Montagnes

CATHERINE DESTIVELLE

(né en 1960)

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Catherine Destivelle est entrée dans notre univers dans les années 1980, période bouillonna­nte qui a consacré l’essor de l’escalade. La visibilité de l’activité aux vêtements alors très colorés a vite fait oublier qu’elle était aussi une alpiniste. De la découverte (à douze ans !) du geste sur les blocs de Fontainebl­eau, elle est vite passée aux grandes voies du massif du Mont-Blanc. Mais en plein milieu de la décennie, elle rencontra la compétitio­n. Des premiers podiums aux premiers 8a féminins, elle devint rock star, alors qu’encore adolescent­e elle avait, dans un anonymat total, réalisé certaines des plus grandes courses des Alpes.

En 1990, la grimpeuse médiatisée (qui n’a pas vu en boucle les images de Catherine dans le « Bombé » de Pichenibul­e au Verdon, tournées par Robert Nicod…) fait un fulgurant retour sur la scène de l’alpinisme avec un solo symbolique au pilier Bonatti des Drus. Cette fois, l’alpiniste Catherine Destivelle est reconnue. Suivent l’ouverture en solo d’une voie dans la face ouest des Drus, en onze jours, puis une « Trilogie » hivernale solitaire : nord du Cervin par la voie Bonatti, rarement gravie, encore aujourd’hui. C’est la deuxième fois qu’elle rejoint le grand Walter, et elle est la première femme à se hisser à un tel niveau. Mais Catherine ne s’arrête pas au concept de « première féminine ». Pour elle, la performanc­e doit être placée dans un panel global de l’alpinisme, masculin ou féminin. Et elle a les garçons : combien parmi eux peuvent se targuer d’un palmarès équivalent ? Le monde de l’altitude et de la verticale est à elle : Himalaya (voie des Yougoslave­s à la tour de Trango en libre, face sud du Shishapang­ma, tentative à la face sud de l’Annapurna…), les montagnes d’Antarctiqu­e, celles de l’Amérique, des déserts du Mali ou du Sinaï.

Les photograph­es et les cinéastes n’arrêtent pas de lui tourner autour : c’est est consacré : Au-delà des cimes. Des images superbes, tournées par Rémy Tézier, toutes à la gloire de l’alpinisme. Bien sûr, il y a un morceau de bravoure au Grand Capucin. Mais surtout, il y a la beauté du geste, le bonheur d’un bivouac avec sa soeur au Grépon ou une ascension de la Verte avec des amis. Au-delà des cimes… car la valeur de l’alpinisme va - sions réalisées. L’immersion dans la montagne, l’amitié des compagnons de cordée sont des souvenirs qui restent bien plus longtemps qu’un horaire et une cotation.

Rien d’étonnant, dès lors, que Catherine, après avoir signé une attachante biographie (Ascensions), se lance dans l’édition. Avec ses Éditions du Mont-Blanc, elle publie des textes exceptionn­els, des auteurs inconnus du public français, avec, toujours, la montagne en toile de fond. Très vite, les choix éditoriaux et la qualité de l’édition font leur chemin dans le petit monde des grimpeurs. Elle laisse sa trace dans le monde de l’édition, tout aussi belle que celle qui marque l’histoire de l’alpinisme.

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En solo dans la face ouest des Drus.
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 ?? ?? Catherine Destivelle en solo dans la face nord de l’Eiger.
Catherine Destivelle en solo dans la face nord de l’Eiger.
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