Montagnes

MONTAGNE DEBOUT, UN NOUVEAU MOUVEMENT CITOYEN ?

Ils sont une dizaine d’étudiants, chercheurs, profession­nels de la montagne ou simples pratiquant­s à l’origine de l’initiative. Montagne Debout reçoit un succès inattendu et oblige ses lanceurs à inventer rapidement la suite.

- Par Leïla Shahshahan­i

À l’origine, un questionna­ire à remplir. « Au lieu d’ être spectateur­s assistant à un jeu d’ acteurs, prenons les choses en main et occupons la scène! Rassemblon­s-nous pour décider de l’ avenir de nos montagnes », invite le collectif. Le 9 mars, un peu plus d’un mois après le lancement de la consultati­on, 6 500 personnes avaient répondu. Parmi elles, près de 800 guides, accompagna­teurs et gardiens de refuge. Pour Frédi Meignan, président de Mountain Wilderness, partie prenante de la démarche, ce succès montre que « quelque chose est entrain de bouger ». Mais quoi? «Un besoin de démocratie. Quand les gens n’ attendent plus grand-chose des pouvoirs publics, soit c’ est l’ a battement, soit il y a un sursaut. » Il veut croire à une autre montagne :« Selon les chiffres du tourisme dans les massifs alpins ,4,8 milliards d’ euros proviennen­t du périmètre des stations contre 6,2 milliards provenant du reste du territoire montagnard. Pourtant ,90% des investisse­ments publics et privés vont aux stations alors que ce type de tourisme stagne voire régresse. »

Pauline Muller, étudiante en sciences humaines et sociales à Lyon, fait partie du collectif à l’origine de la consultati­on. Nous lui avons demandé ce qu’est Montagne Debout.

Montagne Debout semble faire écho au mouvement Nuit Debout. Donnez-vous un sens politique à votre démarche ?

Pauline Muller : Oui d’une certaine manière, même si nous n’avons aucun parti pris politique. L’arrivée de Laurent Wauquiez à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec son conseiller Gilles Chabert, propose une vision de la montagne centrée sur les canons à neige et réduite à une saison de trois mois. Ils ont porté des coups durs à beaucoup de personnes, notamment dans le monde associatif s’occupant des questions sociales, environnem­entales ou culturelle­s. Leurs positions outrancièr­es ont fait déborder le vase et créé l’élan énorme qui se manifeste à travers notre consultati­on.

Comment comptez-vous structurer ce mouvement ?

P.M. : C’est une démarche participat­ive dans laquelle tout citoyen qui se sent concerné pourra prendre part aux décisions. Les réponses des participan­ts montrent qu’ils se sentent dépossédés des décisions prises par les élus et qu’ils ont envie d’agir pour porter une autre vision de la montagne, pour ne pas laisser les aires naturelles être gérées n’importe comment. Plus de 99 % se disent prêts à s’investir, d’abord dans leurs gestes quotidiens, lors d’actions ponctuelle­s ou via des associatio­ns. L’implicatio­n dans la vie politique locale vient en dernier, témoignant du sentiment d’éloignemen­t des citoyens avec les élus.

Le milieu montagnard n’est pas homogène, les conviction­s politiques sont diverses, y compris parmi les participan­ts à la consultati­on. Comment mettre tout le monde d’accord ?

P.M. : Nous devrons y réfléchir. Il y a beaucoup de choses qui peuvent rassembler les citoyens à partir du constat que le changement climatique ne permet plus de poursuivre sur le modèle porté par les élus. Y compris parmi des gens qui ont des divergence­s d’opinion politique. Il est possible aussi que ce mouvement attire des personnes étrangères au milieu montagnard mais réceptives au discours porté.

Le mouvement peut-il se passer de leaders ?

P.M. : Ce point devra être discuté même si ce n’est pas l’approche que nous privilégio­ns. Plutôt que de focaliser sur des personnes, nous voulons structurer le mouvement en plusieurs groupes qui travailler­ont sur des thématique­s variées. Nous voulons nous donner l es moyens de maintenir l’élan qui s’est manifesté et s’organiser pour qu’il ne s’essouffle pas.

Le collectif annonce l’organisati­on de deux journées d’ateliers créatifs avant l’été, espérant regrouper 2 000 personnes. La consultati­on devrait se terminer mi-avril.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France