CYGNUS XL 3300 DE SILENCE MODEL
Un oiseau racé pour planer sans fin
Fidèle à sa philosophie, Silence Model développe chaque année un peu plus sa gamme de modèles en construction traditionnelle tout bois. Parmi eux, un nouveau moto-planeur 3 axes de loisir typé durée/précision (F5J), de 3,30 m d’envergure,nommé Cygnus XL 3300. L’oiseau est particulièrement séduisant et ses caractéristiques font rêver à de longs vols…
Le Cygnus XL 3300 est un très élégant planeur au dessin épuré. Il s’apparente aux planeurs de catégorie F5J (planeur durée/précision motorisé). Il faut préciser qu’il est plutôt axé loisir, car il ne joue pas dans la même cour que les modèles de compétition de cette catégorie. Mais il s’approche des performances de ce type de machines, tout en étant accessible au plus grand nombre en termes de coût.
Ses proportions sont d’emblée agréables à l’oeil. La voilure en trois parties présente une belle surface de 70 dm², garantissant une charge alaire faible, et la longueur du fuselage donne des bras de levier généreux, gages d’une grande stabilité sur trajectoire. Le profil est un AG-40d de 8,33 % d’épaisseur relative, très légèrement creux, habituellement utilisé sur des planeurs lancé-main. La partie centrale de la voilure est rectangulaire. Viennent s’y adjoindre les parties externes trapézoïdales démontables, elles-mêmes complétées par un petit trapèze et son saumon. Au total, les quatre dièdres donnent une courbe elliptique. Les gouvernes volets et ailerons sont de belle surface et représentent 25 % de la corde.
Le stabilisateur est de type profil « planche » et a un volume de 0.4, en conformité avec les bras de levier de ce planeur. La conception structurelle « tout bois » fait appel à du CTP de peuplier 3 plis de 3 mm (fuselage, nervures, etc.), à des longerons en pin et à du balsa 1,5 mm pour tous les coffrages et chapeaux de nervures. Le nombre de pièces est conséquent. À noter que cette voilure a fait l’objet de nombreux essais, suivis de modifications et d’ajustements sur plusieurs prototypes, afin d’obtenir une solidité et une rigidité sans faille, conformément au domaine de vol polyvalent recherché pour ce planeur. On peut saluer la performance de l’équipe de Silence Model, car il n’est pas si simple de concevoir un planeur de plus de 3 m, avec un profil d’à peine plus de 8 % d’épaisseur relative en construction tout bois, sans avoir recours aux matériaux composites. Bravo donc !
Cette construction s’est étalée pour moi sur deux mois d’hiver, à raison de 1 h 30 par jour. C’est un ordre d’idée en fourchette haute, car je suis un constructeur plutôt lent… Le Cygnus est prévu motorisé à l’origine et nous verrons que la chaîne de propulsion recommandée par Silence Model est bien adaptée.
KIT TOUT BOIS
Il est livré dans une boîte cartonnée de 790 x 160 x 60 mm. On a peine à croire qu’un planeur de 3,30 m
tienne dans une boîte aussi petite, mais c’est pourtant le cas. À l’intérieur, tout est parfaitement calé et répertorié. Toutes les pièces sont découpées au laser avec une précision diabolique, parfaitement repérées, et nous verrons qu’aucune ne nécessite le moindre ajustement. Tous les coffrages sont découpés laser, et ceux d’intrados ont même les positionnements de nervures, longerons et autres pièces légèrement gravés au laser. On ne peut pas se tromper !
Un plan détaillé accompagne le tout. Les accastillages : gaines plastiques, CAP 1,2 mm, guignols époxy, chapes, verrou de verrière, clés d’ailes et tubes laiton coupés à la bonne longueur, vis BTR et écrous à griffes sont livrés. Pas de notice de montage, mais un album photos très détaillé est disponible en ligne sur le site Silence Model.
LA CONSTRUCTION
Le montage n’a rien de complexe, mais il n’est pas destiné aux débutants en construction. Avoir construit deux ou trois modèles auparavant est nécessaire. Vu l’album photos disponible, je ne détaillerai pas toute la construction, mais surtout les points importants.
C’est par l’empennage que j’ai commencé. Toutes les pièces en balsa 6 mm s’ajustent parfaitement. Les collages ont été faits à la UHU Hart sur le plan recouvert d’un film transparent. Bien vérifier la rectitude de la baguette en pin qui vient rigidifier l’arrière de la partie fixe du stabilisateur. Au besoin, la mouiller et la laisser sécher en forme sur le chantier. La dérive et son volet se construisent de même. On peut dès lors créer les chanfreins permettant le débattement des volets, arrondir les bords d’attaque et affiner un peu les bords de fuite, sans aller trop loin, afin de garder de la rigidité à l’ensemble.
