Montagnes

CE QUI LUI EST ARRIVÉ : CHUTE DE 20 M EN ESCALADE MIXTE. CONTUSIONS ET PERTE DE COMMANDE DU BRAS DROIT.

« NOUS AVONS DES RESSOURCES QUE LA MÉDECINE NE COMPREND PAS TOUJOURS. »

- TRISTAN LADEVANT

Écouter son corps et son instinct

Après l’accident, je ne sais pas ce qu’il va m’arriver, je ne sais pas si je vais retrouver l’utilisatio­n de mon bras un jour. J’ai la sensibilit­é, mais je ne peux pas le bouger seul. Le seul truc qui m’anime, la montagne, c’est peut-être fini. Les médecins ne savent pas comment ça va évoluer.

Je me suis dit : « Si je laisse les choses se faire, ça ne va sûrement pas remarcher. » Et du coup, je n’ai pas écouté tout ce que me disait le milieu médical. J’ai trouvé un kiné sur Grenoble, et on a convenu de faire l’inverse de ce qui était préconisé : commencer à mobiliser le bras rapidement, pour réanimer le schéma nerveux.

Au début, c’était terrible. On a essayé beaucoup de choses. De mon côté, je faisais aussi un gros travail dans ma tête. Et puis les choses se sont petit à petit remises à fonctionne­r. J’ai commencé à récupérer une amplitude doucement, 3 ou 4 cm de mouvement de la main vers l’avant. À ce moment, j’ai su que j’allais récupérer mon bras.

Trouver sa limite, établir un programme

Kiné, muscu, tout tournait autour de ma rééducatio­n, je n’avais que ça à faire de mes journées. J’étais acharné de chez acharné, toute mon énergie était concentrée sur l’idée de récupérer mon bras.

Il y a eu des moments pas faciles où j’ai pensé que j’allais garder des séquelles. Je me suis dit qu’il fallait que je reste proche de ma pratique, donc j’ai recommencé à grimper avec une main, puis un peu avec ma deuxième, et ainsi de suite, je progressai­s avec mes capacités du moment. Je me suis donné un programme personnali­sé, j’ai écouté ce dont j’avais besoin. Ma mère, qui est kiné, m’a répété que le corps humain est incroyable, que nous avons des ressources que la médecine ne comprend pas toujours. La personne qui décide, c’est toi, et on ne sait pas où est la limite. Je n’en veux pas aux médecins, ils font avec ce qu’ils ont comme données. Mais ils devraient laisser un « si » et un « peut-être » dans leurs phrases. Si on donne cet espoir, les chances de récupérer vont progresser. L’espoir fait vivre, ce n’est pas une phrase en l’air. Dans le milieu de la montagne, c’est un tabou de dire qu’on est blessé. Il y a une sorte de culpabilit­é, de honte, alors que non, on n’est pas le seul. Contrairem­ent au surf, par exemple, l’escalade et l’alpinisme sont des sports très en retard dans la prise en charge de la blessure.

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