CE QUI LUI EST ARRIVÉ : CHUTE DE 10 M EN ESCALADE, DEPUIS UN PLAFOND. FRACTURE DU RADIUS GAUCHE, DU SCAPHOÏDE DROIT, ET DU 5E MÉTATARSE GAUCHE.
« J’AI SÛREMENT REPRIS TROP VITE. »
Garder le bon tempo
Après l’hôpital et la radio, je me suis retrouvé en fauteuil roulant car j’avais des plâtres sur trois membres. Mais mes blessures n’étaient pas trop graves, je n’ai pas eu peur pour la suite. ll me tardait de sortir des plâtres et de recommencer la grimpe, je ne me sentais pas traumatisé. Après avoir terminé ma rééducation, 4 ou 5 mois après mon accident, j’ai voulu regrimper assez vite dans le niveau qui m’intéressait, et j’ai eu rapidement des sensations correctes. Mais je grimpais une heure, et ensuite j’avais mal pendant quatre jours. Je pense que tout était réparé, mais j’ai forcé dans des voies trop dures. Avec le recul, j’ai sûrement repris trop vite.
Alors j’ai dit stop, ça ne m’intéresse plus. Cela ne me plaisait pas de refaire des voies faciles. Ce que je voulais, c’était continuer mes projets. Pendant 3 ans, j’ai donc complètement arrêté l’escalade.
Le plaisir avant tout
Je m’y suis remis avec mon garçon, dans des falaises à côté de chez moi. J’ai eu envie de faire de l’escalade avec lui, et ensuite je l’ai suivi dans les compétitions. Cela s’est fait naturellement, cette fois je n’ai pas fait l’erreur de me dire que je devais repartir dans le même niveau. J’ai commencé par des voies où je connaissais les mouvements, pas dans des grandes voies à vue. Et assez rapidement, j’ai pu retrouver mon niveau d’escalade d’avant. Et j’y suis toujours, mais je grimpe différemment, je n’ai plus les mêmes attentes. Si ça ne passe pas, ce n’est pas grave. Je suis plus détaché.
Le conseil que je donne, c’est d’essayer de ne pas se projeter. Et que le jour où on peut commencer à bouger, on y va. Mais recommencer fort ou tranquille, ça dépend de chacun. Il faut être clair dans ce qu’on veut refaire, et le mental doit nous conduire à cet objectif. L’activité doit faire plaisir, il faut que ça motive.
En tout cas, s’il n’y a pas de blessure invalidante, même au bout d’un mois, de six mois ou d’un an, on revient souvent plus fort.