LE REFUGE D’ARGENTIÈRE

Argentière, ce nom résonne avec celui des faces nord qui dominent le refuge : Aiguille Verte, Droites, Courtes, Triolet et Dolent. Mais ce n’est pas qu’un refuge à exploits, au contraire. Beaucoup de voies faciles y sont réalisables, tant en neige qu’en r

Ici, on propose une cuisine généreuse et réconfortante. Ici, on nourrit le grimpeur pour qu’il résiste à une dizaine de bivouacs improvisés. Ici, à la vue des omelettes, on comprend mieux la devise de Fred : « Ce qu’il faut, c’est impressionner ! » La première fois que j’ai poussé la porte de ce refuge, j’étais encore tout jeune et comme tous les jeunes qui font de la montagne, sans un sou en poche. Après une montée au refuge rocambolesque, nous regardions nos sandwichs triangles avec le désespoir de ceux qui n’ont que ça à manger. Mais le lendemain, nous nous attaquions à une course ambitieuse et nous décidâmes, mon compagnon de cordée et moi, de nous cotiser pour acheter au gardien une assiette de soupe et un plat de pâtes à partager. Luxe ô combien onéreux pour nos porte-monnaie. Fred et Béa, comprenant notre détresse, ont légèrement augmenté les doses. L’assiette de soupe prit des allures de saladier et le plat de pâtes de portion pour 6 affamés. Je vous épargne l’épisode du dessert mais tenant à faire honneur à cette avalanche providentielle, nous nous forçâmes à tout terminer. Ce soir-là, j’ai dormi assis, le ventre trop rempli pour pouvoir m’allonger !

Si vous avez une âme de chef cuistot, ne vous laissez pas faire et entrez en cuisine, elle est ouverte aux gourmets qui souhaitent contre-attaquer. Mais il vous faudra beaucoup de talent pour surpasser le bourguignon de civet de chamois concocté par Philippe Tronc et Lionel Daudet, bloqués plusieurs jours par le mauvais temps au refuge lors de leur Tour de France par les frontières !