Majestueux
Pour le premier vol, le Ventus est accroché derrière un remorqueur Bidule 55. Malgré sa cylindrée de 60 cm3, il est un peu à la peine pour tirer les 4,5 m et les 5,5 kg du planeur, et il faudra toute la maîtrise du pilote pour remorquer proprement ce grand voilier. Une fois largué, quelques corrections mineures aux trims de profondeur et d’ailerons permettent au Ventus de prendre sa pente de vol, ni rapide, ni lente. Il est d’une stabilité étonnante et semble vouloir se débrouiller tout seul en se prenant pour un oiseau.
Le doigté est le maître mot pour piloter ce genre d’engin. Le lacet inverse est évidemment bien présent, pourtant en pilotant finement et en conjuguant bien les 3 axes, le Ventus est d’une fluidité exceptionnelle. C’est la classe des grandes plumes combinée à un grand allongement. J’ai programmé un léger mixage ailerons/dérive. Ainsi, à chaque mise en virage, il ne dérape pas même si la conjugaison direction/ailerons n’est pas vraiment synchronisée.
Le centrage est rapidement validé, et celui choisi est parfait lors du test du piqué, avec un planeur qui ne remonte pas de suite. Quant aux basses vitesses, même si le Ventus n’est pas méchant et prévient en se dandinant un peu, le décrochage est sec suivi d’un beau départ en vrille sur un quart de tour. Il faut ensuite une bonne vingtaine de mètres pour retrouver la portance. Il ne pardonnera pas une mauvaise approche comme un dernier virage à basse vitesse, mais c’est un comportement normal sur ce type d’engin.
Le vol se poursuit avec les débattements prévus de la notice : je trouve que l’homogénéité des commandes est bonne, le planeur réagit bien sur tous les axes à condition d’anticiper un peu. Les volets sont enclenchés en position gratte et, même si le nez cabre un peu, le Ventus n’a besoin d’aucun mixage à la profondeur et évolue à une vitesse bien réduite. Il est alors un peu plus mou sur les commandes et, personnellement, je n’utilise les volets qu’une fois bien centré dans le thermique. En position transition, le planeur accélère un peu sans trop chuter, vous permettant de sortir rapidement d’une zone peu propice. L’eau sous la quille diminue rapidement, mais avant d’entamer la PTU et pour faire quelques photos, je le brusque un peu en enchaînant des virages très serrés à bonne vitesse. Il semble apprécier, tant son pilotage reste facile dans cette configuration. La dérive braquée à fond n’entraîne pas de roulis induit, et je dois dire que j’ai été surpris par l’inclinaison qu’il peut supporter sans effets secondaires.
Pour ce premier atterrissage, j’arrive assez vite pour garder suffisamment de mordant aux commandes. Mais les AF conjugués aux volets en position basse permettent un bon taux de chute, tout en ralentissant bien notre bel oiseau qui se pose comme une fleur sur la piste gazonnée.
Les vols suivants permettront de valider certaines options de pilotage, comme le fait de sortir les volets en position gratte pour le remorquage, et ainsi soulager le remorqueur. Je n’ai volontairement pas mis de mixage ailerons/volets comme prévu dans la notice, estimant avoir suffisamment de réponse en roulis. Le Ventus passe un peu de voltige avec de beaux huit paresseux, mais aussi des grands loopings que les ailes acceptent sans broncher, malgré la courbure impressionnante qu’elles prennent lors des ressources. Le renversement est plus difficile et, même en bottant très tôt, c’est une figure que j’ai du mal à réussir avec ce planeur.
Mais le plus jouissif reste les passages pleins badins au ras de la piste avec une sonorité assez particulière, mélangeant sifflement d’un tout plastique, et bourdonnement d’un bois et toile. C’est suivi d’une restitution démoniaque, qui vous permettra d’enchaîner sur votre prise de terrain à bonne vitesse. Gare aux atterrissages qui devront toujours se faire avec un peu de badin, pour des « kiss landing » préservant le mécanisme du train rentrant.