>Tita Piaz : l’agitateur des Dolomites,
Les tours de Vajolet sont le jardin de Tita Piaz (1879-1948), l’un des plus extravagants grimpeurs de tous les temps… Indépendant, indomptable, cet Italien de langue et de coeur est un irrédentiste farouche. Malgré des liens d’amitié qu’il noue avec les g
Giovanni-Batista dit Tita Piaz naît en 1879 à Pera di Fassa, un des villages de ce val di Fassa qui longe les parois du Catinaccio et monte vers le Passo Sella. Le Latemar mire ses crêtes déchiquetées dans les eaux calmes du lac de Carezza. On se sent loin ici de Cortina d’Ampezzo ou de Madonna di Campiglio. Le val di Fassa, c’est la campagne. Tita sera le désespoir de sa campagne. Turbulent et indiscipliné, le jeune garçon, qui grimpe partout, se fait éjecter de l’école normale de Bolzano où il est boursier. Drôle de bourse que celle de ces bettelstudent : si le Schulverein assure leurs frais pédagogiques, ils doivent mendier leur nourriture. Tita,
Tita, qui ne supporte pas l’autorité, surtout quand elle est dirigée par des Teutons, sera mis à la porte de son école pour refus de confession
qui ne supporte pas l’autorité, surtout quand elle est exercée par des Teutons, sera mis à la porte pour s’être dérobé à l’obligation de la confession (il ne supporte pas non plus l’autorité religieuse) et avoir organisé une
kneiperei (une beuverie) la veille de Noël. Il ne tient pas en place, Tita. Les Dolomites vont être le réceptacle de son énergie débor- dante. Il les découvre à quatorze ans, tout seul, à la Forca di Davoi. Le massif du Catinaccio tout proche lui prodigue de nombreuses occasions d’excursions, et c’est là qu’il signe une série de hauts faits, souvent seul. Les tours de Vajolet excitent prodigieusement son ego de grimpeur. Il y a un refuge au pied des voies, des touristes pour l’admirer, il peut entendre des parois les
« oh! » et les « ah! » des jeunes filles à épater. C’est qu’il est volontiers exhibitionniste, Tita. Il faut dire qu’il est pauvre, et qu’il a hâte de sortir de sa condition trop modeste, lui que les habitants du val di Fassa ont vite intronisé
« le meilleur grimpeur des Dolomites » . Le
pire, c’est qu’ils n’ont pas tort…