EXTRA 300SP DE GREAT PLANES L’acrobate old school
Ayant depuis quelques années un Edge 540 Great Planes qui m’apporte toujours une grande satisfaction, j’ai volontiers sauté sur l’occasion de tester cet Extra 300SP du même constructeur. Le format est comparable, tout comme l’équipement et la vocation mix
Outre les caractéristiques, c’est la livrée typée « vintage » qui a fini de me convaincre. D’ailleurs, le fabricant appelle cet avion le « Hot Rod acrobatique » sur son site internet, car il s’inspire des décorations d’anciennes voitures américaines customisées. Cet Extra ne mesure que 1,27 m d’envergure, mais j’apprécie ce gabarit facilement transportable et l es accus d’un format répandu.
Cet avion est actuellement en promotion chez Aerobertics en Belgique, au prix de 189 euros.
UN KIT TRÈS COLORÉ
Dans le grand carton, toutes les pièces sont bien calées et emballées individuellement dans des sachets. À une extrémité, une boîte servant aussi de calage contient toutes les petites pièces et l’accastillage.
Les ailes sont en structure bois partiellement coffré au niveau du bord de fuite et vers l’emplanture.
Le profil est évidemment un biconvexe symétrique. Les dimensions des ailerons sont raisonnables, ce qui destine l’appareil à une voltige classique plutôt qu’à de la 3D débridée. Il y aura un servo au format mini par gouverne, vissé verticalement à l’intrados. Un fourreau guidera la clé d’aile, qui est un tube carbone de 13 mm, tandis qu’un téton en nylon (à coller) assure le guidage en incidence. La décoration colorée est réalisée avec un film thermorétractable de la marque Monokote, sans défaut de pose.
Le fuselage est entièrement en structure bois CTP et balsa, sans aucun renfort carbone, ni allégement extrême, comme sur certains modèles conçus pour la 3D. La différence de conception est flagrante par rapport à mon Edge 540, où la plupart des pièces sont découpées façon dentelle. La partie supportant le train apparaît même particulièrement renforcée sur cet Extra, basée sur un caisson en CTP de 3 mm contre 1,5 mm pour l’ensemble de la cellule. Seule la cabane moteur est particulièrement allégée, d’apparence longue et très évidée, cela n’empêche pas sa rigidité d’être excellente, même en torsion. Les deux flancs se poursuivent à l’intérieur pour rejoindre le plancher accueillant l’accu, la réception et le servo de direction. L’ensemble se rejoint au-dessus du robuste support de train, censé pardonner quelques atterrissages mal maîtrisés. Les collages sont réalisés sans excès ni manque, je n’ai rien trouvé à reprendre ou à renforcer.
La cellule est presque intégralement coffrée, à l’exception de la moitié inférieure arrière. L’entoilage avec ses bandes de couleur est bien appliqué, mais il présente par endroits quelques plis ou distensions qu’un coup de fer à entoiler corrigera sans problème. La verrière est en lexan fumé peint à l’extérieur, sans différence de teinte avec l’entoilage. Elle repose sur une fine structure en CTP évidée, sauf à l’emplacement d’un éventuel buste de pilote en option. Elle tient fermement en place grâce à deux tétons nylon sur l’avant et pas moins de sept aimants qui présentent des traces d’oxydation. C’est sans conséquence, et un petit coup de papier de verre leur redonnera du brillant. Le capot moteur est en fibre de verre avec un gelcoat parfait, lui aussi peint sans aucune différence de teinte avec l’entoilage.
Le stabilisateur est l argement évidé, à l ’exception du raccord central avec le fuselage. Il recevra les deux volets mobiles construits de la même façon, accouplés par une CAP pliée en U. La taille de ces gouvernes est légèrement supérieure à la partie fixe. Associées à un volet de dérive également d’une belle surface, quelques figures de 3D devraient passer. L’ensemble des articulations du modèle sont basées sur des charnières souples en fibre, solution cohérente à cette échelle. La profondeur sera directement actionnée par un servo implanté sous l e stabilisateur, alors que l a direction pivotera grâce à deux câbles en push-pull, reliés à un servo vissé à l’arrière du plancher. Les emplacements des servos sont encore prévus
pour des boîtiers au format mini. Les deux jambes de train en fibre de verre sont peintes du même bleu que l’entoilage. Elles recevront des roues très légères et des carénages de roues en fibre de verre reprenant la décoration générale. La roulette de queue sera montée sur un support articulé et suspendu. Enfin, un cône d’hélice en plastique bleu fait partie du kit.