D’une longueur de 1,46 m, le fuselage est constitué de couples et de flancs en CTP 3 mm. Les flancs et le dessous sont constitués de deux pièces à rabouter par collage. Pour ce faire, bien aligner les pièces pendant le séchage le long d’une grande règle pour respecter leur rectitude. Pendant ce temps, on peut préparer les supports des fixations de la voilure, faits de pièces en CTP 3 mm à contrecoller, et intégrer les écrous à griffes. Un collage époxy des écrous vient compléter la tenue des griffes. Les flancs sont ensuite reliés par les couples principaux, la platine radio, les supports d’ailes selon un assemblage tenons et mortaises. À noter encore une fois que toutes les pièces s’assemblent parfaitement, sans jeu et sans forcer. Tout au long de ces collages, bien vérifier la rectitude et la symétrie du fuselage, en travaillant bien à plat. Les couples vers l’arrière peuvent être également collés. Toutes les baguettes d’angle et autres renforts sont à coller à ce stade, le fond du fuselage vient ensuite. Ne pas oublier de passer les gaines plastique de profondeur et direction, de les ajuster en longueur selon le plan, avant de poser le dos du fuselage. La verrière est à monter pareillement. On obtient ainsi une longue « massue » très rigide qui, grâce aux baguettes d’angle, va s’arrondir joliment. C’est là un des moments clé de la construction. Pour obtenir des arrondis symétriques, j’ai reporté, sur les quatre côtés, les cotes d’arrondi relevées sur la vue de face des couples portés sur le plan, puis réalisé un traçage de jonction le long d’une baguette de balsa épinglée sur le fuselage, en épousant les courbes. Ensuite, petit rabot, puis cale à poncer de plus en plus fine en suivant les tracés. Au final, on obtient les beaux arrondis souhaités, de manière symétrique, et un nez parfaitement rond venant s’ajuster au futur cône moteur. Patience et application sont donc de rigueur… Le résultat en vaut la peine !
LA VOILURE
C’est l e gros morceau de la construction. Comme déjà évoqué, tous les coffrages sont découpés et la position des nervures matérialisée par de fins traits de laser. On attaque par les parties centrales rectangulaires de la voilure, réalisées séparément. On pose les coffrages d’intrados 1,5 mm, les longerons en pin, l es l ongerons peignes verticaux en CTP 3 mm, les nervures, etc. Tout ceci dans l’ordre qui va bien et que l’on peut suivre sur l’album photos de montage. Tous les collages à ce niveau ont été faits à la colle vinylique.
La partie centrale mérite attention. En effet, les longerons verticaux et horizontaux forment un caisson qui recevra un peu plus tard les clés en plaque d’époxy, collées. Il est important qu’il n’y ait pas de bavures de colle dans ce caisson, ce qui facilitera l’ajustage
entre l es deux panneaux. Aux extrémités des panneaux, les tubes laiton de clé d’aile sont à coller à l’époxy en traversant les nervures déjà percées. Des pièces en CTP 3 mm viennent de part et d’autre et forment une boîte à clé solide. Côté gouvernes, ailerons et volets, bien prendre soin de ne pas coller ensemble les deux baguettes qui font office de jonction entre aile et gouverne. Les coffrages possèdent de petites fentes repères pour la future découpe des gouvernes. Ces dernières sont constituées de coffrages balsa 1,5 mm emprisonnant des queues de nervures en CTP découpées finement, ainsi que des croisillonnages destinés à les rigidifier et de la baguette balsa au bord d’attaque. Quand tout cela est bien sec, on peut poser les coffrages extrados en laissant la partie milieu ouverte, en vue du raccordement des deux panneaux. Viennent ensuite les portions de nervures de renfort qu’il est nécessaire d’ajuster par biseautage pour les placer en diagonale entre les nervures principales (un petit plan explique leur positionnement et leur repérage), avant de les coller. C’est la seule opération d’ajustage à faire sur cette construction.
Ces portions de nervures renforcent beaucoup la structure en torsion. Les deux panneaux étant réalisés, il reste à les assembler par collage en s’assurant du parfait ajustement entre eux et de la rectitude de l’ensemble, un moment important à bien préparer. Les clés d’ailes en plaque époxy et celles en CTP sont collées à l’époxy lente, qui laisse le temps de faire des ajustements, mais aussi de s’imprégner dans le bois pour une plus grande solidité de collage. Séchage 24 heures avant de détacher du chantier, et on peut mettre en place les bords d’attaque et l es chapeaux de nervures. Les panneaux externes se construisent exactement de la même façon, ainsi que les ailerons. Pas de points particuliers à noter. Reste les derniers petits trapèzes et l es saumons « winglets ». Le champ du winglet sera poncé à l’angle prévu de 22° et affiné au bord de fuite. À ce niveau, petite modification personnelle : j’ai ajouté deux triangles en balsa 6 mm qui joignent la dernière nervure et le winglet. Le collage de celui-ci se trouve ainsi plus solide et rigide, et l’entoilage sera facilité.
