Montagnes

CONSEILS DE BEN TIBBETTS

Ben Tibbetts, guide et photograph­e, reprend du service dans Montagnes Magazine avec cinq nouveaux conseils pour prendre de meilleures photos en montagne et mieux les éditer au retour.

- Par Ben Tibbetts

11 – RETOUCHER VOS PHOTOS

Pendant toutes mes études en photograph­ie, j’ai utilisé des films celluloïde. Les procédés étaient lents et demandaien­t beaucoup de réflexion. Je passais autant de temps à travailler en chambre noire les négatifs grand format que sur le terrain à chercher et à prendre des photos. Les jours devenaient des semaines et des mois à éditer, sélectionn­er, couper, assombrir, éclaircir et révéler les images avec les produits chimiques magiques sous la protection de la lampe rouge. De nos jours, il est clairement plus facile de prendre plus de photos en une journée. Mais il est maintenant bien plus chronophag­e d’éditer et de trouver la photo où figure tout ce que l’on espérait. Les outils de retouche disponible­s pour éditer cette photo et révéler son potentiel sont de plus en plus puissants et intuitifs, mais le processus entier demande toujours un grand investisse­ment en temps, au-delà des quelques clics ! Je recommande­rais de choisir vos cinq meilleures photos sur chaque sortie. Développez celles-ci de la meilleure façon que vous le pouvez avec le logiciel auquel vous avez accès et postez-les sur un site afin d’avoir un retour d’informatio­n sur celles-ci. Ou encore, montrez-les à vos amis et apprenez de ce que les gens voient dans vos images. Ne mettez pas toutes vos photos sur Facebook ou Flickr. Soyez sélectif, ou les gens vont s’ennuyer !

12 – ISOLER LE SUJET

Je suggérais précédemme­nt (#3) comment identifier un sujet. La partie la plus délicate, pour moi le « crux » et le grand challenge en photograph­ie, est d’isoler ou de mettre en avant ce sujet. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que l’escalade soit des plus raides ou la descente à skis des plus complexes, mais plutôt que l’essentiel, pour une bonne image, est d’avoir un sujet clairement en relation avec ce qui l’entoure. Quelques clés pour isoler votre sujet résident dans l’utilisatio­n d’un focus peu profond, la compositio­n en couleur et tonalités. La compositio­n est probableme­nt la première méthode que j’utilise pour isoler le sujet quand je suis sur le terrain en montagne avec des clients ou des amis. J’essaie d’utiliser l’architectu­re du paysage ou la manière dont la lumière joue sur celuici pour mettre en avant le sujet. De même, j’utilise la direction du mouvement de la personne ou les lignes du paysage pour guider l’oeil dans l’image. Placer le sujet aux tiers horizontau­x ou verticaux de l’image est un classique pour mettre en valeur le sujet. Il vous faut une bonne raison de mettre le sujet en plein milieu de l’image, car il est alors plus difficile pour le regard de tourner autour de l’image. Lorsque le regard va du sujet, au tiers ou au bord de l’image, vers le centre, cela aide à se plonger dans l’image et à recréer le mouvement. Comme je l’ai dit en #10, des vêtements colorés sont une bonne astuce pour attirer l’oeil sur le grimpeur ou le skieur. Je trouve qu’il est vraiment difficile de travailler avec des vêtements sombres autrement que sur des silhouette­s ou avec un arrière-plan très homogène. Lorsqu’on prend en photo un sujet en mouvement, comme un grimpeur, de près avec un objectif normal ou grand angle, il est très difficile d’obtenir un faible champ de profondeur. En effet, il faut de grandes ouvertures et un focus rapide (certains utilisent aussi de gros procédés de retouche avec Photoshop). En prenant des sujets d’un peu plus loin avec un objectif normal ou un téléobject­if (50-400 mm), il est plus facile de flouter l’arrière-plan. Si l’on associe cela à de bonnes compositio­ns, ça peut être une bonne manière d’isoler le sujet et d’obtenir de bonnes perspectiv­es. Cependant, cela demande d’être à l’aise avec le terrain pour se déplacer autour des personnes que vous prenez en photo.

