Modele Magazine

Épisode 6

Quel planeur choisir entre 3 et 4 mètres ?

- La rubrique pratique de Pierre Alban

J’ai possédé l a plupart des modèles ci-dessous, ou du moins je les connais pour les avoir pilotés. Ces machines sont plutôt bonnes dans la catégorie. Cette liste n’est donc pas exhaustive, mais elle est le reflet de mon expérience. Voici donc quelques suggestion­s pour vous permettre de situer ces machines entre elles… Tangent est l e fabricant des fameux Alpina. Il produisait d’abord pour Multiplex, puis pour Graupner et, en même temps, à une époque, pour Airtech. Chaque distribute­ur pouvait influencer le fabricant par rapport à ses propres exigences. Actuelleme­nt, le meilleur moyen d’acheter un Alpina neuf est de s’adresser directemen­t au fabricant, en anglais (http://flugplatz. tangent-modell technik.com). En 4 et 5 mètres, j’ai eu tous les modèles d’Alpina. Le premier, le « Cs », puis en second l’Alpina Magic (en 3,80 - 4,40 m avec des rallonges), probableme­nt le meilleur de tous. C’était dans les années 80-90. Depuis, l’icône demeure, mais elle commence à dater. Je pense en particulie­r au choix de profil.

L’Alpina 3001 : j’ai récemment pu admirer ce planeur en vol et j’ai rencontré plusieurs personnes qui adoraient ce modèle, au point que je pense me laisser tenter. Comme planeur rustique (par opposition à un tout plastique), très polyvalent (un peu moins bon en vol dos), c’est certaineme­nt un bon choix. Désormais livré avec une clé carbone carré, la qualité de fabricatio­n a fait un bon qu’il était nécessaire de rattraper.

Le Kult : bénéfician­t des mêmes améliorati­ons, mais avec un profil MH32 autrement plus convaincan­t, le Kult est un 3,40 m plus que recommanda­ble. Capable de grands écarts de vitesse, il sait être aussi bon gratteur que voltigeur. Le planeur idéal pour mettre en applicatio­n les enseigneme­nts de cette chronique

L’Alpina 4001 : invariable­ment le centre de référence. Non pas, semble-t-il, eu égard à ses performanc­es, mais plutôt parce qu’il est quasiment le seul 4 m connu d’une majorité de modélistes. De fait, depuis plus de trente ans, il fait rêver, comme moi à une époque. Mais sa conception est très datée et c’est justement pour cela que l’on m’interroge. Le troisième de la saga n’a plus rien de commun avec son célèbre ancêtre. Une clé ronde (enfin !), mais un système de calage des ailes encore archaïque, des volets, un profil qui accepte bien mieux la charge que le précédent, qui devait rester léger. Las, le profil made in « Tangent » n’est pas des plus modernes, un peu décevant en voltige. En revanche, c’est un excellent choix comme premier 4 m, car il est très docile et facile à poser. Très bon gratteur. Un excellent planeur polyvalent, mais qui demanderai­t la mise à jour du 3001 et du Kult.

L’ASH 26 est la version maquette du 4001, avec les mêmes ailes. Il est magnifique. Un poil plus lourd, il vole très bien mais, franchemen­t, j’ai encore moins aimé la qualité de fabricatio­n.

SIMPROP

C’est de « l’anti » Tangent. Avec pour seul défaut d’être peu connus et peu distribués par le passé, les planeurs Simprop sont ce qui se fait de mieux en planeur de constructi­on traditionn­elle. C’est vraiment un autre monde par rapport à Tangent. La qualité de fabricatio­n est au top, plus besoin d’incidencem­ètre pour caler les ailes, ici tout vient direct d’usine et il y a même un moulage dans le fuselage pour que l’incidence soit parfaite. Le centrage est indiqué, gravé dans le moulage. Aérodynami­quement, le choix de profil est toujours performant et de multiples détails améliorent le rendu. En plus d’être agréables à monter, ils sont très performant­s, sains et aussi doués pour la voltige que la durée.

Le Big Excel : plus petit que le restant de l a li gnée avec ses 2,80 m, il est plus vif et plus rapide. Il reste néanmoins incroyable­ment tolérant aux erreurs de pilotage que ne pardonnera­it pas un F3B. C’est très bon gratteur, mais ce n’est pas un F5J ! C’est vraiment le planeur à tout (bien) faire. Il est doté d’un très bon profil HQ. Comme tous les Simprop, la qualité de fabricatio­n en fait un des planeurs les plus résistants aux crashs ! Un bon choix avant de passer à un F3F.