Des sachets abritent tout l’accastillage nécessaire, tringlerie, guignols, visserie… rien ne manque pour mener à bien l’assemblage. Seule réserve, en cas de manque ou de perte, toute la visserie est au pas US. Sont aussi fournis du velcro adhésif pour le plancher, et sous forme de bandes pour immobiliser l’accu. Une grande planche d’autocollants finalisera la décoration du modèle. Enfin, la notice comporte 24 pages en anglais, illustrée de photos en noir et blanc qui parlent d’elles-mêmes. L’absence de traduction ne sera pas vraiment un problème si on ne maîtrise pas la langue de Shakespeare.
UNE TABLE SUFFIT
Nul besoin d’atelier pour monter ce voltigeur, une simple table et quelques outils de base feront l’affaire. J’attaque par les ailes, avec la mise en place des charnières des ailerons et leur collage par imprégnation de cyano fluide. Ensuite, il faut détecter par transparence ou au toucher les renforts des guignols derrière l’entoilage. Une fois repéré au feutre, on préperce avant de visser les guignols sur chaque gouverne. J’ai utilisé des servos Futaba S3115 (analogiques, 17 g, couple 2,8 kg.cm) comme recommandé sur le site du fabricant. Leur longueur de câble nécessite des rallonges d’une douzaine de centimètres seulement. Le raccordement des connecteurs est systématiquement sécurisé au scotch, avant de tirer le tout par l’emplanture grâce au fil préparé par le fabricant. La tringlerie doit être ajustée en longueur et pliée en L côté guignols, puis sécurisée par un verrou plastique une fois engagée. Pour achever les ailes, il faut coller les tétons de guidage à l’époxy rapide, en veillant à leur bon équerrage car les perçages préparés sont un peu larges.
Passons au fuselage avec l’assemblage du train et sa mise en place. Les jambes ont un sens de montage plutôt contre-intuitif avec une inclinaison vers l’arrière. Les carénages de roue sont maintenus par deux vis chacun : c’est la garantie d’une parfaite orientation dans le temps par rapport aux montages avec une seule vis.
Le collage de la partie fixe du stabilisateur reste une opération à mener avec le plus grand soin, tant elle conditionne la géométrie finale. Un montage à blanc, confirmé par des mesures de symétrie, permet de marquer les parties à désentoiler pour préparer le collage. La bonne position est trouvée sans retoucher la découpe dans le fuselage, je trouve même qu’il y a légèrement trop de jeu d’origine. Une fois le stabilisateur inséré et la colle époxy appliquée, il est ajusté avec précaution et maintenu en position pendant le séchage. À cette occasion, ne pas oublier de mettre en attente la CAP en U d’accouplement des volets de profondeur, elle sera presque impossible à engager après coup.
Ensuite, les volets de profondeur et de dérive sont assemblés par l’insertion des charnières fibre et leur collage à la cyano. Sur la profondeur, il faut en même temps raccorder et coller la CAP d’accouplement. Le montage à blanc a permis de détecter un défaut d’alignement des deux volets de profondeur, qui sera corrigé en vrillant la CAP à la pince : il vaut mieux le voir avant l e collage. Pour que notre avion repose totalement sur ses roues, il est temps de monter la roulette de queue. Le montage est composé de deux inserts nylon, et une patte métallique destinée à articuler et à guider le support de roulette. Le système est arrêté par une bague avec vis pointeau.
La notice indique maintenant de fixer et brancher l e moteur brushless avec son contrôleur, mais je préfère remettre cette opé- ration à plus tard. Je poursuis avec l’installation du servo de profondeur sous le demi-stabilisateur gauche. Un guignol du même type que celui des ailerons est vissé dans une partie renforcée du volet de profondeur, la tringlerie aussi est commune aux ailerons. Le palonnier du servo est orienté vers le bas sur la notice mais, en pratique, cette disposition n’est pas très mécanique. Au neutre, j’ai donc tourné le palonnier vers le
haut, en l e raccourcissant de 3 mm pour ne rien toucher. Ainsi, la tringlerie pousse et tire avec un angle plus adapté, et j’ai regagné le débattement perdu en changeant de trou côté guignol.
