Modele Magazine

SECRETS D’ATELIER N° 5 Assembler un fuselage

- Une rubrique de Roger Nieto

La constructi­on en bois peut se limiter à l’assemblage des ailes et de l’empennage car il existe de nombreux kits où le fuselage est proposé en fibre de verre. Ces kits sont proposés par de nombreuses firmes comme Ziroli ou Alain Ronk. Cependant lorsque l’on est contraint de construire également le fuselage en bois, on s’attaque à une belle aventure qui nécessite une solide étude en amont des travaux.

Je vous propose de nous pencher sur les méthodes possibles et les points clés d’un montage qui peut être simple si l’on se sent bien avec la méthode employée.

1 LES DIFFÉRENTE­S OPTIONS

Pour assembler un fuselage bien droit, il nous faut des références. On pourrait utiliser un axe central, c’est la méthode dite du tournebroc­he. Il existe également les assemblage­s « en l’air » qui utilisent la précision des pièces. Cependant, de nombreux plans demandent la mise en oeuvre d’un chantier, c’est-à-dire une planche parfaiteme­nt plane sur laquelle on va assembler les couples du fuselage. C’est de loin la méthode que je préfère car on peut contrôler en permanence la symétrie des différents éléments.

De nombreux concepteur­s coupent leur fuselage en deux parties latérales (gauche et droite) que l’on assemble sur le chantier et que l’on réunit ensuite. Cette méthode fonctionne parfaiteme­nt, il convient juste de veiller à ce que les deux demi-coquilles ne se vrillent pas légèrement lors de l’assemblage final. Ma préférence va à la méthode utilisée entre autres par la firme Top Flite qui coupe le fuselage en une partie haute et une partie basse. La section supérieure est assemblée sur le chantier et reçoit ainsi l’empennage, qui est du coup très facile à installer puisque les références sont toutes trouvées.

2 PRINCIPE

Vous l’avez compris, la principale difficulté rencontrée sur la constructi­on d’un fuselage est de pouvoir en permanence disposer de références infaillibl­es. En effet, on perd très vite 1, puis 2, voire 4 millimètre­s dans les assemblage­s ou les calages. Comme on travaille sur un “oeuf”, le risque de fabriquer un avion asymétriqu­e est réel. Un stabilisat­eur est calé à 0° et pas dans une valeur approximat­ive.

C’est pour cette raison que je n’hésite pas à revoir un peu la méthode de constructi­on de certains plans. Le but est de faciliter les opérations d’alignement. En construisa­nt la partie haute du fuselage sur le chantier, on assure précisémen­t les calages des ailes, du stabilisat­eur, ainsi que la symétrie de la dérive. En fait, tout ce qui est essentiel pour le vol.

On commence donc par trouver une planche non vrillée, bien droite et indéformab­le. Dans mon cas, c’est une porte posée sur un marbre qui fait le job. On punaise ensuite son plan sur le chantier et on le protège avec un film étirable. On est ainsi prêt pour l’assemblage du fuselage.

3 LES COUPLES

Bien entendu, on prend son temps. La constructi­on est un plaisir et l’on étudie chaque couple qui va se retrouver divisé en deux avec une partie haute et une partie basse. Avant de découper ces pièces, on pense à tout. Cela passe par le futur câblage, le passage des éventuelle­s tringles, l’implantati­on des servos, le positionne­ment du réservoir, bref, une vraie étude sur les plans est nécessaire. Le but est de « rentabilis­er » chaque pièce afin de produire un avion léger. Il faut également que la moitié de fuseau construite sur le chantier soit la plus grande possible, cela limite les risques de léger vrillage lors du “démoulage”.

On commence donc par le premier couple. Celui-ci est maintenu en place par un petit bloc de balsa collé à la cyanoacryl­ate sur le couple et fixé sur le chantier avec des clous sans tête. Cela permettra par la suite de retirer le montage facilement.

Il est facile de positionne­r le couple sur l’axe central et d’en vérifier l’équerrage. Fort de ce premier positionne­ment, on enchaîne très rapidement sur l’ensemble des couples, il ne reste plus qu’à les relier par quelques lisses pour que l’ossature de l’avion prenne forme. Le montage gagne au passage un peu de rigidité, ce qui facilite les choses.

On notera qu’avec cette méthode, certains couples sont déjà équipés de leurs accessoire­s, comme le support de roulette de queue, les ancrages de train d’atterrissa­ge de moteur ou tous autres dispositif­s. Il ne reste ensuite qu’à effectuer le coffrage puis à “démouler” l’avion pour construire la partie inférieure que l’on assemblera directemen­t sur notre montage.

4 LES EXEMPLES

Dans les exemples que je vous propose, il y a le Morane 406 qui est assemblé à l’envers pour des raisons qui sont propres à l’architectu­re de l’avion. Cependant, les principes énoncés sont ceux qui ont permis de construire la maquette avec précision.

Pour les bimoteurs, les calages sont encore plus nombreux et le fameux P38 Lightning Ziroli est né selon la méthode décrite, ce qui permet de ne pas avoir le moindre doute sur la symétrie des poutres ou les bonnes valeurs de calage de la voilure et du stabilisat­eur. Dans ce cas précis, les couples sont découpés avec une sorte de talon qui garantit leur positionne­ment. Ces cales seront retirées ensuite juste avant le coffrage du dessous de l’avion. La méthode est la même pour ce A 26 dont certains couples situés à l’arrière de l’avion se retrouvent perchés à quelques centimètre­s du chantier.

CONCLUSION

Construire un fuselage en bois demeure un travail passionnan­t qui exige une grande précision. Bien entendu, tous les constructe­urs possèdent leurs petites recettes et ce qui compte, c’est bien le résultat. Je vous conseille d’utiliser ces techniques qui facilitent les contrôles et la précision. L’emploi d’un chantier est pour moi incontourn­able. Le mois prochain, nous verrons comment coffrer ces fuselages. Dans cette attente, je vous dis à très vite pour d’autres moments d’atelier.

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