QUAND Q LE MODÉLISME S’EXPOSAIT À PARIS…
Née d’une idée toute simple, l’histoire des salons du modélisme à Paris a débuté en 1980. Il fallait être sacrément gonflé pour imaginer une vaste exposition où plus de la moitié des acteurs serait issue du monde associatif et bénévole.
Ils ont pourtant été facilement convaincus qu’il fallait y participer. À tel point qu’une bonne partie d’entre eux prenait des jours de congé pour animer leurs stands et participer à cette grande fête.
Née d’une idée toute simple, l’histoire des salons du modélisme à Paris a débuté en 1980. Il fallait être sacrément gonflé pour imaginer une vaste exposition où plus de la moitié des acteurs serait issue du monde associatif et bénévole. Ils ont pourtant été facilement convaincus qu’il fallait y participer. À tel point qu’une bonne partie d’entre eux prenait des jours de congé pour animer leurs stands et participer à cette grande fête.
Ce salon, dénommé au départ Exposition du Modèle Réduit, puis Salon International de la Maquette et du Modèle Réduit, ensuite Mondial Maquette et Modèle Réduit, et enfin Mondial du Modélisme, on le doit à l’imagination débordante d’Alain Barrau.
Nous sommes tout à la fin des années 1950, et Alain est embauché comme journaliste à France
Inter. Il quittera la grande maison en 1968, licencié avec une soixantaine d’autres personnes, dont faisait partie un certain JeanPierre Elkabach… Il devient alors chargé des relations publiques à la Spodex, une société spécialisée dans l’organisation de salons, dont le « Nautique ». Puis Alain se marie… la voiture des mariés étant une calèche, sa curiosité le motive à s’intéresser alors au cheval et à tout ce qui tourne autour. Et il en
imagine un salon dédié à la plus belle conquête de l’homme. À cette époque, le cheminement qui fait que l’on pense à la création d’un salon n’était pas issu de longues études de marketing, nous précisera son géniteur !
ET LE MODÉLISME DANS TOUT ÇA?
C’est en allant voir des démonstrations de modélisme qu’Alain rencontre des passionnés de ce loisir. Nous sommes à la fin des années 1970, et cette activité est encore confidentielle, pratiquée par quelques initiés passionnés de bateaux, de voitures, de trains ou d’avions. Notre quidam pense qu’il serait intéressant d’organiser une manifestation similaire à celle dédiée au cheval, comportant une partie commerciale et des animations mettant en scène les petites machines. Spodex gérait l’ancienne gare de Paris-Bastille depuis l’arrêt de son activité en 1969. La petite gare était devenue un lieu d’exposition et le magazine bien connu La Vie du Rail y avait exposé des modèles réduits de trains. Le succès avait été conséquent avec près de six mille visiteurs. Alain Barrau avait interrogé les amateurs de modélisme ferroviaire en leur demandant s’ils seraient partants pour faire un « grand truc ». Il avait aussi questionné les revues et les fédérations de modélisme. Tous pensaient qu’un grand salon de toutes les pratiques du modélisme serait une « très, très » belle vitrine ! La gare de la Bastille trop exiguë, Spodex décide d’installer le premier salon du modélisme au CNIT de ParisLa Défense au printemps 1980. Le lieu est suffisamment vaste pour autoriser l’installation d’un bassin pour les bateaux, de pistes pour les voitures et pour les réseaux de trains et assez haut pour permettre l’évolution de ce qui vole. Parfait !
PREMIER SALON, SUCCÈS IMMÉDIAT !
Le 26 avril 1980, la première Exposition du Modèle Réduit est inaugurée par Maurice Charretier, ministre du commerce et de l’artisanat. Un joli coup de pub, largement relayé au journal de 13 Heures de TF1 animé par l’incontournable Yves Mourousi. Le ton est donné ! On communique fort ! Parmi les soixante-quinze exposants de cette première édition, citons Robbe, Modelud, Scientific France, Teler. Sur neuf jours, le salon enregistrera 96 125 visi
teurs : un succès. Tout ça sans aucun affichage public, seulement une promotion par voie de presse écrite, spécialisée ou non. Les sceptiques eurent le bec cloué !
Côté démonstrations d’aéromodélisme, seuls des hélicos de Scientific France avaient volé, sans aucun filet de protection. Les organismes chargés de la sécurité avaient validé le site car ils ne connaissaient pas vraiment ces activités ! Le CNIT recevra cette exposition jusqu’à l’édition de 1986,avec un nombre de participants, visiteurs et d’exposants qui ne cessera de s’accroître. Et cela grâce toujours à une exceptionnelle couverture médiatique, tant écrite que télévisuelle.