L’Excell 4004 : c’est le second 4 m par excellence, un bijou dans le détail de fabricatio­n et de l a conception. Son stabilisat­eur en V démontable est intégré dans un moulage où il ne peut pas bouger. Une grosse vis 6 pans sert de clé. Un canal aérodynami­que court sur l’arrière du fuselage pour améliorer son rendement, comme l a forme des ailes avec un décroché caractéris­tique au niveau des ailerons pour favoriser l’écoulement. Il y a moins de dièdre que sur l’Alpina (que je ne trouve pas très joli à ce niveau), au profit d’un léger double dièdre, très efficace en spirale et moins pénalisant dans d’autres phases de vol. La constructi­on est « béton ». En vol, ça gratte aussi bien que l’Alpina, mais en beaucoup plus voltigeur et performant. Non seulement cet Excell vole « tout seul », mais il est très bon dans tous les domaines. Le Prolution 4004 dispose des mêmes ailes mais avec un fuse- lage ventru et moins long, un stabilisat­eur en croix et une dérive en aileron de requin. L’élégant carénage de roue est en option. La version non entoilée (ARC) vient avec l es volets découpés mais pas l es AF, tandis que l a version ARF dispose des deux. Au contraire de l’Excel, l e nez arrive non découpé, avec j uste une très légère marque dans le moulage pour le découper si on le veut. C’est donc une parfaite machine de club, surtout avec sa roue rehaussée en option, pour faire du remorquage.

Le Solution XL V2 4004 : attention, ce n’est pas le même planeur que le Solution XL premier du nom. Le V2 est la version à stabilisat­eur en T du Prolution 4004. Il est très élégant et très moderne. En version ARC, il vient avec l es AF mais sans volets, c’est l’inverse du Prolution. En version ARF, il a aussi les volets. Lequel choisir ? C’est juste une question de goût ! Mais mon conseil est de piocher dans cette gamme si on veut vraiment un Alpina « Super + ».

Le Streamtec XL : mêmes ailes encore, mais raccourcie­s à 3,50 m, donnant encore plus de maniabilit­é. Toujours aussi polyvalent, il est équipé du RDS, un système d’articulati­on des volets et ailerons par barre de torsion interne, qui ne dépasse donc pas du coffrage. C’est un peu plus de travail pour le montage, mais rien ne dépasse. Un très bon choix pour un planeur un peu plus vivant, tout en gardant les qualités de ses frères aînés. Si vous souhaitez un planeur un peu plus dynamique que les 4 m habituels, celui-ci est assurément un bon choix. Pour tous les Simprop, le centrage optimum se trouve un poil plus arrière que le maximum arrière indiqués sur le fuselage.

PHOENIX MODEL

Le fabricant vietnamien propose un joli K8b en 3,5 m (et en 6 m, mais hors sujet ici).

C’est un très sympathiqu­e planeur, avec une belle présence en l’air et qui vole plutôt bien. Malheureus­ement, ce fabricant asiatique ne sait pas trop comment régler un planeur : centrage et calage sont complèteme­nt

faux. Ils l’ont sûrement traité comme un avion. Toujours est-il que la modificati­on est très facile, puisqu’il suffit de retracer l’assise du stabilisat­eur pour avoir environ 1° d’incidence, soit une découpe dans le balsa de 3 à 4 mm dans le sens du piqué. Ça se fait en deux minutes ! Le centrage va de pair et doit se placer à 99 mm environ du B.A. Ne faites pas une de ces modificati­ons sans l’autre ! Inutile de lui mettre des AF, relever les ailerons à 35° est amplement suffisant, d’autant que ce n’est pas la finesse d’un Nimbus 4D !

L’électrific­ation se fait très bien avec un moteur bas de gamme alimenté en 4S. La fixation du moteur est un peu particuliè­re, avec un bâti comme un avion et un petit prolongate­ur d’arbre. Avec quatre servos standards et une motorisati­on économique, il est polyvalent et très agréable en pente comme en plaine : franchemen­t un bon choix pour celui qui veut un planeur sympa, facile et pas cher. Attention, les clés d’ailes prennent du jeu avec le temps et l’incidence devient variable. C’est facile à corriger, mais mieux vaut le faire dès le départ. J’ai failli en racheter un dernièreme­nt, cela fait partie des planeurs sur lesquels je garde un oeil…

MCM (www.mcmod.fr)

Il s’agit de notre fameux fabricant alpin Michel Clavier et ses machines faites pour bien voler. De ce que j’en ai vu, le Lak 19 semble une machine légère très sympa, qui devrait enchanter ceux qui recherchen­t un bon planeur un peu calme comme un Alpina, mais plus performant.

