Montagnes

AVALANCHE DE PRINTEMPS ?

9 mai, 10 h 40. Une avalanche se produit à Bonneval-sur-Arc (Savoie). Dans le secteur de l’Albaron, au coeur de la Haute Maurienne, à proximité de la frontière italienne. Elle emporte sur son passage un couple de skieurs de randonnée et son guide. Âgées d

- Par Jacques Tyrol

Le brigadier-chef, Emmanuel Duboft de la Compagnie Républicai­ne de Sécurité de Modane, a rapidement rapporté à l’AFP qu’une « coulé e de neige de 100 à200m de large les a déséquilib­rés et emportés. Ils ont sauté plusieurs barres rocheuses ». La pluie et la neige tombées les trois jours précédents auraient fragilisé le manteau neigeux… De quelle nature était cette avalanche ? Alain Duclos, expert indépendan­t en avalanche auprès des tribunaux, qui aide par ailleurs à la gestion des avalanches sur routes, estime qu’il s’agit «d’ une plaque de neige froide similaire à ce quel’ on peut connaître l’ hiver. Une neige récente, accumulée parle vent dans une pente raide. On ne sait jamais avec certitude comment une coulée de neige se déclenche, mais là l’ hypothèse est troublante :les skieur sont certaineme­nt provoqué une amorcederu­pture ».

« DÉPASSER LES TYPOLOGIES SAISONNIÈR­ES »

Dans la mesure où cet accident a eu lieu début mai, s’agit-il de ce qu’il est parfois convenu d’appeler une « avalanche de printemps » ? Une associatio­n des deux termes est tentante, légitime même, mais ce n’est pas si simple à en croire les spécialist­es. Frédéric Jarry de l’Anena (Associatio­n nationale pour l’étude de la neige et des avalanches) explique :« En tant que tel, cela n’ a pas de sens de parler d’ avalanche de printemps. En revanche, on peut parler d’ une avalanche de neige humide, liée à un cycle dégel-re gel-dé gel. Le manteau neigeux, qui était humide la veille, regèle pendant la nuit. Avec l’ arrivée du jour, les pentes ensoleillé es se réchauffen­t… C’ est là que les avalanches sont possibles .» Analyse que confirme Alain Duclos : « Associerun­e typologie d’ avalanche à une période n’ est pas à propos. Surtout quand nous connaisson­s des hi vers avec des conditions météorolog­iques printanièr­es et vice versa… Il faut dépasser les typologies saisonnièr­es !» Que faire alors quand on désire skier au printemps ? Frédéric Jarry estime que sur des pentes enneigées très humidifiée­s, « il est conseillé de partir tôt le matin quand le manteaunei­geuxe str egeléafind­e descendre sur une neige humidifiée en surface avant que le manteau neigeux ne soit pourri par l’ eau. Il faut jouer avec les orientatio­ns par rapport au soleil et aux températur­es. Il faut suivre la course du soleil en commençant à l’ est, en pour suivant au sud puis à l’ ouest ». Alain Du clos préconise également de faire preuve d’une grande vigilance, que ce soit au printemps ou en hiver :« Tout skieur doit se référer aux conditions météorolog­iques quotidienn­es. En pratique, il convient d’ éviter tout danger, c’ est-à-dire les secteurs considérés comme risqués, typique ment les pente s proches de 40 degrés .» Daniel Goetz, spécialist­e de la neige et des avalanches à Météo France Grenoble, conclut dans le même sens :« Il faut consulter au jour le jour nos bulletins d’ estimation du risque d’ avalanche car les risques d’ avalanche peuvent varier d’ un jour à l’ autre. Il convient également d’ avoir un minimum de connaissan­ces sur les risques en montagne: comment mener sa sortie, etc .»

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La rupture de plaque de l’avalanche du 9 mai 2017 s’est produite en deux parties bien visibles, la plus haute ayant été la première à céder, à l’approche des skieurs à pieds. Dans cette pente à 40/45°, ce n’est pas la neige mais la chute qui leur a été...

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