Comexpo rachetant Spodex, la manifestation s’installera au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, dans le Hall 3, en 1987 et 1988, puis, dès 1989, dans le Hall 1, avec sa fabuleuse hauteur sous plafond de 42 mètres. Ce sera alors le Salon International de la Maquette et du Modèle Réduit toujours organisé sur neuf jours : une semaine encadrée par deux week-ends. Ce déménagement à la Porte de Versailles était justifié par un meilleur accès pour les exposants, avec des halls qui facilitaient la circulation des visiteurs.
On notera que les relations d’Alain Barrau furent déterminantes dès la première édition pour le succès de cette « expo ». Propriétaire d’un carnet d’adresses conséquent dans le milieu des médias, il sut l’utiliser très habilement durant toute la période où il présida cette manifestation. Avec ses équipes, Alain se fera fort de bénéficier d’une présence télévisuelle sur toutes les chaînes de TV de l’époque, que ce soit en studio ou pour des reportages à l’extérieur. Durant dix jours, dans la France entière, on parlait de modélisme ! Certaines années, il y eut, sur neuf jours de salon, plus de cinquante passages à la télévision au sujet du modélisme. Remarquable, exceptionnel et efficace pour drainer un nombreux public !
DES TRÈS BELLES ANNÉES, PUIS LA DESCENTE
AUX ENFERS…
C’est pour son vingtième anniversaire que ce salon enregistrera son record d’entrées avec environ 210 000 visiteurs. Les années suivantes se caleront entre 190 000 et 200 000 entrées. Après le départ en retraite de son emblématique créateur en 2002, Comexpo eut à coeur de faire perdurer ce salon. L’édition 2003, malgré une organisation sur dix jours grâce au second week-end de Pâques, connaîtra une forte baisse de fréquentation avec 179 000 entrées seulement. Deux raisons à cela : une conjoncture économique et politique particulièrement trouble (guerre en Irak) et une météo estivale qui avait largement incité les Parisiens, principale clientèle du salon, à déserter Paris, en particulier durant le second week-end (Pâques).
Cette baisse annonçait une tendance qui allait hélas se confirmer au fil des éditions suivantes, malgré l e sursaut du vingt-cinquième anniversaire, en 2004, avec 181 000 visiteurs qui firent le déplacement. Mais hélas, l’année 2005 recevra seulement 156 000 visiteurs…
Le salon va alors chercher sa voie, en se déroulant sur cinq jours en 2006 à la Porte de Versailles, puis sur de nouveau neuf jours, mais cette fois au Parc des Expositions du Bourget en 2007 et 2008. Après une pause en 2009, le salon fut racheté par la société Loisirs et Salons, et sera réactivé de 2010 à 2014 à la Porte de Versailles sur un format de quatre jours. La dernière statistique dont nous disposons est celle de 51 641 visiteurs pour l’édition de 2011. Un animateur nous confiait que les exposants de la dernière édition de 2014 avaient la larme à l’oeil en voyant les allées désertes. La belle histoire s’achevait, inexorablement…
UNE AVENTURE HUMAINE INOUBLIABLE…
Le salon de Paris, grâce aux exceptionnelles relations de son créateur avec le monde des médias, a permis de démocratiser le modélisme en le faisant rentrer quotidiennement durant dix jours chaque année, sur les plateaux de télévision, et donc dans les foyers de millions de Français. Dès la création de ce salon, d’autres manifestations du genre, moins longues certes, mais tout aussi qualitatives, ont été organisées en France. À Lyon, Perpignan, Chambéry, Mulhouse, Cannes, Bordeaux, etc., mais aussi dans des villes de moindre densité, voire de toutes petites villes. Grâce à l’Exposition du Modèle Réduit de 1980 et aux suivantes, l’aéromodélisme, le navimodélisme, l’automodélisme, le modélisme ferroviaire et l’art de la figurine ont été mis en avant, créant dans toutes les régions de France de nombreuses vocations de modélistes. Merci, oui, merci Monsieur Barrau !
REMERCIEMENTS
L’écriture de cette rétrospective de ce qui fut l’un, sinon, le plus bel événement consacré au modélisme n’aurait pu se faire sans consulter les principaux acteurs de ce salon. Merci donc à Alain Barrau, Paul Crépin et Pierre Weck pour les anecdotes, souvenirs et documents qu’ils ont bien voulu nous confier. Il a été, hélas, impératif d’en tirer l’essentiel car un seul numéro de Modèle
Magazine-MRA n’aurait pas suffi pour conter l a totalité de cette extraordinaire aventure.