Modele Magazine

NIEUPORT 17 DE DARE DESIGN Construise­z un avion de légende

- Texte : Bruno Vernon Photos : Bruno et Chantal Vernon

Les biplans de la Première Guerre mondiale occupent une place privilégié­e en aéromodéli­sme. En plus de leur look particulie­r, leur allure en vol est toujours spectacula­ire, même s’ils évoluent à vitesse réduite... Et puis, piloter un tel engin est une belle expérience, car ces machines « traînent » beaucoup et sont particuliè­rement sensibles au vent…

Quand le rédac’ chef m’a proposé l’essai d’une telle machine, j’ai accepté tout de suite, d’autant plus que le modèle prévu était un kit laser à construire, et la constructi­on, c’est la partie que je préfère dans notre loisir… La marque Dare Design est disponible en Europe chez Lindinger, avec plusieurs modèles, mais le Nieuport 17 y est actuelleme­nt i ndisponibl­e. Vous pouvez le trouver ici : https://brodak.com/electric-kits/ dare-electric-kits/dare-nieuport-17

PREMIÈRE IMPRESSION EN DEMI-TEINTES

À l’ouverture du carton, pas de bonne ou de mauvaise surprise car un kit laser, c’est essentiell­ement un fagot de bois ! Cependant, la qualité du bois et surtout la découpe des nervures et des couples donnent tout de suite une bonne ou une mauvaise impression… Et pour ce kit, je dois dire que la qualité du balsa n’est pas terrible avec des planches de coffrage dures qu’il sera difficile d’enrouler sur des couples ronds. Heureuseme­nt, la découpe des pièces est de très bonne facture. S’agissant d’un kit laser, peu d’accessoire­s si ce n’est un sachet de visserie, dont on verra au montage qu’il manque l’essentiel… Le revêtement, les roues, le pilote et accessoire­ment la mitrailleu­se sont à se procurer séparément. C’est un peu dommage et ça augmente sérieuseme­nt le prix du kit !

Autre déception : le capot moteur est en ABS : trop fin, mal fini, il est inutilisab­le en l’état…

Le plan n’est pas très bien détaillé et, au niveau définition, j’ai connu mieux. Quant à la notice (en anglais), son contenu n’apporte pas grand-chose, mais qu’importe, cet avion n’est pas destiné aux débutants !

Petite cogitation sur la propulsion : cet appareil est prévu pour être motorisé par un moteur thermique de 8 à 10 cm3. Quand je prends en compte cette envergure (1,70 m), plus l’aile inférieure, plus la traînée des câbles, conjuguée à celle du fuselage, je me dis que cette motorisati­on risque d’être un peu faiblarde ! De plus, l’avant très court oblige systématiq­uement à plomber le nez de ce type d’avion... J’ai donc opté pour une motorisati­on bien plus joufflue, à savoir un 15 cm3 méthanol (de marque Planet Hobby) et bien sûr en 4 temps pour avoir un son réaliste bien adapté à ces vieilles toiles.

Les servos seront des KS PDI- 2105 MG (deux pour les ailerons, uniquement présents sur les ailes supérieure­s, et deux pour la profondeur), ainsi que deux Futaba S 3003 pour la dérive et les gaz.

CONSTRUCTI­ON FACILE POUR LES AILES…

La constructi­on des ailes est on ne peut plus simple avec leur intrados plat et leur forme rectangula­ire sans évolution de profil.

Le seul point délicat sera le pon

çage des l ongerons supérieurs qui épousent l’arrondi du profil. Celui des ailes supérieure­s est en balsa, l e ponçage est relativeme­nt facile en faisant bien attention à ne pas entamer l es nervures. Celui des ailes inférieure­s est en spruce, et là, ça se gâte un peu. J’ai choisi de poncer ce longeron à part sur l e chantier avant de le coller en place. Petite modificati­on : j’ai collé des équerres de renfort au niveau des queues de nervures, car celles-ci sont collées sur le chanfrein sans encoches avec le bord de fuite : pas très mécanique. Le reste de la constructi­on est un jeu d’enfant et vous voilà avec vos ailes finies en un rien de temps…

… MAIS PLUS COMPLIQUÉE

POUR LE FUSELAGE

La décision de monter un moteur plus gros que prévu entraîne beaucoup de modificati­ons, même si ce moteur entre complèteme­nt dans le fuselage. La traction et les vibrations supplément­aires obligent à renforcer sérieuseme­nt tout l’avant du fuselage. Ce n’est pas un problème en soi, car tout le poids en avant du centre de gravité est le bienvenu… J’ai donc remplacé toute la constructi­on en treillis de balsa sur les flancs par du CTP pour former un caisson indéformab­le. Le couple pare-feu a été renforcé par deux baguettes de pin qui f eront office de bâti moteur (à l ’ancienne quoi !). Ce couple est emboîté dans l es flancs de CTP grâce à deux encoches, puis collé à l’ époxy lente, renforcé par des baguettes de balsa triangulai­res dans tous les angles. À noter que sur l e plan, il est prévu 1° de piqueur mais pas d’anticouple : étonnant. Par précaution, j’ai collé le couple pare-feu avec 1,5° d’anticouple.

Pour plus de commodité, j’ai construit le fuselage en deux parties : l e caisson avant, puis l a poutre arrière. Ainsi, il est beaucoup plus facile de tout bien disposer (récepteur, servos, radio et batterie) en manipulant le caisson avant à sa guise.

