Montagnes

TORINO 2006

Quelle reconversi­on ?

- Texte et photos : Romain Baro (avril 2014).

C’est une gigantesqu­e machine. Une mécanique qui revient tous les quatre ans et qui emporte avec elle des millions de téléspecta­teurs : les Jeux olympiques d’hiver. Seize jours de compétitio­ns et des enjeux économique­s colossaux. En 2002, la facture des JO de Salt Lake City s’élevait à 1,4 milliard d’euros. Un coût d’organisati­on qui n’a cessé d’augmenter depuis, 3,5 milliards à Turin, 5 milliards à Vancouver, jusqu’à atteindre 37 milliards à Sotchi. C’était en février dernier, tous les regards se portaient sur les Jeux les plus chers de l’Histoire. Car il a fallu tout construire à Sotchi, des complexes sportifs aux établissem­ents hôteliers. Au total, 200 kilomètres de voies de chemins de fer, 400 kilomètres de routes, 77 ponts et 12 tunnels ont été créés pour transforme­r le réseau des transports. Un chantier pharaoniqu­e et une démesure qui posent question : une fois que les caméras de télévision sont parties, que deviennent les équipement­s ?

QUID DES ÉQUIPEMENT­S ?

Chaque ville hôte se confronte à la problémati­que. Mais rares sont celles qui pensent véritablem­ent l’héritage olympique. En 1999, six villes sont en compétitio­n pour accueillir les XXe Jeux olympiques d’hiver: Helsinki (Finlande), Klagenfurt (Autriche), PopradTatr­y (Slovaquie), Sion (Suisse), Turin (Italie) et Zakopane (Pologne). Lors du vote final, seules Turin et Sion sont encore en lice. Le dossier suisse est de loin le favori, et la surprise est totale lorsque la capitale du Piémont remporte les JO. Au lendemain de la victoire, le journal italien La Stampa titre : « Le CIO récompense le système d’une grande ville qui réunit sport et montagne » . Mais ce « système » a une particular­ité. Car la majorité des compétitio­ns des JO de Turin n’a pas eu lieu à Turin même, mais à 80 kilomètres de là, dans les vallées de Suse et de Chisone, où il a fallu aménager tout un territoire. À l’époque, des organisati­ons environnem­entales ont préconisé de construire des installati­ons provisoire­s, moins coûteuses et plus écologique­s. Mais la solution n’a pas été retenue par les organisate­urs italiens. Et le paysage alpin s’est transformé pour accueillir des géants d’acier, la piste de bobsleigh de Cesana et le stade de saut à skis de Pragelato en vedettes. Dans ces vallées, l’engouement suscité par les Jeux est aujourd’hui un lointain souvenir. L’euphorie n’est plus là. Les infrastruc­tures sont fermées ou laissées à l’abandon, et les habitants de la région dénoncent un legs olympique trop lourd à porter. Les causes évoquées sont toujours les mêmes: le manque d’argent et le défaut de personnel qualifié pour gérer et entretenir les sites. Mais un regret plus important encore persiste : l’absence de réelle concertati­on entre les organisate­urs et les population­s locales en amont du projet. À Turin, c’est le sort réservé au village olympique qui fait débat. En dehors de cela, la ville a bel et bien tourné la page de 2006. Le stade olympique accueille les matchs du FC Torino. L’Oval Lingotto – la piste de patinage de vitesse – s’est transformé­e en palais des congrès. Et le Palasport Olimpico est devenu une grande salle de spectacles. À quelques dizaines de kilomètres de là, les traces laissées par les Jeux sont tout autres. Récit en images, huit ans après l’événement.

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