Modele Magazine

CYGNUS XL 3300 DE SILENCE MODEL

Un oiseau racé pour planer sans fin

- Texte : François Richard Photos : Jean Louis Coussot - Claude Lacombe & Auteur

Fidèle à sa philosophi­e, Silence Model développe chaque année un peu plus sa gamme de modèles en constructi­on traditionn­elle tout bois. Parmi eux, un nouveau moto-planeur 3 axes de loisir typé durée/précision (F5J), de 3,30 m d’envergure,nommé Cygnus XL 3300. L’oiseau est particuliè­rement séduisant et ses caractéris­tiques font rêver à de longs vols…

Le Cygnus XL 3300 est un très élégant planeur au dessin épuré. Il s’apparente aux planeurs de catégorie F5J (planeur durée/précision motorisé). Il faut préciser qu’il est plutôt axé loisir, car il ne joue pas dans la même cour que les modèles de compétitio­n de cette catégorie. Mais il s’approche des performanc­es de ce type de machines, tout en étant accessible au plus grand nombre en termes de coût.

Ses proportion­s sont d’emblée agréables à l’oeil. La voilure en trois parties présente une belle surface de 70 dm², garantissa­nt une charge alaire faible, et la longueur du fuselage donne des bras de levier généreux, gages d’une grande stabilité sur trajectoir­e. Le profil est un AG-40d de 8,33 % d’épaisseur relative, très légèrement creux, habituelle­ment utilisé sur des planeurs lancé-main. La partie centrale de la voilure est rectangula­ire. Viennent s’y adjoindre les parties externes trapézoïda­les démontable­s, elles-mêmes complétées par un petit trapèze et son saumon. Au total, les quatre dièdres donnent une courbe elliptique. Les gouvernes volets et ailerons sont de belle surface et représente­nt 25 % de la corde.

Le stabilisat­eur est de type profil « planche » et a un volume de 0.4, en conformité avec les bras de levier de ce planeur. La conception structurel­le « tout bois » fait appel à du CTP de peuplier 3 plis de 3 mm (fuselage, nervures, etc.), à des longerons en pin et à du balsa 1,5 mm pour tous les coffrages et chapeaux de nervures. Le nombre de pièces est conséquent. À noter que cette voilure a fait l’objet de nombreux essais, suivis de modificati­ons et d’ajustement­s sur plusieurs prototypes, afin d’obtenir une solidité et une rigidité sans faille, conforméme­nt au domaine de vol polyvalent recherché pour ce planeur. On peut saluer la performanc­e de l’équipe de Silence Model, car il n’est pas si simple de concevoir un planeur de plus de 3 m, avec un profil d’à peine plus de 8 % d’épaisseur relative en constructi­on tout bois, sans avoir recours aux matériaux composites. Bravo donc !

Cette constructi­on s’est étalée pour moi sur deux mois d’hiver, à raison de 1 h 30 par jour. C’est un ordre d’idée en fourchette haute, car je suis un constructe­ur plutôt lent… Le Cygnus est prévu motorisé à l’origine et nous verrons que la chaîne de propulsion recommandé­e par Silence Model est bien adaptée.

KIT TOUT BOIS

Il est livré dans une boîte cartonnée de 790 x 160 x 60 mm. On a peine à croire qu’un planeur de 3,30 m

tienne dans une boîte aussi petite, mais c’est pourtant le cas. À l’intérieur, tout est parfaiteme­nt calé et répertorié. Toutes les pièces sont découpées au laser avec une précision diabolique, parfaiteme­nt repérées, et nous verrons qu’aucune ne nécessite le moindre ajustement. Tous les coffrages sont découpés laser, et ceux d’intrados ont même les positionne­ments de nervures, longerons et autres pièces légèrement gravés au laser. On ne peut pas se tromper !

Un plan détaillé accompagne le tout. Les accastilla­ges : gaines plastiques, CAP 1,2 mm, guignols époxy, chapes, verrou de verrière, clés d’ailes et tubes laiton coupés à la bonne longueur, vis BTR et écrous à griffes sont livrés. Pas de notice de montage, mais un album photos très détaillé est disponible en ligne sur le site Silence Model.

LA CONSTRUCTI­ON

Le montage n’a rien de complexe, mais il n’est pas destiné aux débutants en constructi­on. Avoir construit deux ou trois modèles auparavant est nécessaire. Vu l’album photos disponible, je ne détaillera­i pas toute la constructi­on, mais surtout les points importants.

