Modele Magazine

VENTUS 2CX DE LUXE DE TOPMODEL CZ Dans le monde des grands voiliers

- Texte : Bruno Vernon Photos : Harry Fontaine et auteur

Je fais partie d’un club très dynamique où l’on pratique régulièrem­ent le vol à voile. À force de voir évoluer ces grandes plumes élégantes et racées, et après avoir goûté aux joies du planeur électrique avec un Epsilon, je me suis dit qu’il était temps de franchir le pas en pilotant une de ses grandes machines qui font rêver plus d’un modéliste.

Mon choix s’est porté sur l e Ventus de TopModel, un planeur de grand allongemen­t avec une envergure de 4,5 m. Une grande plume « express » comme il est dit dans la pub, tant sa préfabrica­tion est poussée.

UN TRÈS BEAU KIT

Chaque aile du Ventus n’étant pas démontable (sauf les winglets), nous voilà avec un sacré colis de près de 2,2 m de long ! Ce n’est pas sans conséquenc­e, puisqu’un tel colis hors norme est facturé 50 € de port, il vaut mieux être prévenu.

À l’ouverture, on ne peut être qu’admiratif devant ce fuselage splendide gelcoaté blanc, d’une finition parfaite, si ce n’est le plan de joint qui reste somme toute relativeme­nt discret. Pas de renfort carbone mais, à la place, une bonne épaisseur de tissu qui donne un fuselage très rigide, en particulie­r au pied de dérive, véritable talon d’Achille de ces grandes machines. Dans cette version De Luxe, le fuselage est déjà équipé de sa verrière très rigide et translucid­e, avec ouverture sur le côté et fermeture par verrou à baïonnette. Il sera actionné depuis une mini-fenêtre coulissant­e, la classe. Le tableau de bord n’est pas en reste, équipé de ses instrument­s et basculant sur l’avant. Un baquet démontable pour recevoir le pilote (en option) finit de fermer cette cabine.

Sur l’avant, on trouve le crochet de remorquage muni de sa chape. Au milieu du fuselage, trône le train rentrant mécanique déjà installé sur sa platine en CTP. Lui aussi d’une très belle finition, son mécanisme est un modèle de douceur. Sa grosse roue de 100 mm est un gage de sécurité pour les atterrissa­ges sur des pistes en herbe mal pavées. Les trappes sont déjà en place, il ne manque plus que le ressort de rappel. Les karmans sont très bien réalisés et reçoivent en creux les prises de type informatiq­ue précâblées. Sur l’arrière, le volet de dérive réalisé en fibre creuse est installé, ainsi que sa commande. Dans la dérive fixe, on trouve le support de servo de profondeur, collé et bien renforcé. Enfin, pour terminer, la roulette de queue est prête à accueillir les atterrissa­ges de notre bel oiseau. Ultime raffine- ment pour cette version, les immatricul­ations sont déjà posées sur le fuseau et la dérive. Les ailes ne sont pas en reste et font tout de suite bonne impression. En polystyrèn­e coffré samba, renforcées de fibre de verre et cravate carbone, elles sont relativeme­nt légères avec 1 250 g chacune. Leur géométrie font tout le charme du Ventus, puisque l’aile forme quatre trapèzes avec une flèche augmentant en allant vers le saumon, le tout avec un triple dièdre se terminant par un winglet en position verticale. Le profil est des plus classiques pour une grande plume, puisqu’il s’agit du HQ 3/14 évoluant en HQ 2/12 au saumon. La corde relativeme­nt faible de l’emplanture, combinée au grand allongemen­t, laisse présager d’un pilotage tout en douceur, mais surtout l’obligation de maîtriser parfaiteme­nt la conjugaiso­n de tous les axes.

Sur le bord de fuite, nous avons deux volets (un d’emplanture et un au milieu) et un aileron coupé en deux. Du fait du dernier dièdre, il est articulé façon volet de Corsair (par une CAP). Petit bémol, toutes ces gouvernes se retrouvent avec un chanfrein assez prononcé à l’intrados (mauvais pour la traînée) et sont articulées au scotch, c’est un peu dommage pour un planeur à ce tarif. J’aurais préféré des gouvernes avec des bords d’attaque en demi-rond, bien plus aérodynami­ques, à moins que la flexion des ailes ne permette pas ce genre de technique, sous peine de voir l’articulati­on des gouvernes se coincer lors d’une ressource.

Au milieu de l’aile, nous trouvons l’aérofrein mécanique et à doubles lames. Son ajustement est sans reproche, avec un mécanisme exempt de point dur. Tous les puits de servos sont réservés, et un fil est tiré pour faciliter le montage. Bien sûr, les ailes se terminent par des winglets en fibre creuse très légers, qui viennent s’enfiler dans la dernière nervure via une clé plate.

