Montagnes

CE QUI LUI EST ARRIVÉ : CHUTE DE 10 M EN ESCALADE, DEPUIS UN PLAFOND. FRACTURE DU RADIUS GAUCHE, DU SCAPHOÏDE DROIT, ET DU 5E MÉTATARSE GAUCHE.

« J’AI SÛREMENT REPRIS TROP VITE. »

- PIERRE SOULÉ

Garder le bon tempo

Après l’hôpital et la radio, je me suis retrouvé en fauteuil roulant car j’avais des plâtres sur trois membres. Mais mes blessures n’étaient pas trop graves, je n’ai pas eu peur pour la suite. ll me tardait de sortir des plâtres et de recommence­r la grimpe, je ne me sentais pas traumatisé. Après avoir terminé ma rééducatio­n, 4 ou 5 mois après mon accident, j’ai voulu regrimper assez vite dans le niveau qui m’intéressai­t, et j’ai eu rapidement des sensations correctes. Mais je grimpais une heure, et ensuite j’avais mal pendant quatre jours. Je pense que tout était réparé, mais j’ai forcé dans des voies trop dures. Avec le recul, j’ai sûrement repris trop vite.

Alors j’ai dit stop, ça ne m’intéresse plus. Cela ne me plaisait pas de refaire des voies faciles. Ce que je voulais, c’était continuer mes projets. Pendant 3 ans, j’ai donc complèteme­nt arrêté l’escalade.

Le plaisir avant tout

Je m’y suis remis avec mon garçon, dans des falaises à côté de chez moi. J’ai eu envie de faire de l’escalade avec lui, et ensuite je l’ai suivi dans les compétitio­ns. Cela s’est fait naturellem­ent, cette fois je n’ai pas fait l’erreur de me dire que je devais repartir dans le même niveau. J’ai commencé par des voies où je connaissai­s les mouvements, pas dans des grandes voies à vue. Et assez rapidement, j’ai pu retrouver mon niveau d’escalade d’avant. Et j’y suis toujours, mais je grimpe différemme­nt, je n’ai plus les mêmes attentes. Si ça ne passe pas, ce n’est pas grave. Je suis plus détaché.

Le conseil que je donne, c’est d’essayer de ne pas se projeter. Et que le jour où on peut commencer à bouger, on y va. Mais recommence­r fort ou tranquille, ça dépend de chacun. Il faut être clair dans ce qu’on veut refaire, et le mental doit nous conduire à cet objectif. L’activité doit faire plaisir, il faut que ça motive.

En tout cas, s’il n’y a pas de blessure invalidant­e, même au bout d’un mois, de six mois ou d’un an, on revient souvent plus fort.

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