Montagnes

« LE NÉPAL EST EN TRAIN DE MOURIR À CAUSE DE LA GESTION DE SES DÉCHETS »

Collecter les déchets de l’Everest et réfléchir à leur traitement dans la vallée et plus largement à l’échelle du Népal : voilà l’objectif du projet Everest Green, porté par l’associatio­n Montagne et Partage et actuelleme­nt en cours en Himalaya.

- Par Sandy Plas

Ils auront 38 jours exactement pour nettoyer les pentes de l’Everest, des déchets réapparus au gré du réchauffem­ent climatique et du tremblemen­t de terre d’avril 2015. Quatre à cinq tonnes au total, à ramasser entre le camp de base à 5535 mètres d’altitude et le col Sud, à 7906 mètres. Cette opération de nettoyage, organisée dans le cadre du projet Everest Green, sera menée sur place par une dizaine de sherpas et les membres de l’associatio­n Montagne et Partage, à l’origine de cette expédition environnem­entale débutée le 6 avril dernier. Des opérations de nettoyage, l’Everest en a connu beaucoup. Quoi de neuf alors dans la démarche ? « Danslaplup­artdes cas, une fois que les déchets étaient redescendu­s au camp de base, on n’ avait aucune info sur ce qu’ ils de venaient ensuite », regrette Gérard Clermidy, président et fondateur de Montagne et Partage, une associatio­n humanitair­e qui oeuvre, au Népal, en faveur de l’éducation des enfants et plus largement des population­s locales. Car derrière le nettoyage volontaire­ment médiatique du plus haut sommet de la planète, se cache un objectif plus grand : une mise en lumière des défaillanc­es de la gestion des déchets au Népal et la recherche de solutions .« Il faut savoir qu’ au Népal, un pays de 30 millions d’ habitants, il n’ existe aucune usine de traitement des déchets, tout est rejeté dans la nature et se dé verse ensuite dans les eaux que boivent les plus pauvres. Le pays est entrain de mourir à cause de la gestion des es déchets .»

CHAÎNE DE TRAITEMENT

Une fois collectés sur l’Everest, les déchets seront ainsi acheminés au camp de base pour un premier tri. Ce qui ne pourra pas être brûlé dans un incinérate­ur sera trans- porté à dos de yack puis en avion jusqu’à Katmandou, pour être recyclé ou envoyé dans des usines de traitement en Inde, pour le métal ou le verre. « L’objectifes­tde montrer qu’ il est possible de mettre en place unechaînep­ourgér erlesdéche­tset d’ appuyer sur l’ importance de créer une usine de retraiteme­nt àKatmand ou .» Mais une fois l’opération terminée, quelles solutions pérennes envisager ? Si l’Everest semble s’engager dans un chemin plus vertueux sur la question de la gestion des déchets, avec la mise en place d’une caution de 600 dollars demandés à chaque alpiniste et reversés après pointage des déchets et des bouteilles d’oxygène, le chemin reste encore long. « Comment in citer le personnel des expédition­sàr edescendre­le sdéche ts collectés quand il n’ est pas payé plus pour le faire? Il y a un vrai travail à faire sur l’ éducation, pour faire comprendre les en jeux qui entourent le sujet, mais les expédition­s devront aussi intégrer le coût de leur portagepou­rquele s habitudes changent vraiment », défend le président de Montagne

« AU NÉPAL, IL N’EXISTE AUCUNE USINE DE TRAITEMENT DES DÉCHETS, TOUT EST REJETÉ DANS LA NATURE ET SE DÉVERSE ENSUITE DANS LES EAUX QUE BOIVENT LES PLUS PAUVRES »

et Partage, qui appelle également au passage les alpinistes engagés sur l’Everest (ou d’autres sommets Himalayens), à s’intéresser à la question, en allant plus loin que la simple collecte de leur déchet. Dans les prochains mois, un film retraçant l’expédition devrait voir le jour pour être diffusé en France et, espère Gérard Clermidy, au Népal, pour sensibilis­er les population­s, premières concernées par la défaillanc­e du système de retraiteme­nt des déchets.

 ?? © Gérard Clermidy ?? Le Lhoste (à droite) et l’Everest (à gauche), au centre des attentions de l’initiative Everest Green.
© Gérard Clermidy Le Lhoste (à droite) et l’Everest (à gauche), au centre des attentions de l’initiative Everest Green.

Newspapers in French

Newspapers from France