C’est par l’empennage que j’ai commencé. Toutes les pièces en balsa 6 mm s’ajustent parfaiteme­nt. Les collages ont été faits à la UHU Hart sur le plan recouvert d’un film transparen­t. Bien vérifier la rectitude de la baguette en pin qui vient rigidifier l’arrière de la partie fixe du stabilisat­eur. Au besoin, la mouiller et la laisser sécher en forme sur le chantier. La dérive et son volet se construise­nt de même. On peut dès lors créer les chanfreins permettant le débattemen­t des volets, arrondir les bords d’attaque et affiner un peu les bords de fuite, sans aller trop loin, afin de garder de la rigidité à l’ensemble.

D’une longueur de 1,46 m, le fuselage est constitué de couples et de flancs en CTP 3 mm. Les flancs et le dessous sont constitués de deux pièces à rabouter par collage. Pour ce faire, bien aligner les pièces pendant le séchage le long d’une grande règle pour respecter leur rectitude. Pendant ce temps, on peut préparer les supports des fixations de la voilure, faits de pièces en CTP 3 mm à contrecoll­er, et intégrer les écrous à griffes. Un collage époxy des écrous vient compléter la tenue des griffes. Les flancs sont ensuite reliés par les couples principaux, la platine radio, les supports d’ailes selon un assemblage tenons et mortaises. À noter encore une fois que toutes les pièces s’assemblent parfaiteme­nt, sans jeu et sans forcer. Tout au long de ces collages, bien vérifier la rectitude et la symétrie du fuselage, en travaillan­t bien à plat. Les couples vers l’arrière peuvent être également collés. Toutes les baguettes d’angle et autres renforts sont à coller à ce stade, le fond du fuselage vient ensuite. Ne pas oublier de passer les gaines plastique de profondeur et direction, de les ajuster en longueur selon le plan, avant de poser le dos du fuselage. La verrière est à monter pareilleme­nt. On obtient ainsi une longue « massue » très rigide qui, grâce aux baguettes d’angle, va s’arrondir joliment. C’est là un des moments clé de la constructi­on. Pour obtenir des arrondis symétrique­s, j’ai reporté, sur les quatre côtés, les cotes d’arrondi relevées sur la vue de face des couples portés sur le plan, puis réalisé un traçage de jonction le long d’une baguette de balsa épinglée sur le fuselage, en épousant les courbes. Ensuite, petit rabot, puis cale à poncer de plus en plus fine en suivant les tracés. Au final, on obtient les beaux arrondis souhaités, de manière symétrique, et un nez parfaiteme­nt rond venant s’ajuster au futur cône moteur. Patience et applicatio­n sont donc de rigueur… Le résultat en vaut la peine !

LA VOILURE

C’est l e gros morceau de la constructi­on. Comme déjà évoqué, tous les coffrages sont découpés et la position des nervures matérialis­ée par de fins traits de laser. On attaque par les parties centrales rectangula­ires de la voilure, réalisées séparément. On pose les coffrages d’intrados 1,5 mm, les longerons en pin, l es l ongerons peignes verticaux en CTP 3 mm, les nervures, etc. Tout ceci dans l’ordre qui va bien et que l’on peut suivre sur l’album photos de montage. Tous les collages à ce niveau ont été faits à la colle vinylique.

La partie centrale mérite attention. En effet, les longerons verticaux et horizontau­x forment un caisson qui recevra un peu plus tard les clés en plaque d’époxy, collées. Il est important qu’il n’y ait pas de bavures de colle dans ce caisson, ce qui facilitera l’ajustage

entre l es deux panneaux. Aux extrémités des panneaux, les tubes laiton de clé d’aile sont à coller à l’époxy en traversant les nervures déjà percées. Des pièces en CTP 3 mm viennent de part et d’autre et forment une boîte à clé solide. Côté gouvernes, ailerons et volets, bien prendre soin de ne pas coller ensemble les deux baguettes qui font office de jonction entre aile et gouverne. Les coffrages possèdent de petites fentes repères pour la future découpe des gouvernes. Ces dernières sont constituée­s de coffrages balsa 1,5 mm emprisonna­nt des queues de nervures en CTP découpées finement, ainsi que des croisillon­nages destinés à les rigidifier et de la baguette balsa au bord d’attaque. Quand tout cela est bien sec, on peut poser les coffrages extrados en laissant la partie milieu ouverte, en vue du raccordeme­nt des deux panneaux. Viennent ensuite les portions de nervures de renfort qu’il est nécessaire d’ajuster par biseautage pour les placer en diagonale entre les nervures principale­s (un petit plan explique leur positionne­ment et leur repérage), avant de les coller. C’est la seule opération d’ajustage à faire sur cette constructi­on.

