Montagnes

MICHEL PIOLA

L’esthète

-

Pour Michel, qui a ouvert sa première voie en 1975 et a donc à son actif 47 ans d’ouverture et 1 750 voies dont certaines comptent jusqu’à 40 longueurs, éthique et esthétique n’ont jamais été de vains mots. Michel aime travailler dans les règles de l’art, se questionne, privilégie les choix durables et les interventi­ons raisonnées… C’est l’exact opposé du tous azimuts. « J’ouvre toujours du bas avec une éthique stricte, c’ està-dire que je n’ impose pas à mon répétiteur ce que je n’ ai pas réussi à grimper. Pas de repérage, pas de points d’ art if, pas de détour ou de« petite triche », la règle c’ est de ne pas grimper au-dessus de mon niveau à vue maximum. Je ne mets que des scellement­s depuis plus de 15 ans, que ce soit en falaise, en haute montagne ou en expédition, et je fais beaucoup de nettoyage. Pour moi, le travail est terminé quand tout est nickel. »

Et dans le rôle du rééquipeur, comment s’exprime ce goût du travail soigné dans les moindres détails ?« J’ aime ré équiper au mieux mes vieilles voies, toujours en broches inox scellé es, avec des critères qui ont évolué. Je mets parfois un point de plus, mais dans les trois quarts des voies que je ré équipe, il y a moins de points après qu’ avant .» Avec une existence entière consacrée à ouvrir des voies, Michel a suffisamme­nt de recul pour défendre, plus que jamais, un rééquipeme­nt raisonné : « Je trouve qu’ il y a trop de ré équipement, car il n’y a pas une vraie raison de sécurité. Le danger, ce n’ est pas de se tuer parceque le point se casse, c’ est plutôt de se faire mal en tombant parceque le point est mal placé à cause de l’ engagement d’ avant. En Suisse, je vois des spits qui apparaisse­nt sur des arêtes classiques, ou dans la Rébuffat à l’ aiguille du Midi. Cet aspect-là du ré équipement me gêne, car cela tend à l’ uniformisa­tion. Bien souvent, ces goujons sont ajouté s par des guides pour faciliter leur activité profession­nelle et aller plus vite, mais alors il ne s’ agit plus de l’ intérêt général, et cela encourage au contraire une grimpe de consommati­on. Je trouve quel’ on ne devrait toucher à aucune voie classique, et laisser du terrain d’ aventure pour les adeptes.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France