Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, a lancé un appel pour répertorier les vers plats d’origine exotique qui s’attaquent à nos vers de terre.
Le ver plat, ou plathelminthe, possède de nombreux organes des sens. Il se déplace à la surface du sol à la recherche d’un lombric ou le pourchasse dans sa galerie. Il immobilise sa proie, sans doute à l’aide de substances toxiques contenues dans le mucus qui l’entoure, puis il la dévore en une heure environ. Attention, il ne s’agit pas de « parasites », mais bien de prédateurs. À l’approche de l’hiver, certains forment des cocons, des coques noires et dures de 5 mm de diamètre, que l’on trouve sous les pots de fleur par exemple. Ces formes de résistance donneront de jeunes vers plats au printemps. J’ai la certitude que l’inventaire est loin d’être terminé, car chaque semaine apporte son lot de nouvelles observations rapportées par les jardiniers. Aujourd’hui, on a recensé au total quatre espèces de vers plats terrestres en France, mais il se pourrait que d’autres soient confirmées dans un futur proche. En France, on n’a pas suffisamment de recul pour en juger. Une anecdote : au Royaume-Uni, certains pêcheurs à la ligne se plaignent de ne plus trouver de vers de terre pour leurs hameçons ! En Irlande du Nord, qui souff re d’une invasion par une espèce absente en France, une étude scientifique a montré que 20 % des vers de terre disparaissent là où ce ver plat est présent. Mais tous les lombrics ne sont pas touchés de la même façon : ceux qui agissent en profondeur, très importants pour l’équilibre écologique, sont les plus menacés par cette espèce. Des études scientifiques seront indispensables en France pour répondre à cette question. D’abord, ne pas propager l’infestation là où les plathelminthes sont présents : éviter le transport de plantes avec leur terre. Par ailleurs, il n’existe aucun produit de lutte. On peut détruire les animaux en les écrasant, mais c’est peu pratique. En cas de doute, les lecteurs peuvent m’envoyer un échantillon ou une photo, ce qui complétera le recensement. Attention de ne pas les confondre avec une limace ou même un ver de terre !