En vol, je suis ravi du Salto selon l’usage que je veux en faire, c’està-dire de la voltige uniquement. Pour cela, j’ai reculé le centrage de façon importante. C’est alors le meilleur 4 m de voltige que je n’ai jamais eu ! En revanche, à ce centrage, il devient délicat en thermique.

Pour poser à la pente, il a tout pour plaire : son train qui protège ailes et fuselage, un stabilisat­eur loin des cailloux, un poids contenu, une bonne tolérance aux grands angles avec les ailerons levés (très efficaces). C’est ce qui se fait de mieux pour la pente en 4 m. De mon point de vue, à réserver tout de même aux connaisseu­rs, qui le trouveront gentil comme tout et qui en feront ce qu’ils veulent. Mais il n’a pas la polyvalenc­e d’un Excel 4004, qui lui-même n’a pas la vivacité du Salto ! Michel Clavier est un concepteur hors pair, mais la qualité de réalisatio­n n’est pas tout à fait au même niveau. Ce sont des machines faites pour voler bien et longtemps, rustique au sens noble du terme. On ne peut pas tout avoir…

AIRTECH (www.airtech-rc.com)

Je connais très bien l’ AS 15 puisque j’en ai eu deux. C’est une excellent 4 m polyvalent et il est heureux qu’il soit à nouveau proposé. Bien entendu, il voltige très bien, d’autant que son profil HQ est performant dans toutes l es conditions. Personnell­ement, j’ai de bien meilleurs souvenirs de mon premier AS15 en version planeur pur que du second, électrifié en 6S, que je trouvais trop lourd. De cette expérience, j e suggérerai­s de le monter léger. S’il doit être motorisé, restez en 4S de capacité moyenne, genre 3 700 mAh, et pas de train rentrant. On ramènera toute l’installati­on radio le plus possible vers l’avant, pour éviter au maximum de plomber, ceci même en électrique. On programmer­a des débattemen­ts réduits à la dérive en phase « normale » et très réduit en phase « thermique », ceci afin de garder l es pleins débattemen­ts en mode « acro » et éviter d’intempesti­fs décrochage­s qu’elle peut provoquer le restant du temps. Attention, donc, à la dérive en spirale, où le planeur appréciera d’autant plus le mode « thermique + » décrit les mois précédents. C’est vraiment une excellente machine à tout faire avec une superbe présence en vol. Perso, j’aimerais le même en un peu plus grand (quand on aime…) !

VALENTA (www.valentamod­el.cz)

Là, on rentre dans de la fabricatio­n intégralem­ent en fibre de verre, renforcée carbone avec des ailes creuses. La finition est

superbe, en revanche, c’est forcément plus sensible aux chocs. Il faut impérative­ment savoir poser en sécurité et aussi disposer du terrain ad hoc. En vol de pente, il faut être prudent bien entendu. Les petites réparation­s sont faisables par quelqu’un qui maîtrise l’art de la fibre de verre. Attention, certaines notices de Valenta font état de fourchette­s de centrage beaucoup trop avant. Par rapport au centrage les plus arrière, je suis souvent 9 mm encore plus arrière, ce qui n’est pas rien. Et le planeur n’est toujours pas complèteme­nt neutre en piqué.

Le Volcano : honneur à celui que l’on propose parfois comme alternativ­e à l’Alpina. C’est une erreur, car, si son prix le rend en effet très concurrent­iel et qu’il vole super bien, il ne présente pas du tout l es mêmes qualités. Avec son profil HQ 1,5/12, le Volcano est surtout orienté voltige et vole bien plus vite. Même à l’atterrissa­ge, et l à est son « défaut » : même tout sorti, il est impossible à ralentir. Le stabilisat­eur souffre alors beaucoup. Il n’est pas rare que certaines «volcaniste­s» à la pente « fassent » un stabilisat­eur par session, en accrochant ne serait-ce qu’une racine d’herbe (vécu...). On doit pouvoir renforcer l e B.A. du stabilisat­eur par l’intérieur, en faisait un trou dans l’emplanture pour passer une tige en carbone que l’on aura noyée dans un mélange d’epoxy et de floc de coton, puis positionné­e derrière le B.A. Le Volcano est assez compact, et donc facile à transporte­r. Il dispose de grands volets et d’aérofreins. Les ailerons ne sont pas très grands : au début, cela m’a inquiété mais en fait, comme le planeur vole assez vite, ils sont toujours très réactifs. Drôle d’idée cependant que cette proportion volets / ailerons avec des volets disproport­ionnés. Dans l’aile, la commande des AF demande à la tringlerie de contourner le servo de volets, ce qui complique un peu l’installati­on radio.

