Un championnat très disputé
Pour ceux qui ne connaissent pas la discipline F3J, il s’agit de l’une des trois catégories du vol de durée pure (sans propulsion embarquée) qui existe au sein de la fédération, les deux autres étant le F3K (lancé main) et la formule nationale FF 2000.
Le F3J est né il y a environ vingt-cinq ans, pour devenir rapidement une épreuve de niveau international. Mais nul besoin de posséder du matériel haut de gamme pour participer ! En effet, la majorité des planeurs moulés du commerce, et même ceux en structure renforcée, peuvent être utilisés lors des rencontres, pour peu que l’on régule la traction pendant le treuillage. Ces dernières années, devant la perte d’engouement que connaissent les catégories qui prennent de l’âge, les respon-
sables au niveau international ont commencé à modifier le règlement. L’objectif était d’insuffler un peu d’air frais à ce sport emblématique du vol à voile radiocommandé. Ainsi, dans les rencontres internationales, le treuillage électrique est aujourd’hui autorisé en remplacement du treuillage à la course, où il fallait avoir un à deux solides gaillards pour mettre le planeur dans son élément. De la même façon, la chasse au poids à l’extrême vient d’être bannie et les machines ne devront pas descendre sous les 20 g/dm2. Cela limite l’usure prématurée de la structure, et du même coup le tarif, avec une fourchette de prix s’échelonnant entre 1 000 à 1 900 euros pour un F3J hors options, en fonction des fabricants, des matériaux employés, et de la finition.
Le but de cette discipline pour planeurs non motorisés dédiés au vol de durée pure est d’effectuer le vol le plus long d’un même groupe de pilotes, dans un temps de travail de 10 minutes. Avant le signal de la fin de ce temps de travail, le planeur devra être posé dans une cible de 15 mètres de rayon, matérialisée au sol.
Cela semble simple, mais réussir à allier l’ensemble sans fausse note demande de l’entraînement et de la rigueur dans les réglages. Il faut aussi conjuguer une bonne connaissance de l’aérologie à une concentration et des nerfs solides pour résister à la pression des concurrents. Pourtant, le plaisir est présent dès les premiers vols pour les nouveaux initiés : même les juniors adorent, ils nous l’ont prouvé lors de ce championnat très disputé.
UN CHAMPIONNAT BIEN PRÉPARÉ
Il s’est déroulé sur le sympathique terrain du GAM, situé à Joigny (89), en bordure de l’Yonne. Entouré de bois et de collines, ce décor digne d’une image de carte postale a reçu les vingt-quatre concurrents (dix-neuf seniors et cinq juniors) venus en découdre pendant deux jours. Le niveau du plateau était relevé, puisque les membres de l’équipe de France fraîchement revenus du championnat du monde étaient présents. Cependant, le reste des pilotes, tous talentueux, comptaient bien ne pas se laisser faire et défendront leur chance pendant ce championnat.
Les infrastructures étaient composées des traditionnels barnums pour les officiels et la régie informatique, ainsi que pour la prise des repas, et aussi, en cas de besoin, pour abriter les machines. Côté sportif, des panneaux de chronométrage à led gérés par informatique permettaient aux compétiteurs de voir le décompte du temps de travail depuis l’autre bout du terrain. Les groupes de vol étaient constitués de cinq pilotes qui étaient mélangés sur chaque manche, afin de tous se rencontrer pendant le championnat. Seuls les cinq juniors ont volé entre eux, pour se départager pendant les neuf manches du week-end.
Six manches sur les neuf seront effectuées le samedi, où les résultats très serrés pointeront les trois membres de l’équipe de France en tête. Les trois manches restantes seront volées le dimanche matin, en gardant l’après-midi pour les vols de FlyOff qui verront des résultats bien différents.
UNE MÉTÉO IDYLLIQUE
Ce premier week-end de septembre bénéficiait d’une météo estivale, avec 25° et un vent de 0 à 3 m/s. Allié aux contrastes géographiques du site, cela a permis d’observer le déclenchement de nombreuses pompes, permettant souvent de faire le plein pendant les vols.
