EN QUÊTE DE SOURIRES
« Il existe un lieu où les sourires sont gratuits, c’est sur les chemins de randonnée », ai-je entendu l’autre jour à la radio. Serait-ce à dire que d’être plus près du ciel rend plus solaire ? Que la montagne remplit de joie ceux qui l’avaient perdue de vue ? Que les montagnards sont plus heureux par nature ? Que la politesse rituelle en hauts lieux s’est perdue dans les abysses de nos vallées ?
Peut-être est-ce simplement la béate expression d’une satisfaction d’être là, de planer parmi les sommets, abreuvé d’air pur et d’eau fraîche, dans une simplicité quasi originelle. Peut-être aussi est-ce la manifestation d’une conscience exacerbée par l’oxygénation et le ralentissement du temps, qui nous rappelle à une félicité et à une bienveillance envers autrui. Peut-être est-ce encore le dénouement de nos tracas quotidiens et de nos routines usantes, dont on s’est délesté en entrant au royaume des cimes pour se contenter du minimum vital. PEUT-êTRE EST-CE ENfiN LA RAISON QUI NOUS pousse à aller arpenter les sentiers, avec l’espoir, au-delà d’atteindre le sommet, D’ACCOMPLIR LE PLAISIR LE PLUS éVIDENT : fiNIR sa journée le visage barré d’une grande banane.
Le sourire a ses mystères que la raison ignore, car aussi bienfaisant qu’il soit, il n’est pas toujours volontaire. Quoi qu’il en soit, là-haut, force est de constater que le sourire est plus facile qu’ailleurs. N’est-ce pas au fond parce que la montagne reste un des rares lieux où il nous soit permis d’aller et venir gratuitement ?