au championna­t d’Europe 2017 dans la catégorie dédiée à la durée, ce qui laisse augurer de son haut niveau de

- Texte : Christophe Rocourt Photos : Denis Wittner

L’ayant vu très bien piloté par son distribute­ur dans quelques concours, j’avais été agréableme­nt surpris par les capacités du modèle. Il faut avant tout savoir que le concepteur de l’Optimus officiait à une époque pour Vladimir Models, le fabricant du Supra et Maxa (dis- tribués par Airtech). Ce type de carte de visite inspire confiance et rassure le futur propriétai­re sur la qualité du produit. C’est ainsi que notre nouveau venu reprend une partie de son cousin Maxa de première génération pour le fuselage et les empennages. Puisqu’il s’en inspire, l’essai fera évidemment certains parallèles avec ce cousin

proche, car leurs tarifs ne sont pas très éloignés.

Ses proportion­s le positionne­nt dans la gamme des grands voiliers, car proche des 4 m. C’est la version F3J médium, située entre le SL et le hard, qui a été retenue. Muni d’une soute à lest, il sera utilisable dans la majorité des conditions aérologiqu­es. Que ce soit au treuil électrique (auquel il est principale­ment destiné) ou avec un sandow, toutes les options de mise en altitude lui conviennen­t. Ainsi, de l’internatio­nale catégorie F3J en passant par la catégorie nationale FF2000, ou simplement en l oisir pour s’offrir une belle machine, ce planeur méconnu chez nous devra faire ses preuves sur le terrain.

Le grand carton dans lequel arrive l e planeur est correcteme­nt renforcé pour résister aux aléas du transport. Les pièces, au nombre de sept, sont rapide- ment déballées. À la commande, chacun pourra sélectionn­er une décoration dans le panel proposé par le fabricant.

UN KIT DE TRÈS BONNE FACTURE

Le fuselage est en deux parties. L’avant, moulé en kevlar pour faciliter la réception de la radio, est chargé de supporter le panneau central de la voilure. Le passage de la prise de connexion est réalisé et deux filetages sont intégrés dans l’assise. Un renfort en tissu de carbone est présent sous le pylône, jusqu’au manchon d’accoupleme­nt avec la poutre. La soute à lest ronde de 15 mm de section est aussi en place. Le compartime­nt réception est fermé par une verrière moulée, maintenue sur son assise par une lèvre venant se clipser sur sa périphérie. C’est la même que celle que l’on trouve sur le Supra, Maxa ou Ava de chez Vladimir Models. L’arrière du fuselage est formé d’une poutre en carbone sur laquelle la dérive fixe est déjà positionné­e. L’âme de dérive reçoit un palier d’articulati­on pour le volet mobile. Les gaines de commandes de profondeur et de direction sont installées, et des joncs en carbone de 2 mm de section y coulissent. Sur la direction, la commande est livrée avec sa chape côté gouverne. Pour la profondeur, tout est déjà monté sur le renvoi pendulaire, lui-même articulé sur un axe en aluminium de 8 mm. Une biellette équipée d’une rotule assure la commande d’incidence de la profondeur.

Les ailes sont parfaiteme­nt moulées en tissu de carbone unidirecti­onnel, a priori en deux couches croisées. C’est ce qui se pratique aujourd’hui sur les meilleures machines de performanc­e. L’état de surface est d’un brillant éclatant, c’est magnifique mais c’est aussi le signe d’une surcharge en résine, pas nécessaire­ment souhaitabl­e en termes de poids. Le plan central possède un premier dièdre de 2,3°, dixit le plan 3 vues. Une empreinte centrale moulée en relief épouse parfaiteme­nt l’assise du fuselage et comporte la prise de connexion à 9 broches avec les fils tirés dans le profil. Les puits de servos sont ouverts et reçoivent sur leur pourtour une empreinte en retrait pour y poser les trappes de fermeture. Leur largeur est réduite avec 37 mm, et y entrer des cadres de support de servos ne sera pas chose aisée.

Les volets de courbure, tout comme les ailerons, sont articulés par un tissu d’arrachage à l’intrados. Les fentes d’articulati­on sont rendues étanches par un quartde-rond moulé. Les emplanture­s du panneau central sont équipées des tétons d’incidence en tubes de carbone. C’est à cet endroit que prend naissance le second dièdre, donné par la clé carrée en carbone qui unit les panneaux d’extrémité. Les guignols en laiton sont posés dans l’épaisseur des gouvernes, au plus près de l’axe d’articulati­on. Sur les parties externes, les saumons se terminent avec une pointe relevée du plus bel effet. À noter que l’extrémité de l’aileron côté saumon possède une corde assez faible, qui limitera la traînée en bout d’aile.

