Montagnes

>Le club alpin austro-allemand et le nazisme,

Le système nazi met en place une politique intégrant les activités sportives dans le vaste ensemble de réorganisa­tion de l’Etat, y compris l’alpinisme appelé à jouer un rôle particulie­r dans la formation de futures élites militaires et à concurrenc­er les

- TEXTE : MICHEL MESTRE.

Quand Hitler accède au pouvoir en 1933, on assiste pour l’essentiel à ce que les nazis nommaient « mise au pas » de l’alpinisme allemand au sein d’un ensemble plus vaste concernant toute l’activité sportive, c’est-à-dire à la suppressio­n des anciennes structures sportives et à leur remplaceme­nt par des nouvelles, dominées chaque fois par une personnali­té nazie, selon l’axiome fondamenta­l du Führerprin­zip, c’est-à-dire de l’obéissance totale et aveugle au chef. On notera, au passage, que ce principe est particuliè­rement adapté à l’alpinisme, où la notion de premier de cordée, ou chef de cordée, chef de course, est prépondéra­nte. Le seul terme de Bergführer (guide de haute montagne, en allemand) peut être interprété ici sous sa forme la plus basique, tant le terme Führer est connoté.

La centralisa­tion complète des activités

Mais, comme toute réorganisa­tion suppose des hypothèses diverses, voire contradict­oires, on constate qu’il y a de fait plusieurs tentatives de structurat­ion qui se manifesten­t par des regroupeme­nts aux appellatio­ns différente­s et fluctuante­s, telles que Deutscher Reichsausc­huss für Leibesübun­gen ou DRL, Deutscher Reichsbund für Leibesübun­gen, Nationalso­zialistisc­her Reichsbund für

Leibesübun­gen : (Comité du Reich allemand pour les activités sportives, Fédération du Reich allemand pour les activités sportives, Fédération nationale-socialiste pour les activités sportives). Peu importe cependant la diversité des dénominati­ons, ce qui l’emporte est la centralisa­tion complète de toutes les activités, avec à leur tête depuis avril 1933, un directeur des Sports/commissair­e aux Sports/ministre des Sports du Reich (peu importe en définitive la traduction du terme allemand Reichsspor­tführer), en l’occurrence le Gruppenfüh­rer SA (officier supérieur) Hans von Tschammer und Osten. Ce dernier est inconnu dans le milieu sportif et, selon certaines sources, aurait même été « victime » d’une méprise, ayant été confondu avec son frère, un sportif de renom. Quoi qu’il en soit, von Tschammer und Osten se met au travail et la « mise au pas » s’effectue avec quelques phases transitoir­es, jusqu’à aboutir, en janvier 1936, à la mise en place de la DRL, avec deux groupes d’activités sportives: un groupe A comprenant, schématiqu­ement, les activités sportives traditionn­elles, les discipline­s olympiques classiques, et un groupe B, avec des activités moins bien classables, comme la voile, le golf et… la marche et les sports alpins.

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Reichsspor­tführer (ministre des Sports) du Reich.
Le Gruppenfüh­rer SA (officier supérieur) Hans von Tschammer und Osten, Reichsspor­tführer (ministre des Sports) du Reich.

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