- ÉPILOGUE
Le plaisir des yeux Respecter le milieu La trilogie du ski Glossaire
La beauté d’une course reste très subjective. Certes, il existe des cheminements particuliers qui offrent un charme indiscutable à tel ou tel itinéraire. La présence d’une paroi rocheuse remarquable, un parcours en arête, un terrain glaciaire tourmenté, un haut sommet… sont autant d’arguments valables pour hiérarchiser les courses selon leur beauté. Certes. Mais les conditions sont aussi à prendre en compte : untel gardera un souvenir impérissable d’une sortie parce qu’il aura eu le bonheur d’y faire la trace, alors qu’un autre passé dans le brouillard avec du carton aura eu envie de vite y oublier son incursion. Aux conditions de neige s’ajoutent les conditions météo : de la belle poudre pourra être gâchée à la descente par un manque de visibilité, alors qu’un ciel bleu rendra la sortie unique. J’ai commencé le ski de randonnée assez tard. J’avais dix-huit ans. Je me souviens d’une matinée avec mon frère où nous étions dans la combe Madame (Belledonne). Nous avions discuté avec un skieur qui revenait d’un petit couloir (qui n’avait rien d’une performance) mais dont on ne trouvait trace dans aucun topo (à l’époque, internet n’existait pas). Ce randonneur, qui semblait être un habitué des lieux, n’y avait jamais vu la moindre trace. J’ai commencé tard mais j’avais déjà cette volonté de sortir des sentiers battus. L’homme en question nous avait lancé une phrase qui résonne encore aujourd’hui comme si je l’avais entendue la veille, retrouvant même son fort accent « iséro savoyard » dans ma tête : « Faites de l’inédit les jeunes ! ». Il ne s’agit pas de se lancer n’importe où dès la première randonnée sans la moindre expérience, mais rien n’interdit de construire sa connaissance du ski de randonnée en sortant régulièrement des schémas types. L’inédit, ce n’est pas skier une nouvelle ligne (il y en a de moins en moins et elles risquent d’être fort extrêmes) mais aller chercher des émotions en évitant le côté « moutonnier » et en imaginant soi-même la façon de rendre cette sortie encore plus belle. La qualité de la neige, la primeur, la météo mais aussi les couleurs. Les levers et couchers de soleil qui procurent des moments intenses. Les échappées au-delà des mers de nuages. Les grands passionnés sortent plusieurs fois par semaine et sont forcément concernés par ces moments inhabituels, mais pour le skieur « lambda », qui pratique régulièrement en fonction de ses disponibilités et de ses autres centres d’intérêts et obligations, choisir ces moments particuliers reste possible et source de grand bonheur.