Le stabilisat­eur est lui aussi en fibre creuse, avec son volet mobile en place et articulé avec un bord d’attaque en demi-rond. C’est simple, il n’y a quasiment rien à faire sur cet élément. L’accastilla­ge est présent sous forme de plusieurs sachets et, si tout semble complet, il manque

pourtant deux éléments essentiels : les supports servos et les caches servos. Pour les supports, on peut le comprendre selon le choix des mécanismes, mais les caches sont universels, c’est rageant ! Il manque également les roulettes de bouts d’ailes, qui sont une option obligatoir­e si vous décollez ou atterrisse­z d’une piste goudronnée.

UN MONTAGE PAS SI RAPIDE

La notice parle d’un montage réalisé entre trois et cinq heures mais, par expérience, je sais qu’il est impossible de monter un tel planeur en si peu de temps. Aussi, j’ai compté les heures passées à l’atelier pour être au plus près de la réalité.

Pour les ailes, comme vu plus haut, il vous faudra confection­ner tous les supports de servos de volets et d’ailerons, soit six supports en tout. Le temps de montage en prend un sérieux coup. J’ai découpé des planchers ronds en CTP 15/10, puis collé dessus des supports servos en samba 10x10, et enfin j’ai immobilisé les servos avec une bande d’alu 6/10. Pour les servos d’AF, nous avons droit à des petits blocs de roofmat à coller, censés les maintenir. Mais je dois dire que j’ai un peu galéré pour mettre ces servos en place, avec leurs supports qu’il a fallu retailler pour le passage des fils, et les boîtiers qui ne semblaient pas bien tenus. J’ai également bataillé avec la commande des AF, trop grande, j’ai dû tronçonner une chape pour être à la bonne longueur. Pour masquer les commandes de volets et d’ailerons, j’ai commandé chez TopModel des caches servos ronds à la bonne dimension.

Quant aux puits des servos d’AF, TopModel prévoit de les recouvrir avec un simple autocollan­t… J’ai découpé des caches dans du CTP 15/10, que j’ai légèrement creusés à l’intérieur pour le passage des bras de servo dépassant légèrement à l’intrados. Ces caches ont également l’avantage de bien immobilise­r les servos. Les deux petites roues avec leur support sont à installer en bout d’aile. Ces supports sont équipés d’adhésif double face, et je dois dire qu’ils tiennent bien en place, à voir à l’usage. Finalement, rien que le montage des ailes m’aura pris environ 6 heures.

Passons au fuselage, où la première chose à faire sera de confection­ner une assise pour l’immobilise­r et travailler sereinemen­t. La deuxième chose sera de démonter la verrière et le tableau de bord pour un meilleur accès à l’intérieur, et éviter d’abîmer ces belles pièces. La troisième chose sera de faire le choix d’équiper le fuselage du baquet du pilote ou non. En effet, celui-ci prend une place énorme et contraint à une installati­on radio vraiment pas pratique. Je ne l’ai finalement pas mis pour réaliser un aménagemen­t classique, qui prend place sur un plancher que j’ai confection­né. Si vous gardez le baquet, vous pourrez utiliser le plancher fourni dans l’accastilla­ge. Il vient se coller derrière le train rentrant, mais il vous faudra des doigts de fée pour installer le servo de train, tant l’accès est restreint à ce niveau.

Les trappes de train demandent un peu de travail, car elles ne sont pas équipées de ressort de rappel. J’ai donc collé un mini-crochet sur chacune d’elles, puis mis en place un élastique qui passe au-dessus de la roue. Ainsi, cet élastique agit comme une palette et vient refermer les trappes avec le train rentré. Une fois le train sorti, l’élastique est détendu et permet aux trappes de ne pas frotter contre la roue.

L’installati­on du servo de profondeur n’est pas difficile, mais la place est comptée. Pour pouvoir le visser sur son cadre, j’ai dû limer l’assise supérieure de la dérive afin de pouvoir passer la lame du tournevis avec un angle convenable (le cadre est collé à 45°). J’ai dû également augmenter l’ouverture située à l’arrière de la dérive, par laquelle passe la commande de profondeur. Le montage du fuselage, avec ses petits désagrémen­ts, m’aura valu environ dix heures de travail.