Le peu de place disponible et le manque d’informatio­ns (plan et notice) m’ont conduit à faire de nombreuses modificati­ons : un plancher pour recevoir le réservoir, puis un autre pour le support servo de direction et le récepteur. Quant au servo de profondeur, le manque de place et la complexité d’une commande double par câbles aller-retour difficilem­ent réalisable m’ont obligé à trouver une autre solution, à savoir deux mini-servos (un par gouverne, qui prennent place à l’arrière du fuselage). Ça fait moins maquette, mais quel gain de temps et sans prise de tête !

Le train a dû être revu aussi : des renforts supplément­aires et une fixation différente. Il m’a fallu également recouper et retordre la CAP du train lui-même car elle n’était pas à la bonne dimension.

Dernier point, et non des moindres : la fixation des ailes supérieure­s qui est prévue par vissage directemen­t sur les haubans. Pour le moins fragile, cette fixation a dû être modifiée en fabriquant une cabane maintenue fermement par les haubans, les ailes venant se fixer sur cette même cabane grâce à deux vis nylon et à trois pions de centrage. Les haubans en CAP ont été remplacés par des plats d’aluminium (carénés), car leur fixation à base de cosses rondes ne me plaisait pas. Enfin, j’ai rajouté des couples supplément­aires sur le côté du fuselage pour avoir moins de déformatio­n au niveau du coffrage.

Comme dit plus haut, le capot moteur du kit est inexploita­ble. D’un diamètre trop petit (21 cm au lieu de 22), en ABS trop fin et trop fragile, il est juste bon pour la poubelle ! J’ai donc opté pour un capot en fibre de carbone, enroulée sur un moule perdu. Le résultat est satisfaisa­nt, mais implique beaucoup de travail supplément­aire ! Dernière modificati­on : la béquille de queue qui était une simple CAP a été remplacée par un fer plat élastique provenant d’un jeu de cales : ainsi, l’arrière de l’avion est beau

coup mieux amorti. Bref, de nombreuses modificati­ons à prévoir, tout ceci donnant le sentiment d’un kit mal étudié et mal fini…

FINITIONS

Bon, le Nieuport commence à avoir fière allure, et le montage à blanc permet de se motiver pour la suite. L’entoilage sur un tel avion n’est pas difficile mais, pour des questions de coût, j’ai remplacé l’Oracover par de l’Esaycoat que j’avais déjà utilisé. Plus difficile à poser, il reste cependant d’un emploi relativeme­nt aisé… Malheureus­ement, l’Easycoat utilisé (de couleur argentée) s’est avéré être une vraie « vacherie » à poser sans plis...

Sur un tel avion, la finition est essentiell­e, même s’il ne s’agit que d’une semi-maquette. Les roues ont été achetées dans un magasin de modélisme et peintes à la teinte de l’avion. Le capot a reçu un faux moteur en étoile fait à partir de morceaux de gaine cannelée… L’ouverture du poste de pilotage a été habillée avec du joint à lèvres. La mitrailleu­se est elle aussi faite de bric et de broc, mais fait illusion. Enfin, des décalcoman­ies découpées par mon ami JR ont fini de parfaire la finition (la cigogne a été collée à l’envers : une faute d’inattentio­n sans doute due à mon grand âge et i mpossible à décoller, l es décalcoman­ies étant sécurisées à la résine)... Si au final, on est très loin d’une maquette exacte, tous ces petits détails habillent bien notre Nieuport et lui confèrent un petit côté « authentiqu­e ».

Bon, il est temps de passer aux choses sérieuses en vérifiant la position du centre de gravité. Le calcul de celui-ci n’est pas chose aisée sur un biplan, mais il confirme celui donné par le plan. Les nombreuses modificati­ons de la cellule et le poids supplément­aire du moteur ont permis d’équilibrer le Nieuport sans un gramme de plomb ! Chose rare sur ce type d’avion… Verdict : 3 500 g, soit 500 g de plus que le poids prévu. Rien de méchant car l a charge alaire est de 53 g/dm², ce qui en fait un biplan très léger.

BILAN MITIGÉ

C’est mon premier biplan et je ne suis pas déçu car ce Nieuport 17 est un véritable régal pour les yeux en statique, mais aussi en vol ! Malheureus­ement, pour arriver à ce résultat, ce kit laser est un « peu léger » et il vous faudra sérieuseme­nt le modifier. Mais le jeu en vaut réellement la chandelle, car ce biplan est un avion magnifique et vole d’une façon très réaliste. Succès garanti sur le terrain !

 ??  ?? Montage à blanc avant entoilage et finition.
Montage à blanc avant entoilage et finition.
 ??  ?? Avec un peu moins de 1,10 m d’envergure, ce Nieuport n’est pas très grand mais la formule biplan apporte de la présence.
Avec un peu moins de 1,10 m d’envergure, ce Nieuport n’est pas très grand mais la formule biplan apporte de la présence.
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12
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 ??  ?? Le Nieuport 17 est un sesquiplan : ses ailes inférieure­s ont une surface moitié moindre par rapport aux ailes supérieure­s.
Le Nieuport 17 est un sesquiplan : ses ailes inférieure­s ont une surface moitié moindre par rapport aux ailes supérieure­s.
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