TORINO 2006
Quelle reconversion ?
C’est une gigantesque machine. Une mécanique qui revient tous les quatre ans et qui emporte avec elle des millions de téléspectateurs : les Jeux olympiques d’hiver. Seize jours de compétitions et des enjeux économiques colossaux. En 2002, la facture des JO de Salt Lake City s’élevait à 1,4 milliard d’euros. Un coût d’organisation qui n’a cessé d’augmenter depuis, 3,5 milliards à Turin, 5 milliards à Vancouver, jusqu’à atteindre 37 milliards à Sotchi. C’était en février dernier, tous les regards se portaient sur les Jeux les plus chers de l’Histoire. Car il a fallu tout construire à Sotchi, des complexes sportifs aux établissements hôteliers. Au total, 200 kilomètres de voies de chemins de fer, 400 kilomètres de routes, 77 ponts et 12 tunnels ont été créés pour transformer le réseau des transports. Un chantier pharaonique et une démesure qui posent question : une fois que les caméras de télévision sont parties, que deviennent les équipements ?
QUID DES ÉQUIPEMENTS ?
Chaque ville hôte se confronte à la problématique. Mais rares sont celles qui pensent véritablement l’héritage olympique. En 1999, six villes sont en compétition pour accueillir les XXe Jeux olympiques d’hiver: Helsinki (Finlande), Klagenfurt (Autriche), PopradTatry (Slovaquie), Sion (Suisse), Turin (Italie) et Zakopane (Pologne). Lors du vote final, seules Turin et Sion sont encore en lice. Le dossier suisse est de loin le favori, et la surprise est totale lorsque la capitale du Piémont remporte les JO. Au lendemain de la victoire, le journal italien La Stampa titre : « Le CIO récompense le système d’une grande ville qui réunit sport et montagne » . Mais ce « système » a une particularité. Car la majorité des compétitions des JO de Turin n’a pas eu lieu à Turin même, mais à 80 kilomètres de là, dans les vallées de Suse et de Chisone, où il a fallu aménager tout un territoire. À l’époque, des organisations environnementales ont préconisé de construire des installations provisoires, moins coûteuses et plus écologiques. Mais la solution n’a pas été retenue par les organisateurs italiens. Et le paysage alpin s’est transformé pour accueillir des géants d’acier, la piste de bobsleigh de Cesana et le stade de saut à skis de Pragelato en vedettes. Dans ces vallées, l’engouement suscité par les Jeux est aujourd’hui un lointain souvenir. L’euphorie n’est plus là. Les infrastructures sont fermées ou laissées à l’abandon, et les habitants de la région dénoncent un legs olympique trop lourd à porter. Les causes évoquées sont toujours les mêmes: le manque d’argent et le défaut de personnel qualifié pour gérer et entretenir les sites. Mais un regret plus important encore persiste : l’absence de réelle concertation entre les organisateurs et les populations locales en amont du projet. À Turin, c’est le sort réservé au village olympique qui fait débat. En dehors de cela, la ville a bel et bien tourné la page de 2006. Le stade olympique accueille les matchs du FC Torino. L’Oval Lingotto – la piste de patinage de vitesse – s’est transformée en palais des congrès. Et le Palasport Olimpico est devenu une grande salle de spectacles. À quelques dizaines de kilomètres de là, les traces laissées par les Jeux sont tout autres. Récit en images, huit ans après l’événement.