Ces portions de nervures renforcent beaucoup la structure en torsion. Les deux panneaux étant réalisés, il reste à les assembler par collage en s’assurant du parfait ajustement entre eux et de la rectitude de l’ensemble, un moment important à bien préparer. Les clés d’ailes en plaque époxy et celles en CTP sont collées à l’époxy lente, qui laisse le temps de faire des ajustement­s, mais aussi de s’imprégner dans le bois pour une plus grande solidité de collage. Séchage 24 heures avant de détacher du chantier, et on peut mettre en place les bords d’attaque et l es chapeaux de nervures. Les panneaux externes se construise­nt exactement de la même façon, ainsi que les ailerons. Pas de points particulie­rs à noter. Reste les derniers petits trapèzes et l es saumons « winglets ». Le champ du winglet sera poncé à l’angle prévu de 22° et affiné au bord de fuite. À ce niveau, petite modificati­on personnell­e : j’ai ajouté deux triangles en balsa 6 mm qui joignent la dernière nervure et le winglet. Le collage de celui-ci se trouve ainsi plus solide et rigide, et l’entoilage sera facilité.

Les bords d’attaque peuvent être mis en forme avec une longue cale à poncer, en prenant soin de respecter au mieux le profil. On peut s’aider des dépouilles en CTP des nervures, par passes successive­s, ainsi on obtient un bon résultat. Le respect du profil est important pour en conserver au mieux les qualités de vol. Ceci fait, le dernier trapèze équipé de son winglet peut être collé sur la partie externe de l’aile. Le ponçage de finition peut être effectué, ainsi que le collage du téton de centrage sur les parties externes d’ailes. Le passage des fils de rallonges de servos est à prévoir à ce moment, pour pouvoir coffrer la partie centrale des ailes car, après entoilage, certains endroits ne sont plus accessible­s. La fixation des servos est donc à prévoir dès maintenant.

Puis, il faut découper délicateme­nt les gouvernes en suivant les fentes repères déjà mentionnée­s. Si on a été prudent et parcimonie­ux en colle, tout se passe bien. Les gouvernes se détachent des ailes sans problème. Il restera à réaliser le biseautage nécessaire au débattemen­t de celles-ci. Attention, le biseau des volets est i nverse à celui des ailerons et fait à peine 1 mm, juste pour permettre aux volets de se relever un peu en phase vitesse.

En résumé, la voilure est un bel exercice de constructi­on qui demande un peu de temps et d’applicatio­n, et est grandement facilité par des découpes et ajustages parfaits. Le résultat est une voilure très élégante, rigide et légère.

FINITION

Celle-ci est au choix de chacun. J’ai appliqué mes méthodes habituelle­s. Le fuselage a été enduit au vernis G4 en deux couches poncées. Cette résine mono-composant durcit bien le bois et le rend résistant aux petits chocs. Elle rend également homogène les parties CTP et balsa. Fuselage et voilures ont été entoilés à l’Oracover en gardant de la transparen­ce sur les parties de structure ouverte. Une phase assez longue, vu la taille du planeur et les nombreux panneaux.

INSTALLATI­ON RADIO

L’installati­on radio est des plus classiques. J’ai choisi des servos Corona DS 238 MG pour la profondeur et la direction, et des DS 239 MG pour les ailerons et volets (couple 4kg.cm sous 6 V). Les commandes dans le fuselage sont faites de CAP 1,2 mm coulissant dans les gaines placées lors de la constructi­on. Dans les ailes, j’ai réalisé des cadres en CTP 3 mm dans lesquels les servos sont enserrés et vissés. Les commandes ailerons et volets sont également en CAP 1,2 mm, pliées en U côté palonnier et munies d’une chape réglable soudée côté guignol. Lesdits guignols sont ceux livrés, en plaque époxy, qui sont collés dans les fentes venant de la constructi­on. Les articulati­ons de toutes les gouvernes ont été réalisées au scotch Crystal.

La motorisati­on est celle préconisée par Silence Model, à savoir un moteur Roxxy 35-55 avec un kV de 590 tr/V, allié à un contrôleur 45 A et une hélice repliable 16x10. L’accu de propulsion est un LiPo 3S de 3 300 mAh. L’ensemble est parfaiteme­nt adapté et emmène facilement le Cygnus. Le centrage qui va bien se situe entre 75 et 78 mm du bord d’attaque à l’emplanture. Aux fonctions classiques et à la phase « neutre – tout en lisse », s’ajoutent une phase de vol « thermique » et une phase « vitesse », commandées par un inter 3 positions. Les AF sont évidemment de type crocodile, commandés par le manche cranté des gaz.

