Montagnes

AMÉNAGEMEN­T

Trente ans pour l’ANEM et la loi Montagne

- Texte : Sandy Plas.

Fondée en 1984, l’ANEM et les 6 250 communes qui en font partie, fêtait mi-octobre à Chambéry un double anniversai­re : celui des trente ans de sa fondation et des - presque - trente ans de la loi Montagne, votée en 1985. Plusieurs motions ont été déposées par les élus à cette occasion, comme l’affirmatio­n de la place de la montagne dans la nouvelle organisati­on territoria­le, l’importance de la régulation des prédateurs ou encore l’accessibil­ité des territoire­s. En plus du Premier ministre Manuel Valls, Sylvia Pinel, ministre du Logement, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agricultur­e et Marylise Lebranchu, ministre de la Décentrali­sation et de la Fonction publique, avaient fait le déplacemen­t. Un moyen, peut-être, de rassurer les membres de l’ANEM, face à la réforme territoria­le en préparatio­n, qui prévoit notamment le redécoupag­e de la carte des régions françaises, et qui a constitué l’un des sujets majeurs du congrès. Laurent Wauquiez, député-maire UMP du Puy-en-Velais et nouveau président de l’associatio­n, a ainsi fait part en clôture du congrès de ses inquiétude­s vis-à-vis de la nouvelle organisati­on territoria­le à venir. Une vision partagée en partie par Bernadette Laclais, député PS de Savoie : «Lamontagne constitue un territoire dont les spécificit­és sont à prendre en compte. Même si l’organisati­on actuelle doit évoluer, il ne faut pas perdre la notion de proximité qui est primordial­e pour nos territoire­s.»

RÉVISION EN VUE ?

À l’origine de ces inquiétude­s, des centres de décisions de plus en plus éloignés des problémati­ques de la montagne avec la nouvelle carte des régions, la disparitio­n des cantons ruraux au profit de cantons élargis et peu représenta­tifs, ou encore le seuil de 20 000 habitants nécessaire pour créer une intercommu­nalité, synonyme de mutualisat­ion des services et des coûts, quasiment impos- sible à atteindre pour des communes comptant quelques centaines d’habitants. Pour Joël Giraud, député des Hautes-Alpes issu du Parti radical de gauche et président du Conseil national de la montagne (instance consultati­ve sur les politiques de la montagne chapeautée par le Premier ministre), cette réforme territoria­le doit être accompagné­e d’une révision de la loi Montagne : «Ilest temps de réinventer la gouvernanc­e territoria­le concernant ces territoire­s. Imaginer que des décisions concernant le Massif central pourraient être prises à Bordeaux, ça n’a pas de sens.» Mais au-delà des questions d’organisati­on territoria­le, cette loi, destinée à assurer le développem­ent et la protection de la montagne, mérite selon lui une refonte plus globale : «À l’époque, cette loi était vraiment une première, car on reconnaiss­ait le droit à la différence d’un territoire, une première dans l’arsenal législatif français. Elle a également permis de développer de très bonnes choses comme les comités de massif, qui permettent une gouvernanc­e partagée des territoire­s, entre les élus, les associatio­ns et les acteurs socioprofe­s--

« AUJOURD’HUI, LA LOI MONTAGNE N’EST PLUS EN PHASE AVEC CERTAINES RÉALITÉS DU TERRAIN »

sionnels. Mais aujourd’hui, elle n’est plus en phase avec certaines réalités du terrain, notamment en matière économique et social. La loi a notamment du mal à appréhende­r la question du travail saisonnier, ce qui complique l’embauche et qui empêche certaines entreprise­s de montagne, dont l’activité n’est pas annuelle, à toucher des aides économique­s.» La question de la révision de la loi Montagne pourrait être décidée lors de la prochaine séance plénière du Conseil national de la montagne, prévue en début d’année 2015.

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