Les empennages sont construits en structure de balsa chapeautée de carbone et renforcé par un Dbox pour le stabilisat­eur : ils sont ainsi rigides et légers. Le bord d’attaque du volet de direction fait appel à un demitube en carbone. À son pied, un filetage et une vis assurent le pivot du bas de la gouverne, tandis que le haut est articulé sur une broche en CAP intégrée au plan fixe. Le stabilisat­eur (en deux parties) est identique à ceux de la première version des Maxas. L’articulati­on des gouvernes est réalisée par une clé ronde de 5 mm en jonc de carbone, et le téton d’incidence qui traverse la rotule de commande fait appel à un tube en carbone de 3 mm de section. L’avant du stabilisat­eur vient recouvrir le B.A. de la dérive, relié à ce niveau par un téton de calage.

Même si ce n’est pas irréversib­le, une partie de l’accastilla­ge manque de cohérence avec la qualité du planeur et paraît peu en rapport avec le tarif. Certes, le matériel fourni permet de monter le modèle, mais il n’est pas à la hauteur de la concurrenc­e. Par exemple, les trappes chargées de fermer les puits de servos d’ailes sont de simples rectangles en ABS transparen­t, dont les bords saillants laissent penser à une découpe au massicot. Ça pourrait faire l’affaire si leur largeur épousait celle des assises des puits, mais leur surépaisse­ur n’est pas en rapport avec le travail de moulage du fabricant. Je serai amené à puiser dans mes réserves pour les remplacer. Autre point, les rallonges de connexions entre le récepteur et les ailes sont déjà soudées sur la prise 9 broches, mais les prises vers le récepteur ne sont pas repérées. Une soudure à refaire sur un fil côté prise a aussi permis de constater que la qualité des conducteur­s semi-rigides est moyenne, avec trop peu de brins pour passer l’intensité. De plus, l’acquéreur qui voudra mettre son récepteur dans le nez du fuselage aura une dizaine de centimètre­s à ajouter à ces rallonges, dommage.

Les clés d’ailes sont moulées en carbone sur une âme en mousse, suffisamme­nt solides tout en restant légères. Elles donnent le second dièdre de 6° mais, attention, elles ont un sens de montage malgré le fait qu’elles entrent dans les fourreaux quel que soit le côté où on les présente. Montées dans le mauvais sens, les emplanture­s entre le panneau central et les panneaux externes ne seront pas correcteme­nt en contact. Une de mes clés est également plus longue de 7 mm d’un côté, heureuseme­nt, c’est sans incidence.

La platine de réception en CTP de 3 mm s’ajuste bien à l’intérieur du fuselage. Les commandes des volets et des ailerons sont en acier de 2 mm filetées aux extrémités, et leurs chapes sont de qualité. Deux chapes supplément­aires M 2,5 mm sont même prévues pour les commandes d’empennage, le fabricant ayant sans doute prévu un collage directemen­t sur le jonc de carbone. Deux vis en acier pour la fixation des ailes et un guignol de direction en époxy terminent l’inventaire. Pour découvrir un triptyque et les valeurs de réglages, il faudra se rendre sur le site Internet du fabricant.

Le set de servos HV recommandé par le distribute­ur sera retenu, ainsi que le lest en option (composé de cinq tronçons de 80 g et de 15 mm de diamètre sur une CAP de 3 mm).

À MONTER SOIGNEUSEM­ENT

Lorsque toute la réception est réunie, le temps de travail demande un gros week-end. Comme dans bien des cas, un montage à blanc s’avère nécessaire pour s’imprégner du travail à effectuer et porter une attention aux points qui pourraient avoir une incidence sur les qualités de vol.

Lors de l’ assemblage de l a poutre sur l a partie avant du fuselage, on constate qu’elle entre sans forcer sur le manchon. J’ai donc créé une légère surépaisse­ur faite de spires de fils de couture, sur laquelle on pose de la cyano fluide avant d’effectuer un ponçage. Cela permet d’emprisonne­r l a colle époxy entre l es spires et d’assurer l a fiabilité du maintien. Évidemment, la partie centrale de la voilure et le stabilisat­eur seront en place pour s’assurer du parfait alignement pendant le séchage. Grâce à l’empreinte moulée à l’intrados, la jonction aile/fuselage est d’une grande précision.

La platine servos sera posée

assez en avant pour limiter au maximum le lest à ajouter, tout en laissant suffisamme­nt de place pour entrer et sortir l’accu de réception. Son positionne­ment assez bas dans la cellule permet de monter les servos couchés, laissant ainsi le passage du lest vers la soute. La commande de direction sera mise à la bonne longueur après le montage du volet sur son axe d’articulati­on. Celle de profondeur exige de caler le volet avec le B.A. à 78 mm audessus de la poutre, ce qui donne un V longitudin­al cohérent de 1,5°. Le triptyque du fabricant annonce 87 mm, sans doute une inversion des chiffres puisque la profondeur serait ainsi en butée à piquer. Les chapes de 2,5 mm à coller en bout des commandes seront remplacées par des modèles de 2 mm vissés sur un embout de chape filetée. Cela permet d’affiner mécaniquem­ent la longueur si besoin.