VÉRIFICATI­ONS ET FINITIONS

Le montage des ailes se fait sans difficulté car tout est bien ajusté. Leur verrouilla­ge s’effectue par un système de type Multilock (clips plastiques) qui les maintient fermement. Pour le centrage, il m’a fallu ajouter 480 g de plomb pour centrer le Ventus à 80 mm du B.A., c’est-à-dire au point le plus avant de la plage. Bien sûr, sur un tel engin, une vérificati­on du centrage par le logiciel Prédim de Frank Aguerre est obligatoir­e. Mais attention, car il ne viendra pas tout à fait confirmer les valeurs données par la notice. En particulie­r le foyer (la limite arrière à ne pas dépasser) donné à 89 mm du B.A., alors que la notice prévoit un CG

arrière à 90 mm. Autre vérificati­on obligatoir­e, celle de Vé longitudin­al de 1,1°, parfait !

Pour l’alimentati­on, j’ai prévu deux accus LiPo de 1 800 mAh avec un intermagné­tique Emcotec, ainsi que deux récepteurs Futaba équipés de la télémétrie (variomètre et altimètre, « indispensa­bles » sur un tel planeur).

Avec une aussi jolie verrière, pas question qu’elle reste vide. J’ai donc tronçonné le baquet d’origine et je l’ai équipé d’un plancher pour qu’il passe juste au-dessus de l’installati­on servo. Ainsi, un buste de pilote a pu prendre place dans ce bel habitacle. Un mot sur ce pilote que j’ai acheté dans un grand magasin de jouets : on peut voir sur les photos qu’il n’est pas à la bonne échelle, mais il a le mérite de bien habiller l’habitacle. Il est surtout d’un prix raisonnabl­e (15 €) par rapport aux pilotes planeurs vendus sur l es sites modélistes.

Pour l es premiers vols, j’ai programmé strictemen­t les débattemen­ts et mixages prévus par la notice, cela permet de valider les données constructe­ur. Installati­on radio, cabine et autres vérificati­ons m’ont demandé quatre heures de travail. Au total, j’aurai monté ce planeur en une vingtaine d’heures, ce qui reste un temps assez court et bien plus réaliste que le temps annoncé.

Dernière vérificati­on avant le baptême de l’air, la pesée de notre bel oiseau. On obtient 5,5 kg, soit la fourchette haute du constructe­ur comprise entre 4,9 et 5,6 kg. Pour la charge alaire, cela se corse un peu car la notice annonce une surface de 75,2 dm2, soit 73 g/dm2 sur mon modèle. Malheureus­ement, la surface calculée par Prédim ne donne que 70,1 dm2, soit 79 g/dm2, la différence n’est pas énorme mais autant donner les chiffres exacts.

UNE GRANDE SATISFACTI­ON

On en a pour son argent, voilà la première réflexion qui m’est venue à l’esprit lors de cet essai. L’achat d’une telle machine représente une somme conséquent­e, mais ce planeur a tout pour plaire grâce à sa préfabrica­tion poussée au maximum, et la très bonne facture de sa constructi­on et de ses équipement­s. On n’est pas non plus déçu par l’élégance de ses formes et ses qualités de vol exceptionn­elles. Les volets présents sur tout le bord de fuite sont un vrai plus par rapport à un Discus, en permettant d’étendre davantage le domaine de vol. Mais attention, car la conduite d’un tel planeur demande un bon niveau de pilotage et ne sera réservée qu’à des pilotes expériment­és, comme l’explique Topmodel dans sa présentati­on du planeur.

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 ??  ?? Ce Ventus 2Cx de 4,5 m est idéal pour les amateurs de grands planeurs et il est proposé par Topmodel. Le kit est caractéris­é par un montage très avancé et une grande qualité de fabricatio­n.
Ce Ventus 2Cx de 4,5 m est idéal pour les amateurs de grands planeurs et il est proposé par Topmodel. Le kit est caractéris­é par un montage très avancé et une grande qualité de fabricatio­n.
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 ??  ?? La voilure est assez complexe avec des volets et des ailerons en deux parties. Il y a également des aérofreins mécaniques, montés d’origine.
La voilure est assez complexe avec des volets et des ailerons en deux parties. Il y a également des aérofreins mécaniques, montés d’origine.
 ??  ?? Le terme « grande plume » prend tout son sens dans les mains de son propriétai­re. Chaque aile est d’une seule pièce, à prendre en compte pour le transport.
Le terme « grande plume » prend tout son sens dans les mains de son propriétai­re. Chaque aile est d’une seule pièce, à prendre en compte pour le transport.
 ??  ?? Le remorquage a été fait avec un Bidule 55, et il faut toute la puissance du DLE 60 pour tracter les 5,5 kg du Ventus.
Le remorquage a été fait avec un Bidule 55, et il faut toute la puissance du DLE 60 pour tracter les 5,5 kg du Ventus.
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Ici photograph­ié sur un aérodrome grandeur avec un remorqueur en arrière-plan, ce Ventus 2Cx a une allure superbe et comblera son propriétai­re.

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