L’INVENTION DES « PIOLETS D’OR »
Les Piolets d’or ont fêté leur trentième année d’existence à Briançon cette année. D’où nous vient cette distinction reconnue internationalement, dont le nom est prononcé en français par les alpinistes du monde entier ? Jean-Pierre Roger, président et directeur de la publication de Nivéales Médias, éditeur de Montagnes Magazine, revient sur l’histoire de cette récompense.
Le bel ouvrage dédié, à l’occasion de cet anniversaire, aux grandes ascensions l’ayant obtenue [ Piolets d’or, les plus beaux exploits de l’alpinisme moderne, par David Chambre et Claude Gardien, paru aux Éditions du Mont-Blanc, ndlr], rappelle l’indifférence du public pour l’alpinisme français à l’orée des années 1990, nonobstant les qualités d’un Pierre Béghin (qualifié alors « d’himalayiste n° 5 » mondial !), les rivalités de la Jean-Christophe Lafaille. Ces affaires passaient à la trappe pour le grand public, nous dit-on, par manque de couverture médiatique.
Pourtant, ce n’était pas faute d’une presse de montagne florissante si les grands médias français (radio, télévision) mettaient à la portion congrue le traitement de l’actualité des ascensions, au regard de celui réservé aux épopées océaniques. Par ailleurs, Alpinisme et randonnée, Vertical, Montagnes Magazine renvoyaient bien un écho enthousiaste de ces exploits où perçaient les prémices d’une révolution vers un alpinisme plus proche de la nature. Sauf qu’au-delà de leur cercle de lecteurs, constitué – tout de même – de quelques centaines de milliers de passionnés, cette presse avait aussi pour mission, envers un public qui en était plus distant, d’exciter sa