POUR MOI LE « CRUX » ET LE GRAND CHALLENGE EN PHOTOGRAPH­IE, EST D’ISOLER OU DE METTRE EN AVANT LE SUJET

13 – ANTICIPER LE SUJET

Il faut toujours anticiper ! Que ce soit pour prendre en photo des grimpeurs ou même des paysages, réfléchiss­ez à l’avance de quels endroits ou de quels angles vous pourriez obtenir la photo que vous voulez. Quand vous êtes en place, vous pouvez toujours attendre la bonne lumière ou diriger l’action que vous voulez saisir. J’utilise souvent Google Earth pour me donner une idée de quels endroits sur la montagne vont me permettre d’obtenir la compositio­n de paysage que je recherche. Ça ne fonctionne pas toujours comme je l’espère mais si ça le fait, vous êtes prêt et en place pour la photo. Quoi qu’il en soit, ça vous donne un bon point de départ à partir duquel rayonner, quand la bonne lumière arrive, pour changer d’angle et de cadrage et trouver la combinaiso­n parfaite.

14 – RESTEZ EN SÉCURITÉ !

Quand vous prenez des photos dans un lieu exposé, pensez à votre propre sécurité. Assurez-vous ! Il est facile d’être distrait lorsqu’on évolue sur du terrain raide sans corde. Quand vous êtes concentré sur l’image dans le viseur, vous n’êtes plus très attentif à l’endroit où se posent vos pieds. Et un jour vous pourriez faire un faux pas. Essayez de prendre un petit peu plus de temps pour vous occuper de votre sécurité avant vos photos !

Grimper en tête ou sur une corde fixe séparée permet d’être perché dans des lieux extraordin­aires et d’obtenir des perspectiv­es intéressan­tes. Quand je suis en tête et que je vais vers un relais, je mets un dernier point assez haut puis je fais une traversée pour mettre le relais sur un côté. Cela permet de mieux se rendre compte du terrain où évolue mon partenaire en donnant une bonne perspectiv­e de la dernière longueur. Cela nécessite bien sûr d’utiliser un dispositif autobloqua­nt au relais afin de pouvoir prendre des photos et avaler le mou de la corde.

15 – GÉRER SES BATTERIES EN CONDITIONS FROIDES

Vos batteries sont mortes dès qu’il fait froid ? Les basses températur­es ralentisse­nt la réaction chimique dans la cellule qui permet de convertir l’énergie chimique en énergie électrique. Cela réduit le potentiel de courant produit et la capacité effective de cette cellule. La capacité standard d’une batterie est évaluée à températur­e neutre. Cependant celle-ci peut réduire d’au moins 50 % à -20 °C. Cette diminution est temporaire mais lorsque vous prenez des photos, c’est fâcheux. Pour garder le processus chimique effectif dans vos batteries, vous devez les garder au chaud. Pour tirer le meilleur parti de vos batteries, le mieux est d’en avoir deux et d’en garder une dans

une poche au chaud. Quand vous venez de prendre une rafale de photos ou quand l’indicateur de charge le demande, vous pouvez alors sortir votre deuxième batterie. Chaque image que vous prenez diminue moins la charge sur une batterie chaude que sur une batterie froide. Bien sûr, il n’est pas pratique de changer de batteries à chaque photo, mais plus la batterie est réchauffée, mieux c’est.

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 ??  ?? Liz Smart, ski à la Dent d’Emaney, Les Marécottes, Suisse.
Liz Smart, ski à la Dent d’Emaney, Les Marécottes, Suisse.
 ??  ?? Lever de soleil sur le Cervin, le Mont-Blanc et le Grand Combin depuis le Rimpfishho­rn.
Lever de soleil sur le Cervin, le Mont-Blanc et le Grand Combin depuis le Rimpfishho­rn.
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 ??  ?? Valentine Fabre sur l’arête nord du Rimpfishho­rn, Suisse. Vent habituel sur la Melon Hut, Sky Blu, S 75°, Antarctiqu­e
Valentine Fabre sur l’arête nord du Rimpfishho­rn, Suisse. Vent habituel sur la Melon Hut, Sky Blu, S 75°, Antarctiqu­e
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