Montagnes

AVALANCHE FRAYEUR SUR UNE PISTE DE TIGNES

Le 6 mars, la responsabl­e de la cellule Montagne et Nivologie de Météo France, Cécile Coléou, rappelait lors d’un point presse sur le risque d’avalanche que les coulées survenant sur des pistes de ski étaient très rares. Le lendemain, l’aérosol d’une aval

- Par Leïla Shahshahan­i (1) Indices de risque 2 et 3 : utilise-t-on correcteme­nt les informatio­ns du BRA ? Neige et avalanches n°155.

Il était 9 h 50 quand une avalanche de type aérosol s’est déclenchée (ndlr : a priori de manière spontanée) sur le secteur hors-piste de Grande Balme à Tignes. Le bulletin d’estimation du risque d’avalanche pour le massif de la Haute-Tarentaise indiquait un fort risque d’avalanche y compris spontané pour la journée du 7 mars, toutes orientatio­ns confondues, avec un indice de 4 sur une échelle européenne de 5 pour les secteurs situés en dehors des pistes balisées et ouvertes. « Pourlesect­eur deTignes,o na enregistré un cumul d’ un mètre de neige en trois jours », expliquait la nivologue de Météo France le jour de l’évènement. La station a précisé que quatre skieurs se trouvant sur la piste bleue ouverte Carline (secteur du Palet) ont été « secoués » par l’aérosol provoqué par la coulée, ajoutant que celle-ci n’avait pas atteint la piste. D’après le service des pistes, la pente dans laquelle s’est déclenchée l’ava- lanche de plaque ne se situe pas dans un secteur couvert par les Gazex (dispositif de déclenchem­ent des avalanches à distance) car« de mémoire deTig nard, aucun épisode ne s’ était jusqu’ alors produit à cet endroit ». Il précise« qu’ il faudra en tenir compte pour les saisons prochaines ». La station rappelle que les pisteurs« avaient bien engagé depuis 5 h30leP land’ Interventi­on de déclenchem­ent d’ avalanches( P IDA )» et que« la piste Carline se trouve sous 3 Gaz ex qui ont bien été déclenchés sans provoquer de coulée ». Depuis 1980, l’Associatio­n nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (Anena) a recensé treize accidents d’avalanche mortels (20 décès) sur des pistes. Le plus meurtrier, qui s’est déroulé à Val Thorens où sept personnes ont trouvé la mort le 21 novembre 1992, a valu une condamnati­on à la commune de Saint-Martin-de-Belleville en 2006 pour n’avoir pas prescrit la fermeture de la piste alors qu’elle « était incluse dans une zone susceptibl­e d’être affectée par plusieurs coulées avalancheu­ses » et que« les bulletins météorolog­iques et les bulletins neige-avalanches présent aient la veille du drame une alerte claire et précise quant à un risque sérieux d’ avalanche sur tous les massifs montagneux ». Le dernier accident mortel remonte au 29 mars 2013 quand une skieuse est décédée suite à une avalanche survenue sur une piste rouge de la station des Arcs en Savoie.

LA QUESTION DU « RISQUE 3 »

Selon le bilan publié par l’Anena au 7 mars, 17 personnes sont mortes par avalanche depuis le début de la saison. Sur les 10 accidents mortels, sept se sont produits par « risque 3 », dont celui du 13 février faisant quatre morts dans un hors-piste à Tignes. Cet indice de risque est souvent objet à controvers­e. Plus de la moitié des accidents d’avalanche (56 %) se produisent par risque « marqué » (3) comme en témoignent les données recueillie­s en France entre 1999 et 2016 par l’Anena. Faudrait-il imaginer une échelle de risque à quatre niveaux pour les pratiquant­s, la fréquentat­ion de la montagne en indice de risque 5 étant« quasiment impossible» comme le reconnaît la nivologue de Météo France Cécile Coléou ?« L’ indice de risque 3 est trop souvent compris comme un risque“moyen” alors que l’ échelle précise qu’ il s’ agit d’ un risque“marqué ”.» Elle regrette que ce débat masque le vrai problème. «Quelle que soit l’ échelle, la valeur chiffrée est trop réductrice et doit être complétée parles autres informatio­ns du bulletin .» Elle reconnaît que le message a du mal à passer, auprès des pratiquant­s comme des médias, malgré les efforts de Météo France ces dernières années pour rendre plus précis et plus lisible le bulletin en hiérarchis­ant les niveaux d’informatio­ns, notamment à l’aide de pictogramm­es. Dans un article publié dans la revue de l’Anena en novembre 2016 le guide de haute montagne Olivier Mansiot a conclu, à travers l’étude de 40 accidents d’avalanche survenus au cours des saisons 20142015 et 2015-2016, que« dans 73% des accidents analysés, la pente dans laquelle l’ accident s’ est dé roulé était décrite dans le bulletin de risque d’ avalanche parle biais d’ au moins trois indicateur­s: altitude, rosa ce, texte ». Il est convaincu qu’une meilleure lecture du bulletin permettrai­t de réduire «significat­ivement» le nombre d’ accidents.

DEPUIS 1980, L’ANENA A RECENSÉ TREIZE ACCIDENTS D’AVALANCHE MORTELS SUR DES PISTES, FAISANT 20 DÉCÈS

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