Pour actionner la direction, il faut fixer l e servo sur l a partie arrière du plancher. La commande de dérive est basée sur une CAP filetée traversant l a dérive, sur laquelle s’accrochent des chapes tirées par les câbles. Ces derniers sont très souples et assez difficiles à passer dans les minuscules trous des commandes, la patience est de rigueur à cette étape. Ils seront arrêtés par des petits tubes à écraser à la pince et sécurisés par une goutte de cyano.
Il reste à présenter le capot en place et repérer les emplacements des quatre vis de fixation. Procédez avec précision, car les blocs de bois accueillant les vis sont plutôt petits. Du coup, les perçages dans la fibre du capot sont proches du bord, j’aurais aimé un peu plus de marge. Ceci fait, je démonte le capot pour installer les équipements.
ÉQUIPEMENT, RÉGLAGES ET FINITION
Le moteur retenu est proche des spécifications du constructeur : c’est un brushless Dualsky Eco 3520C V2 de 820 kV, capable de délivrer 1040 W avec un LiPo 4S. Il est vissé sur son support en croix, lui-même directement fixé sur la cloison moteur. Le capot présenté provisoirement permet de valider le parfait positionnement longitudinal et axial, sans ajout de calage. Le contrôleur est un Hobbywing Skywalker 60A avec UBEC de 5A. Comme illustré dans la notice, le contrôleur est attaché sous la cabane, pour un câblage direct et une bonne ventilation. Le récepteur est posé sur le plancher entre le servo de dérive et le fourreau de clé d’ailes.
Quand il ne reste que les débattements à ajuster, on fixe le capot sur le nez avant de monter l’hélice et le cône du kit. Dommage, on s’aperçoit à ce moment que le bleu du cône en plastique est bien différent de celui de l’entoilage. Au niveau de l’emplacement de l’accu, le plancher est très ajouré, donc seuls deux petits morceaux de velcro y sont collés. Pour sécuriser l’accu, j’abandonne les simples bandes velcro du kit au profit d’une vraie sangle avec boucle, plus facile à brider et plus fiable.
Maintenant que tout est en place sur l’avion, je teste le centrage avec plusieurs types d’accus selon les configurations proposées par le fabricant. Ainsi, avec un LiPo 4S 2200 mAh, le centrage à 76 mm du B.A. est obtenu en le plaçant contre le fourreau de clé d’ailes, à l’extrême arrière de l’emplacement disponible. Une capacité supérieure en 4S donne alors un centrage trop avant, et du lest sous la queue sera la seule possibilité. En LiPo 3S 2 200 mAh, le centrage est atteint en avançant l’accu dans la cabane moteur, laissant la possibilité de reculer contre le fourreau une capacité supérieure.
La notice donne deux plages de débattement pour la voltige, ainsi qu’une troisième destinée aux vols typés 3D. Pour ma part, sur les voltigeurs, je cherche toujours à obtenir les débattements maxi en guise de base, puis je décline des petits débattements en les réduisant de 40 %. L’exponentiel est indispensable dans ces conditions, entre 35 % pour les petits débattements et 50 % pour les grands sur tous les axes.
Je sors le fer à entoiler pour retendre les parties un peu lâches, et supprimer les quelques plis. Ensuite, je puise dans la grande planche d’autocollants pour reproduire la décoration exposée sous tous les angles sur la boîte.
UN BON CANDIDAT
Le montage de cet Extra ne demandera que quelques soirées, bien aidé par un kit complet et une notice correctement illustrée. Après quelques avions en EPP/ EPO, il peut constituer un bon premier modèle en structure bois. Qui plus est, il est relativement économique à équiper.
Côté vol, sa conception et sa vocation sont davantage tournées vers une voltige classique où il est très agréable à piloter, mais ne rechigne pas dans l’exercice de quelques figures 3D. Il faut y voir un voltigeur polyvalent, capable d’accompagner la progression d’un pilote voulant goûter à cette catégorie. Il est aussi construit de façon plutôt solide, en échappant aux structures type dentelle de certains modèles. Évidemment, il ne survivra pas à un atterrissage loupé, mais il encaissera tous les sévices en vol et quelques touchers de roues un peu rudes.