L’argouse, EPVDF FU WJUBNJOÉF
En baie de Somme, il est un arbuste qui pousse naturellement dans les espaces dunaires : l’argousier. On récolte dès la fin de l’été ses baies colorées et concentrées en vitamine C.
2 uand il écrivit le conte de la Belle au bois dormant, Charles Perrault aurait tout à fait pu s’inspirer de l’argousier pour décrire la végétation entourant le château de la belle endormie ! Avec son port dense et ses épines acérées, cet arbuste forme, en effet, une haie défensive parfaite. En France, on connaît encore assez mal cette plante aux baies orangées. Sur notre territoire, elle se trouve à l’état naturel dans deux zones climatiquement opposées : l’espace dunaire de la baie de Somme et les abords des torrents des Alpes. Un peu partout dans le monde, au Québec, en Chine et en Inde, se développent des programmes de recherche et de sélection variétale autour des valeurs nutritives et vitaminiques incomparables de ses tout petits
fruits : leur concentration en vitamine C serait 30 fois supérieure à celle de l’orange ! En baie de Somme, l’argousier fait partie du paysage. Les oiseaux migrateurs de passage dans la région se gavent des fruits mûrs, tout comme le petit gibier, bien à l’abri des taillis, et qui, lui, raffole des jeunes pousses. Dans cette zone où l’on ramasse de nombreux produits de la nature (salicorne, oreille-de-cochon, coques…), l’argousier ne fait pas exception ! Guillaume Leulier en a ainsi fait sa spécialité. Pâtissier de formation, il ouvre un bar en Baie de Somme, et plante, parmi les végétaux de ses massifs fleuris, des argousiers. « J’ai commencé à m’y intéresser, à me renseigner, puis à essayer quelques confitures. » Avec la reprise de l’épicerie fi ne familiale à Abbeville, c’est le déclic. Guillaume développe une gamme complète. La cueillette débute en septembre pour se terminer aux gelées, suivant les années : contrairement aux idées reçues, la baie d’argousier ne se cueille pas blette, et sa récolte s’arrête avec l’arrivée des froids. Guillaume Leulier, avec l’accord des différents organismes régissant la protection du littoral picard, part en cueillette au petit matin. Une pratique à risque, car il faut décrocher les baies une à une… sans se piquer aux redoutables épines. La maturité du fruit est une affaire de spécialiste : en fonction du lieu et de l’orientation, la coloration de l’argouse va ainsi du jaune d’or au rouge le plus vif.