Douces oranges d'hiver
Sous le doux climat méditerranéen du Lavandou, s’épanouissent des oranges… tout aussi douces !
Aquelques kilomètres près, l’impossible le devient soudain… Entre la ligne de crête et la mer, sur cette frange littorale du Lavandou convoitée de tous, persistent quelques terrasses agricoles où s’épanouissent, sous un climat idéal, les agrumes. Tombée en désuétude, concurrencée par l’intense production espagnole ou marocaine, la présence des orangers doux s’est clairsemée sur notre territoire. Et pourtant, goûter des oranges douces, cueillies à maturité, gorgées de sucre et de jus, est une expérience… proche du bonheur gustatif ! Ces terrasses sont celles patiemment restaurées par Francis, aujourd’hui exploitées par son neveu, Claude. Au démarrage, au milieu des années 1980, des murs effondrés, des mimosas et des eucalyptus invasifs, avaient étendu leur hégémonie. Vingt-cinq ans après, les agrumes y ont retrouvé leur prédominance, et, année après année, Francis replante des arbres qu’il greffe lui-même. Après des essais de greffe
sur Poncirus trifoliata, très résistant au froid, mais finalement sensible à l’humidité hivernale, le jardinier a choisi d’effectuer toutes ses greffes sur le classique bigaradier. Patiemment, il laisse germer ses pépins, garde ses jeunes pousses en pot durant deux ou trois ans, puis, au printemps, quand l’écorce se détache facilement, il sélectionne les gourmands qui donneront lieu au greffage. Dans son verger, deux variétés d’oranges douces : une du type ‘Thomson Navel’ bien adaptée au climat du sud de la France et une ancienne et délicieuse variété d’orange sanguine rapportée d’un voyage en Sardaigne. Le verger est conduit en « zéro phyto » depuis cinq ans. Avec la disparition des traitements, les parasites des nuisibles, tels que cicadelle ou cochenille virgule, ont rétabli l’équilibre dans le verger. Un apport de fumier de cheval tous les deux ans suffit à nourrir l’oranger. En revanche, bien qu’avide de soleil, il nécessite des apports d’eau conséquents en été. Il est également important qu’il ne rencontre pas la concurrence d’autres arbres sur le plan racinaire. Une belle taille est aussi un gage de bonne santé. Les orangers sont taillés à chaque floraison, à Pâques, pour dégager le coeur de l’arbre, laisser pénétrer l’air et le soleil… et ne pas avoir à grimper trop haut pour la cueillette ! Celle-ci s’effectue entre décembre et février, et les fruits, cueillis mûrs, sont rapidement livrés aux restaurateurs et artisans de bouche locaux…