Montagnes

LIONEL CATSOYANNI­S

Le modéré

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Lionel, c’est un peu Monsieur-trad-à-Annot, mais pas que, puisqu’on retrouve son nom des Calanques au Verdon en passant par la Corse. Même s’il avoue une préférence pour les fissures en trad, dans lesquelles sortir le perfo est presque un aveu d’ échec… Son éthique ?« Mon mode d’ ouverture varie selon le rocher, le massif et l’envie de livrer quelquecho­se de plus ou moins abouti aux grimpeurs. Ce que j’ aime, c’ est trouver une ligne vraiment rigolo te, ludique, qui passe par exemple dans un tunnel, sur un pilier aérien, avec un relais sur un beau genévrier… C’ est ce qu’ on retrouve dans Burne Out, où les arguments qui ont décidé du tracé n’ étaient pas des choix d’ escalade! Pour certains, un ouvreur vient révéler une ligne qui existe déjà. Je pense qu’ au contraire, on fait tellement de choix à chaque instant que l’ ouverture relève davantage de la propositio­n artistique. La distance entre les points, l’ emplacemen­t du relais, le tracé, tout cela compose la saveur que l’ ouvreur donneàlavo­ie. »

Pour ce qui est du rééquipeme­nt, Lionel a déjà renouvelé certaines de ses voies : « Lematériel­a vieilli, et j’ ai aussi changé de perspectiv­e. Je vais par exemple faire des longueurs plus grandes, m’ autoriser un crochet pour aller chercher une partie plus aérienne, je fais parfois des petits changement­s dans le tracé. Mais chaque point posé doit être durable et pertinent .» D’ ailleurs, pour un aficionado de trad, le meilleur goujon ne serait-il pas celui qui n’est pas posé ? « Je pense que revalorise­r une voie, ça peut aussi être déséquiper et engendrer ainsi une pratique plus responsabl­e de la part des gens, sans que ça soit élitiste. Aujourd’ hui, le coût du matériel et la disponibil­ité des topos sur les forums rendent cette approche possible .» Un exemple? «La ULA, une fissure cal caire de300m dans le Ver don, est un cas d’ école. On s’ est concertés à quelques-un se ton a fait le pari de la déséquiper proprement, en se gardant la possibilit­é de remettre des points correcteme­nt si ça ne plaisait pas. Et elle est restée comme ça! C’ est devenu un mu st de l’ escalade sur co in ceurs. Toujours dans le Ver don, dans La demande, il reste de vieux pitons etspits. En concertati­on avec l’ ouvreur, François Gu il lot, on envisage de les enlever, de remettre certains points uniquement aux endroits importants, et de laisser le reste pour de l’ escalade sur co in ceurs. Ce projets’ inscrit dans le cadre d’ un stage Héritage ouvreurs que je vais encadrer. François est ravi!

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