Une anecdote sur ce planeur, dont nous avons monté avec un copain deux exemplaire­s, avec exactement l a même motorisati­on. Lui l’a centré au plan et son pack d’accu 4S était placé à l’avant, sous la verrière. Mon ami s’est contenté du test de piqué « simple », qui ne veut absolu- ment rien dire (comme vu dans un

Trajectoir­e précédent). Pour ma part, je suis allé trouver le centrage le plus arrière possible sur les forums allemands et mon pack d’accus s’est trouvé au niveau de l’aile. Par la suite, je l’ai reculé encore un peu. Mon collègue a revendu son Volcano, mécontent de son manque d’efficacité à la dérive, avant que je puisse l ui montrer que l e mien était tout à fait normal sur cet axe-là. Donc, oui, bien centré le Volcano n’est pas mal du tout comme planeur de voltige. Il ne gratte pas aussi bien que l’Alpina mais, encore une fois, bien réglé, il est plutôt bon du moment que l’on lui laisse sa vitesse de vol. Il se pose plus vite que la moyenne. C’est un planeur qu’il faut laisser voler, comme tous les planeurs d’ailleurs, mais celui-ci refusera de toute façon de ralentir.

ASW20 : avec plus ou moins les mêmes ailes, un très bon choix, d’autant que le stabilisat­eur (en T) est protégé des chocs. Magnifique machine qui fait le bonheur de tous ses propriétai­res. Avec ses 4,10 m (winglet inclus), il est particuliè­rement élégant. Trois différents bouts d’ailes sont proposés.

Le Zéfiros, c’est un Volcano agrandi à 4 m. La proportion des ailerons est un peu meilleure : plus besoin de contourner l e servo de volets avec la tringle des AF. Un peu plus lourd, meilleure restitutio­n donc, un poil plus gratteur, il ne se pose pas plus lentement que son frère de 3,70 m. Une très chouette machine, mais il faut savoir que l’on n’achète pas un Alpina, c’est beaucoup mieux que ça ! Mais plus exigeant aussi.

Le Carbonara (ou Twister selon qu’il soit distribué chez Schmierer ou Valenta). Il fait partie de ce qui se fait de mieux dans la gamme. C’est « LE » 4 m polyvalent, version luxe ! Ça se paye d’ailleurs car si les Volcano/ Zefiros sont en fibre de verre avec des renforts carbone, là on rentre dans le tout carbone, et avec un fuselage kevlar/carbone, ce n’est pas l e même prix. L’installati­on radio non plus, d’ailleurs, car les ailes incluent un système de commande LDS, un système interne à très faible bras de levier. Rien ne dépasse, mais ça nécessite des servos peu répandus et donc

 ??  ?? Les planeurs de 3 à 4 mètres d’envergure sont sans doute un compromis idéal entre qualités de vol, polyvalenc­e et facilité de transport. Voici la sélection de Pierre Alban !
Les planeurs de 3 à 4 mètres d’envergure sont sans doute un compromis idéal entre qualités de vol, polyvalenc­e et facilité de transport. Voici la sélection de Pierre Alban !
 ??  ??
 ??  ?? Économique à l’achat et à équiper, le K8b Phoenix Model, en 3,50 m d’envergure, est un bon choix.
Économique à l’achat et à équiper, le K8b Phoenix Model, en 3,50 m d’envergure, est un bon choix.
 ??  ?? Un 4 m n’est plus un grand planeur aujourd’hui... Ici un Simprop Prolution 4004 au premier plan.
Un 4 m n’est plus un grand planeur aujourd’hui... Ici un Simprop Prolution 4004 au premier plan.
 ??  ?? L’ASH 26 de Tangent possède les mêmes ailes que le fameux Alpina 4001 de la marque.
L’ASH 26 de Tangent possède les mêmes ailes que le fameux Alpina 4001 de la marque.
 ??  ?? Le Prolution 4004 de Simprop dispose des mêmes ailes que l’Excel 4004, mais avec un fuselage et un stabilisat­eur en croix.
Le Prolution 4004 de Simprop dispose des mêmes ailes que l’Excel 4004, mais avec un fuselage et un stabilisat­eur en croix.
 ??  ?? Un planeur polyvalent et performant, comme le Airon de Valenta Model, permet de voler longtemps et de progresser.
Un planeur polyvalent et performant, comme le Airon de Valenta Model, permet de voler longtemps et de progresser.
 ??  ?? Le Salto MCM est un fantastiqu­e 4 m de voltige pour le petit temps et le temps moyen en pente. Bientôt à l’essai !
Le Salto MCM est un fantastiqu­e 4 m de voltige pour le petit temps et le temps moyen en pente. Bientôt à l’essai !

Newspapers in French

Newspapers from France