Montagnes

JEAN-MICHEL CAMBON

Les Alpes du nord ont Michel Piola, l’Oisans avait Jean-Michel Cambon.

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Le futur instituteu­r, originaire de Seine-et-Oise, fait ses armes en compagnie de Jean-Marc Boivin sur les grandes parois des Alpes au début des années 1970. Directe américaine, face sud du Fou, le dièdre Philipp-Flamm à la Civetta : de belles réalisatio­ns qui lui ouvrent les portes du GHM, club très privé du gratin de l’alpinisme français. Mais il s’en éloigne rapidement. « L’idée même de carrière lui était étrangère. De plus, il était rétif à toute institutio­n et aux chroniques alpines. C’ était son côté anar …» raconte Bernard Franc ou qu’il rencontre à l’époque et avec qui il ouvrira de nombreuses voies d’ampleur sur les parois des Écrins. C’est la période des aventures qui se terminent en bivouac sous l’orage, le rocher couvert de verglas. Pic sans Nom, Dôme des Écrins, Rateau, Ailefroide… les deux amis tracent une cinquantai­ne de voies sur les faces du massif. Progressiv­ement, Jean-Michel invente un nouveau genre d’escalade avec l’avènement des spits, d’abord au tamponnoir, ensuite à la perceuse et se lance dans de véritables chantiers d’équipement. Pour n’en citer qu’un, le Pic de la Fare, où sa Walker de Livet se dessine en 36 longueurs, 27 jours de travail, plus de 500 spits… « Fare-aonique » ! Dans les années 2000, il s’applique à ouvrir et équiper de nombreuses grandes voies accessible­s où le nettoyage est souvent titanesque. Un investisse­ment et une connaissan­ce du massif qui l’amènent à éditer dès 1988 un premier topo espiègle ment nommé Les 60 escalade s les moins pires del’ Oisans, son best-seller qui deviendra le fameux Oisans Nouveau Ois ans Sauvage, véritable bible de l’alpinisme rocheux et de l’escalade dans le massif des Écrins. Des topos où l’on découvre un ton espiègle et plein d’autodérisi­on. «Et surtout, n’ oubliez pas: l’ escalade, c’ est vraiment pour rire !» Pour rire, il aurait équipé plus de 1 000 voies et c’est en défrichant un nouveau terrain de jeux qu’il nous a quittés au Trident de Cognet à 68 ans.

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