Les bords d’attaque peuvent être mis en forme avec une longue cale à poncer, en prenant soin de respecter au mieux le profil. On peut s’aider des dépouilles en CTP des nervures, par passes successives, ainsi on obtient un bon résultat. Le respect du profil est important pour en conserver au mieux les qualités de vol. Ceci fait, le dernier trapèze équipé de son winglet peut être collé sur la partie externe de l’aile. Le ponçage de finition peut être effectué, ainsi que le collage du téton de centrage sur les parties externes d’ailes. Le passage des fils de rallonges de servos est à prévoir à ce moment, pour pouvoir coffrer la partie centrale des ailes car, après entoilage, certains endroits ne sont plus accessibles. La fixation des servos est donc à prévoir dès maintenant.
Puis, il faut découper délicatement les gouvernes en suivant les fentes repères déjà mentionnées. Si on a été prudent et parcimonieux en colle, tout se passe bien. Les gouvernes se détachent des ailes sans problème. Il restera à réaliser le biseautage nécessaire au débattement de celles-ci. Attention, le biseau des volets est i nverse à celui des ailerons et fait à peine 1 mm, juste pour permettre aux volets de se relever un peu en phase vitesse.
En résumé, la voilure est un bel exercice de construction qui demande un peu de temps et d’application, et est grandement facilité par des découpes et ajustages parfaits. Le résultat est une voilure très élégante, rigide et légère.
FINITION
Celle-ci est au choix de chacun. J’ai appliqué mes méthodes habituelles. Le fuselage a été enduit au vernis G4 en deux couches poncées. Cette résine mono-composant durcit bien le bois et le rend résistant aux petits chocs. Elle rend également homogène les parties CTP et balsa. Fuselage et voilures ont été entoilés à l’Oracover en gardant de la transparence sur les parties de structure ouverte. Une phase assez longue, vu la taille du planeur et les nombreux panneaux.
INSTALLATION RADIO
L’installation radio est des plus classiques. J’ai choisi des servos Corona DS 238 MG pour la profondeur et la direction, et des DS 239 MG pour les ailerons et volets (couple 4kg.cm sous 6 V). Les commandes dans le fuselage sont faites de CAP 1,2 mm coulissant dans les gaines placées lors de la construction. Dans les ailes, j’ai réalisé des cadres en CTP 3 mm dans lesquels les servos sont enserrés et vissés. Les commandes ailerons et volets sont également en CAP 1,2 mm, pliées en U côté palonnier et munies d’une chape réglable soudée côté guignol. Lesdits guignols sont ceux livrés, en plaque époxy, qui sont collés dans les fentes venant de la construction. Les articulations de toutes les gouvernes ont été réalisées au scotch Crystal.
La motorisation est celle préconisée par Silence Model, à savoir un moteur Roxxy 35-55 avec un kV de 590 tr/V, allié à un contrôleur 45 A et une hélice repliable 16x10. L’accu de propulsion est un LiPo 3S de 3 300 mAh. L’ensemble est parfaitement adapté et emmène facilement le Cygnus. Le centrage qui va bien se situe entre 75 et 78 mm du bord d’attaque à l’emplanture. Aux fonctions classiques et à la phase « neutre – tout en lisse », s’ajoutent une phase de vol « thermique » et une phase « vitesse », commandées par un inter 3 positions. Les AF sont évidemment de type crocodile, commandés par le manche cranté des gaz.
CONCLUSION
Avec ce Cygnus XL 3300, Silence Model concrétise de belle manière sa maîtrise de la conception et de la construction tout bois. Ce grand planeur polyvalent classé « loisir » peut aussi être qualifié de « performance » au vu de ses qualités de vol et de ses capacités à accrocher l’ascendance. Sans passer audessus, il assure largement face à des modèles identiques tout fibre comme le sont les F5J de compétition. Sa conception, qui a pris du temps, montre que Silence Model commercialise des kits de planeurs ayant été largement essayés et éprouvés. On a donc affaire ici à un planeur optimisé. L’exercice de construction demande un peu d’expérience et quelques semaines d’atelier, mais le résultat en vaut la peine, et le kit est complet. Le coût global est sans commune mesure avec un planeur de ce type de conception semi ou tout composite, et les performances sont à peine inférieures. Un beau pari tenté et réussi par Silence Model, alors n’hésitez pas…