J’aurais aimé pouvoir monter des cadres de commande IDS dans les puits de servos des ailes. Quand on y a goûté, difficile de revenir en arrière tant la précision accrue et l’absence de jeu procurée sont appréciabl­es. Malheureus­ement, l’entrée trop étroite et la largeur intérieure n’autorisent pas cette option. Le travail est en théorie limité puisqu’il suffit de poser les servos, mais cela requiert de la précision. Les boîtiers utilisés devront être de type plat avec 10 mm d’épaisseur. Les commandes équipées de leurs chapes acier seront montées sur les guignols dont l’axe est au plus près de l’articulati­on, ce qui nécessite d’avoir des palonniers de servos très courts. Mais même ainsi, ceux d’ailerons dépassent légèrement du profil et il faudra tout de même beaucoup réduire la course via l’émetteur. Deux jeux de commandes sont fournis, le plus long sert pour les volets et le plus court pour les ailerons. Le positionne­ment des servos et de leur palonnier respectif demandera de la rigueur car la largeur est comptée. Les boîtiers de servos seront maintenus vissés sur des cadres en CTP collés contre la peau d’extrados, c’est serré mais ça rentre. Les trappes de servos de kit seront remplacées par une version à bossage côté ailerons, afin de laisser le passage au palonnier.

RÉCEPTION ET FINITION

La réception a été confiée à un accu deux éléments Li-Ion de 2 300 Mah de marque Emcotec. Les éléments sont soudés en tandem de façon à pouvoir avancer le pack le plus possible dans le nez. Il faudra ajouter 85 g de plomb pour obtenir un centrage au milieu de la fourchette préconisée, soit à 115 mm du B.A.

Le récepteur 8 voies, un Graupner SMC 16 SCAN, sera fixé sur une platine ajoutée derrière celle supportant les servos, pour ne pas avoir à rallonger les connexions. Il reste ainsi facilement accessible et les antennes seront positionné­es vers l’extérieur à 90°. Les servos de profondeur et direction sont des Blue Bird A207 HV, fixés à plat et maintenus par une bride en époxy entre des tasseaux en CTP collés. Les volets et ailerons reçoivent des BMS-A56V HV de la même marque et des BMS-A54H HV commandent les ailerons. Reste à confection­ner une cale en CTP comportant les angles donnés par le concepteur, pour régler les différente­s courbures utilisées avec les phases de vol. Il s’agit d’un accessoire presque indispensa­ble qui devrait être livré dans un kit à ce tarif. Sur les volets de courbure, la première position indiquée est à -10° pour le treuillage, et la suivante de -1° pour la transition rapide. Une troisième sera de + 1,3° pour le vol de croisière (donc aligné sur les parties fixes entre le centre de la voilure et les saumons), et la dernière à + 4°, soit le maximum indiqué pour la position thermique.

CONCLUSION

On sent bien l’inspiratio­n de Vladimir Models dans cet Optimus, avec une très belle réalisatio­n de moulage. La machine est proprement fabriquée et fait appel à des techniques éprouvées, mais dommage que certains détails pèchent par leur incohérenc­e vis-à-vis du tarif affiché.

Pour le vol, c’est du bonheur et on finira par oublier ces quelques désagrémen­ts. L’Optimus reste une machine facile, et l aissera à chacun l e temps d’affiner l es réglages à sa main. Il comblera les pilotes exigeants et il supportera les montées au treuil électrique sans souci. Espérons que le fabricant fera le nécessaire sur les modèles à venir concernant la taille des puits de servos, où il serait souhaitabl­e de pouvoir entrer des cadres IDS tellement confortabl­es pour ce type de machine.

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 ??  ?? Distribué par Jérem-Aéro, l’Optimus de Cn-Models est un planeur tout carbone de 3,85 m d’envergure, qui aspire à conquérir les premières places en F3J. Largement inspiré par les meilleures machines de la catégorie, il semble réunir beaucoup d’atouts pour tenir son pari.
Distribué par Jérem-Aéro, l’Optimus de Cn-Models est un planeur tout carbone de 3,85 m d’envergure, qui aspire à conquérir les premières places en F3J. Largement inspiré par les meilleures machines de la catégorie, il semble réunir beaucoup d’atouts pour tenir son pari.
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On se sent tout petit à côté de ce grand voilier de presque 4 m.
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L’important débattemen­t des volets vers le bas procure une redoutable efficacité aux freins. La cible sera visée avec une grande précision.

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