Montagnes

OSEZ LE SKI DE RANDO !

Techniques et itinéraire­s

- Textes : Philippe Brass.

Le ski de randonnée est sorti de sa bulle “alpinistiq­ue” pour intéresser un public varié. Des communauté­s internet se sont construite­s et distillent avec entrain impression­s, informatio­ns et points de rendez-vous. Certains adulent, d’autres critiquent mais tous consultent ! L’offre matérielle est devenue pléthoriqu­e, si bien que l’on se souvient parfois ému du temps pas si lointain où les marques proposant des skis dédiés se comptaient sur les doigts d’une main les chaussures et les fixations tellement nulles qu’il fallait parfois en passer par le bricolage de matériel de skis de piste si l’on aspirait à un peu plus de performanc­e. Côté vêtements, la légèreté rivalise avec le soyeux des matières et les couleurs joyeuses, les vieilles vestes bleues ou rouges restent au fond des armoires. Derrière cette révolution, c’est la compétitio­n qui a joué un rôle majeur, le ski de randonnée est devenu le ski-alpinisme, la légèreté et la performanc­e du matériel recherchée­s par les compétiteu­rs se sont imposées à tous. Le randonneur à skis n’est plus un mais trois, selon qu’il aille vite, qu’il apprécie le rouge et le saucisson, ou qu’il arbore un pantalon XXL et des skis si larges que les premiers pourraient d’un seul ski en faire une paire !

Enfin, dernier changement et pas des moindres, les skieurs profitent de toutes les neiges en tous lieux, des premières aux dernières. Les repères quant à la stabilité du manteau s’en trouvent souvent bien bousculés avec l’effacement du concept du ski de printemps qui laissait espérer une couverture neigeuse stabilisée en profondeur et les crevasses des glaciers comblées. Tout populaire qu’il soit, le ski de randonnée n’en demeure pas moins une activité complexe qu’il convient de décoder pour en apprécier les plaisirs.

LE MATÉRIEL

Les skis se sont élargis, entre 80 et 88 de largeur au patin, et la longueur standard se choisit la spatule au niveau des yeux. Ces valeurs connaîtron­t bien des variables selon les skieurs mais servent de référence pour les débuts. Depuis sa première commercial­isation en 1989 par Dynafit, la fixation à inserts inventée par l’Autrichien Fritz Barthel est devenue un standard, portant au rang de l’anecdote les fixations à plaque. Le gain de poids et la position de l’axe de rotation par rapport au pied imposent le principe quel que soit le niveau de pratique du skieur, et ce d’autant plus que toutes les marques de chaussures ont équipé leurs modèles dédiés des fameux inserts. La marque mère a aujourd’hui perdu son monopole, et plusieurs fabricants de fixations ont adopté cette technologi­e. La chaussure idéale n’existe pas, mais peu à peu les modèles dédiés concilient réellement une tenue du pied suffisante en descente et une position propice à la montée. Sur ce point, il faut insister sur un grand débattemen­t du collier vers l’arrière, vous trouverez bien plus facilement le bon équilibre et le bon geste qui fera mordre la peau et vous propulsera joyeusemen­t en avant sans les rétropédal­ages désagréabl­es que ne manqueront pas de causer des appuis fuyants. Les peaux autocollan­tes suivent le dessin du ski et sont proposées par le fabricant de skis ou découpées sur mesure. Les carres doivent être dégagées mais sans plus. Tous les bâtons peuvent convenir choisis 5 centimètre­s plus longs que pour la piste et avec des rondelles assez larges et une pointe efficace. Un revêtement antidérapa­nt sur le haut permet de le saisir plus bas que la poignée, indispensa­ble pour le bras amont en montée dans les pentes fortes. À tout cet équipement technique viennent s’ajouter le DVA (Détecteur de victimes d’avalanche), la pelle et la sonde, indispensa­bles pour la recherche d’une victime. Ils doivent être embarqués dès le départ de la randonnée sans aucune exception, il faudra dès les premières sorties en apprendre le maniement même si, évidemment, choisir un lieu avec des risques réduits caractéris­e la sortie de découverte. L’allumage et le fonctionne­ment du DVA doivent être contrôlés au départ de la randonnée.

PREMIÈRES SORTIES

Silence on débute. Ainsi devrait se résumer le caractère premier pour le choix d’un itinéraire de découverte : un lieu sympathiqu­e, avenant et humain, exempte de l’agitation urbaine que l’on retrouve parfois dans les stations de ski. La montagne en hiver possède bien des charmes, et traverser un village entre le son des sonnailles et les odeurs des foyers que l’on réactive au petit matin donnent une note définitive­ment paisible à votre aventure nouvelle. La conviviali­té ne doit pas être en reste, la rando se pratique idéalement en groupe, ce qui peut aussi devenir un atout de sécurité. Une course régulièrem­ent fréquentée offrira

 ?? © Ulysse Lefebvre ?? Faire la trace : l’un des plaisirs propres au ski de rando. Ici, au pied du Grand Parra (2 012 m), dans les Bauges.
© Ulysse Lefebvre Faire la trace : l’un des plaisirs propres au ski de rando. Ici, au pied du Grand Parra (2 012 m), dans les Bauges.
 ?? © Leila Shahshahan­i ?? Sous le lac de la Motte, dans la montée au col de Mouchillon (2 460 m) dans le massif de Belledonne.
© Leila Shahshahan­i Sous le lac de la Motte, dans la montée au col de Mouchillon (2 460 m) dans le massif de Belledonne.

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