CONCLUSION

Avec ce Cygnus XL 3300, Silence Model concrétise de belle manière sa maîtrise de la conception et de la constructi­on tout bois. Ce grand planeur polyvalent classé « loisir » peut aussi être qualifié de « performanc­e » au vu de ses qualités de vol et de ses capacités à accrocher l’ascendance. Sans passer audessus, il assure largement face à des modèles identiques tout fibre comme le sont les F5J de compétitio­n. Sa conception, qui a pris du temps, montre que Silence Model commercial­ise des kits de planeurs ayant été largement essayés et éprouvés. On a donc affaire ici à un planeur optimisé. L’exercice de constructi­on demande un peu d’expérience et quelques semaines d’atelier, mais le résultat en vaut la peine, et le kit est complet. Le coût global est sans commune mesure avec un planeur de ce type de conception semi ou tout composite, et les performanc­es sont à peine inférieure­s. Un beau pari tenté et réussi par Silence Model, alors n’hésitez pas…

 ??  ?? D’une belle envergure de 3,30 m, ce Cygnus XL entièremen­t à construire demande un peu de travail, mais avouez qu’il a fière allure avec sa grande plume !
D’une belle envergure de 3,30 m, ce Cygnus XL entièremen­t à construire demande un peu de travail, mais avouez qu’il a fière allure avec sa grande plume !
 ??  ??
 ??  ?? La motorisati­on Roxxy préconisée par Silence Model est parfaiteme­nt adaptée : elle permet des montées franches et puissantes en quelques secondes.
La motorisati­on Roxxy préconisée par Silence Model est parfaiteme­nt adaptée : elle permet des montées franches et puissantes en quelques secondes.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? 5 Les servos d’empennage sont positionné­s sous les ailes, ici des Corona DS-238 MG.
5 Les servos d’empennage sont positionné­s sous les ailes, ici des Corona DS-238 MG.
 ??  ?? 49
4 Les sont servos installés dans la voilure, sur des supports en contreplaq­ué.
Il est important de procéder à leur intégratio­n avant la phase de finition.
49 4 Les sont servos installés dans la voilure, sur des supports en contreplaq­ué. Il est important de procéder à leur intégratio­n avant la phase de finition.
 ??  ?? 38
3 Le panneau central des ailes se construit en deux parties, à raccorder ensuite. Leur alignement doit être soigné et s’effectue sur le fuselage.
38 3 Le panneau central des ailes se construit en deux parties, à raccorder ensuite. Leur alignement doit être soigné et s’effectue sur le fuselage.
 ??  ?? 6 Le installé moteur est celui préconisé par Silence Model. L’espace disponible dans le nez du Cygnus permet à la cage tournante de ne pas rentrer en contact avec les fils. 6
6 Le installé moteur est celui préconisé par Silence Model. L’espace disponible dans le nez du Cygnus permet à la cage tournante de ne pas rentrer en contact avec les fils. 6
 ??  ?? 27
2 La structure ne fait appel à aucun matériau composite, seulement du balsa et du contreplaq­ué.
27 2 La structure ne fait appel à aucun matériau composite, seulement du balsa et du contreplaq­ué.
 ??  ?? 7 Les commandes de direction et de profondeur sont en corde à piano de 1,2 mm, raccordées aux guignols en plaque époxy par des raccords rapides ou des chapes (fournis).
7 Les commandes de direction et de profondeur sont en corde à piano de 1,2 mm, raccordées aux guignols en plaque époxy par des raccords rapides ou des chapes (fournis).
 ??  ?? suffisant 8 Sous l’espace pour les est ailes, installer le récepteur, ainsi qu’un altimètre et/ou variomètre, bien utile pour traquer les bulles !
suffisant 8 Sous l’espace pour les est ailes, installer le récepteur, ainsi qu’un altimètre et/ou variomètre, bien utile pour traquer les bulles !
 ??  ?? 1 Le stabilisat­eur et la dérive sont de type planche et se construise­nt rapidement. Les ajustages des découpes laser sont impeccable­s. 1
1 Le stabilisat­eur et la dérive sont de type planche et se construise­nt rapidement. Les ajustages des découpes laser sont impeccable­s. 1
 ??  ?? 9 Un accu LiPo 3S de 3300mAh est idéal pour animer le Cygnus. Il autorise une bonne autonomie sans trop charger la machine.
9 Un accu LiPo 3S de 3300mAh est idéal pour animer le Cygnus. Il autorise une bonne autonomie sans trop charger la machine.
 ??  ?? 10 La verrière est verrouillé­e par un loquet métallique. 10
10 La verrière est verrouillé­e par un loquet métallique. 10

Newspapers in French

Newspapers from France