Montagnes

ÊTRE EFFICACE EN RAPPELS

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Fabien et Baptiste sont au relais, la corde bloquée dans une écaille les surplomban­t. –C’ est coincé je te dis. –Essaye encore, tire aussi fort que t’ es bête! La corde tombe accompagné­e de l’ écaille dans un déluge de pierres épargnant de justesse les deux grimpeurs. –Eh bin, je pensais pas que c’ était à ce pointlà...

On a coutume de dire que le sommet ne marque que la moitié de la course. C’est vrai, et c’est souvent au moment de descendre qu’une sortie sympa bascule en galère. Voici quelques astuces qui pourront aider certains à mieux gérer leurs rappels. Pour être efficace, il faut déjà être confortabl­e. Porter une paire de gants en cuir permet de mieux contrôler sa descente, de ne pas se brûler les mains sur un descendeur trop chaud ou de tirer plus fort sur la corde, surtout avec nos cordes de plus en plus fines. Ne vous privez pas de cet accessoire qui rend bien des services ! De même, lorsque je prévois de faire de nombreux rappels, j’emporte avec moi une paire de tongs pour la descente. C’est très léger, plus confortabl­e que les chaussons et avec un encombreme­nt incomparab­le à une vraie paire de chaussures. Et si je les perds, ce n’est pas bien grave. Les tongs sont particuliè­rement utiles dans les descentes qui combinent traversées de vires, petits sentiers et rappels. Attention tout de même, ce ne sont pas de vraies chaussures !

Avant de détailler mon organisati­on lors des rappels, voici quelques conseils pour éviter de coincer la corde. D’abord, le noeud de jonction doit être sur la corde qui n’est pas collée au rocher. Ainsi, lorsque l’on tire la corde, le noeud a moins tendance à frotter. Le dernier qui descend a le rôle crucial de placer la corde de façon qu’elle ne se coince pas. La moindre écaille ou fissure mal placée peut se transforme­r en véritable piège à corde et vous obliger ensuite à remonter. Dans la mesure du possible, il faut placer le rappel sur les zones de rocher lisse. Ensuite, je ne fais jamais de noeud au bout de la corde avant de la lancer car ils finissent toujours par se coincer derrière une écaille ou dans un arbre. Si en cours de descente, je m’aperçois que la corde est juste assez longue pour arriver en bas, alors je ravale le reste de la corde, je fais un noeud au bout et je continue ma descente sans risquer de passer à travers.

Voici comment je procède pour enchaîner les rappels. D’abord, lorsque j’arrive en haut de la dernière longueur, j’installe le rappel tout en assurant le second. C’està-dire qu’une fois que le descendeur est installé pour assurer mon binôme, je m’attache au relais via ma vache puis je me décorde et passe la corde dans l’anneau du relais avant de faire un noeud de jonction. Ainsi, au fur et à mesure de l’avancée du second, je laisse la corde descendre et quand il arrive au relais, il n’a plus qu’à se décorder et le rappel est prêt. Le premier descend et arrive au relais suivant. Il installe un mousqueton, appelé mousqueton primaire, où les deux grimpeurs pourront se vacher, cela permet à chacun d’être vaché au meilleur endroit possible. Une fois vaché, le premier libère la corde et pendant que le second commence sa descente, il passe la corde à rappeler dans l’anneau du relais. Pour ne pas oublier quelle corde il faut tirer, une des solutions est de clipper avec sa vache le brin à rappeler. Une fois que le second est arrivé, il commence à tirer la corde et le premier participe en tirant le brin sous l’anneau du relais. Une fois le noeud de jonction en butée sur l’anneau, le premier installe dans l’ordre son autobloqua­nt, son descendeur et le descendeur du second pendant que ce dernier finit de rappeler la corde. Le premier peut commencer à descendre et pendant ce temps, le second a le temps d’installer son autobloqua­nt. Garder un « leader » unique pour toute la descente permet de gagner encore en efficacité !

 ?? ?? Luz en contre-jour dans les rappels du mont Aiguille.
Luz en contre-jour dans les rappels du mont Aiguille.

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