Les résultats en F3J dépendent en partie du temps gagné ou perdu pendant le treuillage, puisque chaque seconde compte. Des points importants sont également à prendre à la cible, où le sol ferme accueillait les modèles avec plus ou moins de réussite au terme du vol. Les juniors étaient coachés par leurs ainés, et être épaulés par des pilotes chevronnés constitue une aide précieuse à leur perfectionnement. Ces jeunes seront une relève efficace à la vue des performances qu’ils ont démontrées sur l’ensemble des vols.
À l’issue des neuf manches, dont la plus mauvaise sera soustraite, la compétition F3J possède un Fly-Off. C’est un concours dans le concours qui relance et départage les meilleurs pilotes pour le podium. Les six premiers vont donc se rencontrer sur trois manches de 15 minutes qui s’enchaînent après un nouveau temps de préparation. Tout le travail fait lors des neuf manches leur aura permis d’entrer dans cette sélection. Ici, l’erreur n’est plus permise.
Pourtant, certaines ont coûté très cher, comme un poser hors temps de travail avec pénalité à la clé, ou un planeur qui glisse trop et s’arrête dans les pieds avec un zéro à la cible. Le plus malheureux sera celui qui, perdant son planeur de vue, pilote celui d’un concurrent en croyant qu’il s’agit du sien, pour finir avec une machine égarée en pleine Bourgogne. C’est la dure loi du sport, associée à la fatigue de deux jours de compétition et additionnée de beaucoup de malchance.
Le plateau des machines regroupait les modèles de trois constructeurs biens connus des compétiteurs hexagonaux. Beaucoup de Pike de plusieurs générations, du Perfect au Dynamique, en passant par le Perfection de chez Samba Models. Les fabricants Vladimir Models et NAN (exclusivement distribués en France par Airtech), étaient représentés par des Supra, Maxa et XPlorer 2 et 3, ainsi que des Shadow. Voilà ce qui représente la panoplie de nos compétiteurs.
UN TITRE MÉRITÉ ET DES JUNIORS À L’HONNEUR
Les juniors étant présents en nombre tout au long de cette compétition, un titre de champion de France junior sera même décerné. De nombreux l ots l eur étaient également réservés lors de la proclamation des résultats. Quant au champion de France 2018, Ivan Moquereau, il est membre de l’équipe de France et mérite amplement son titre avec un parcours sans faute : il totalise 2 998 points sur 3 000 possibles au FlyOff. Son dauphin, Jean-Michel Bombar, n’a pas démérité, malgré des cibles à améliorer pour monter encore son niveau de compétitivité. Le troisième n’est autre que notre champion d’Europe junior 2016 qui, malgré sa cible manquée au second vol, s’en sort plutôt bien.
UNE CONCLUSION SATISFAISANTE
Ce championnat a été parfaitement réalisé par Daniel Rabian (président du GAM) et son équipe dynamique. À l’issue de ces deux journées au niveau relevé, les résultats font des heureux et des déçus, mais il faut regarder vers l’avenir pour que les juniors puissent perpétuer la discipline. Les deux catégories de planeurs de durée pure que sont le F3J et le FF2000 ont une cause commune, des planeurs identiques pour beaucoup et un règlement qui se ressemble dans les grandes lignes. Bref, tous les ingrédients pour permettre un jour un rapprochement…
Le bilan est positif, il suffit de regarder les jeunes pour s’apercevoir qu’ils prennent un plaisir immense, guidés par leurs aînés. Et à tous ceux qui possèdent un planeur tout moulé à l’atelier et qui volent dans leur coin, je leur dis : « Venez essayer ! ». Pour les intervenants qui font vivre le F3J en France depuis plus de vingt ans, à travers des stages, des séminaires, et les entraînements, il faut continuer à oeuvrer. Le vol libre a survécu aux décennies, il n’y a aucune raison que nos planeurs sans moteur n’y parviennent pas.