Montagnes

LA RAMPE DES AILES

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À l’est du lumineux Dévoluy, la longue barrière de la montagne de Faraut est un peu le temple du wilderness : pratiqueme­nt pas de sentiers et partout des pentes raides, des reliefs tourmentés, des falaises imposantes… La moindre incursion dans cet univers hors du commun demande de la réflexion… et de la déterminat­ion, particuliè­rement celle-ci.

Le nom de Féraut, archevêque de Gap vers l’an 1300, fut déformé en Faraut à la suite des guerres de Religion qui ravagèrent la région. Les imposantes parois du chaînon qui porte son nom et s’étire du lac du Sautet jusqu’au col du Noyer ne peuvent laisser indifféren­t lorsqu’on les contemple depuis la route Napoléon. Mais les randonneur­s ne s’aventurent guère dans cet univers sauvage, les rares chemins étant l’affaire de quelques chasseurs locaux. C’est pourtant là que j’ai trouvé quelques-uns de mes plus beaux itinéraire­s : le pas de l’Arche, la vire du Pierroux, les rampes du pic Ponsin font désormais partie des plus belles randonnées du vertige. Mais la rampe des Ailes me paraît posséder une dimension à part.

On ne peut manquer de la repérer, surtout en hiver lorsqu’elle est soulignée par la neige, mais avant nos premières visites, les interrogat­ions étaient nombreuses : comment l’approcher ? N’était-elle pas barrée par les rebords surplomban­ts d’inquiétant­es et énormes cavités ? Le couloir terminal, invisible du bas, n’était-il pas trop raide ? Comme souvent, ce fut une série de bonnes surprises. L’approche d’abord, desservie par un réseau de sentes relativeme­nt commodes jusqu’à 1 700 m. La rampe ensuite, les grandes baumes se révélant faciles à contourner ; la partie haute, large de plus de 100 m, invite même au pique-nique dans ses parties vertes. D’anciennes clôtures qui prétendaie­nt en barrer l’accès témoignent de l’attrait qu’elle exerça sur les brebis. Le avait l’air, s’avéra pourvu par endroits de véritables sentes tracées en zigzag par les chamois. Tous ces éléments apportent une logique à cette véritable petite course de montagne, surtout si on enchaîne avec les Jumeaux de Faraut situés juste au-dessus.

ITINÉRAIRE

Suivre la piste qui effectue deux lacets après le terre-plein à 1 160 m, puis se dirige vers le sud-ouest. Après un curieux dédoubleme­nt sur quelques mètres, marcher encore 200 m avant d’arriver devant une trifurcati­on vers 1 270 m. Prendre la piste du milieu. Elle effectue trois grands

virages et devient horizontal­e peu après. À ce moment précis (1 410 m), une piste part à droite. La suivre. Elle se transforme en indiquent une montée en lacets serrés qui débouche dans le cirque des Ailes. La sente traverse le grand ravin issu du pied de la rampe (parfois délicat à traverser). Continuer sur environ 300 m jusqu’à un ravin plus modeste (1 660 m - eau) devant lequel le chemin effectue un mini-zigzag. Dans le deuxième lacet de celui-ci, prendre une sente qui s’élève à gauche jusqu’à un gros bloc (1 700 m) d’où l’on voit bien les falaises du Faraut. Monter droit au-dessus dans des pentes herbeuses, puis tirer à gauche en direction du pied de la rampe que l’on atteint vers 1970 m. Le mieux est de contourner par la gauche le pierrier qui la défend.

La rampe se caractéris­e par deux grandes baumes. On monte dessous avant de traverser chaque fois à droite. La deuxième traversée s’effectue sur une vire étroite qui débouche dans un cirque sous les falaises du Faraut 2 517 m. Le remonter par la droite, sur des replats herbeux sympathiqu­es d’où l’on devine bien l’accès au couloir terminal : une sorte de goulotte mi-herbeuse, mi-rocheuse, inclinée de droite à gauche. Remonter jusqu’à sa base, puis, par des gradins et un petit mur pourvu de bonnes marches, trouver un véritable sentier taillé par les chamois. Il mène à gauche sur une vire confortabl­e. Revenir à droite pour pénétrer dans le couloir et le remonter au mieux jusque sous un ressaut plus raide (attention aux chutes de pierres), qu’un piton permet de surmonter (assurage conseillé). Ensuite, des gradins rocheux relativeme­nt commodes permettent de louvoyer jusqu’à la brèche de la Chabournas­se, à 2 420 m (sortie à gauche).

Retour : la descente par la rampe est rapide (nombreux pierriers). Le petit passage d’escalade se négocie bien avec un rappel de 20 m (cordelette sur un bloc). Autre solution (plus cool) : descendre le ravin de la Chabournas­se sur le versant ouest. Cela suppose d’avoir laissé un vélo au Collet à 1 400 m, ou à un lacet (1 700 m) de la piste carrossabl­e du Noyer, laquelle vient de la bifurcatio­n des deux routes reliant Saint-Étienne au col du Noyer. Sinon, il faut remonter à la brèche de Faraut (2 206 m) avec une descente très raide en versant est (et c’est long : 800 m en descente + 600 m de remontée à la brèche + 1 100 m de là au parking…).

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À la brèche de la Chabournas­se, devant les deux grands sommets jumeaux de la montagne de Faraut.
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