ETSITOUTS’ARRÊTAITLÀ?
C’est un livre comme un engloutissement : à peine passe-t-on une tête à l’intérieur que l’on est happé par les éléments, captivé par l’action, fasciné par les hommes. Les éléments, ce sont ceux qui dimensionnent le monde physique : le froid, la neige, l’odeur de la forêt, le mouvement continuel, le blanc aveuglant des sommets et puis l’altitude qui devient, au fil des pages, addictive. L’action, c’est une jeune sociologue américaine propulsée dans le milieu montagnard à Chamonix pour préparer une thèse sur les sports à risque. Les hommes ce sont ces sportifs de haut niveau : freerideurs, traileurs, grimpeurs, highliners, attirés par le danger. L’auteur, Mélanie Valier, mélange les genres avec audace. Elle exalte l’élan vertigineux du désir, de la liberté, de l’émancipation du corps, en tissant une histoire d’amour et d’amitié au coeur du milieu alpin. Ce qui fascine, c’est ce rapport au lieu comme matière fondamentale : Chamonix n’est pas un décor, mais devient une ambiance, presque un épicentre, que l’on souhaiterait habiter. On entre physiquement dans le paysage. L’histoire est tendue, tout en relief charnel, racontée dans une pulsation rythmée. Certains passages sont plutôt « hot » et ne manquent pas de raviver la fièvre qui brûle déjà ce récit ! L’occasion n’est pas fréquente de lire un roman de ce type. C’est courageux, novateur, féminin. L’histoire se déroule sur une année, on observe avec précision chaque saison transformer la vallée, et à la fin du livre, on voudrait pouvoir encore y rester. Virginie Troussier
Fernando Ferreira, L’alpinisteerrant,journalauxpagesmanquantes, Glénat, 256 p., 15,9