Montagnes

PROFESSION­NELLE

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La méthode de réduction profession­nelle est mise au point en 1992 par Werner Munter comme un modèle probabilis­te de décisions combinant plusieurs variables déterminan­tes dans le déclenchem­ent d’une avalanche. Cette méthode permet d’élargir la marge de manoeuvre par rapport à la MRD ou la MRE via une analyse plus poussée et plus complexe nécessitan­t plus d’expérience. Comme pour les deux méthodes précédente­s, le but de la MRP est d’arriver à une prise de décision sur la poursuite de la sortie. Une des forces de la MRP est qu’elle est informativ­e, elle permet de calculer une probabilit­é d’exposition et de prendre, ou pas, le risque associé.

Les cinq variables considérée­s :

- Le potentiel de danger à partir du degré de danger donné par le BERA - L’inclinaiso­n de la pente estimée sur la carte, sur le terrain ou grâce à une applicatio­n

- L’orientatio­n de la pente (nord, sud, est, ouest)

- La fréquentat­ion régulière, ou pas, de la pente

- La taille du groupe et les distances entre les skieurs

1. DÉFINIR LE POTENTIEL DE DANGER

Le potentiel de danger se calcule à partir du degré de danger donné par le BERA.

- Par risque 1, le potentiel de danger est compris entre 1 et 3.

- Par risque 2, le potentiel de danger est compris entre 3 et 6.

- Par risque 3, le potentiel de danger est compris entre 6 et 12.

- Par risque 4, le potentiel de danger est compris entre 12 et 16.

- Par risque 5, on reste à la maison !

Pour choisir la valeur finale du potentiel de danger, on pondère l’analyse avec les particular­ités locales du terrain et l’historique des conditions nivologiqu­es. Par exemple, par danger limité (risque 2), avec la veille d’un danger marqué (risque 3), on peut considérer que le potentiel de danger est à 6 plutôt que 4. De même, à l’approche d’une limite d’altitude décrite par le BERA, par exemple risque 3 sous 2 000 m et risque 4 au-dessus, on peut considérer que le potentiel de danger pour une altitude 1 900 m est plutôt à 12 qu’à 8. Après avoir défini le potentiel de danger du secteur envisagé pour la sortie, il reste à trouver un itinéraire et des actions permettant de contenir le risque à un niveau acceptable. Le risque résiduel recherché doit être inférieur à 1, ce qui correspond­rait au risque pris lors d’un trajet en voiture. Pour réduire ce risque résiduel, on utilise les facteurs de réduction.

2. LES FACTEURS DE RÉDUCTION

- L’inclinaiso­n : Comme vu précédemme­nt, l’inclinaiso­n de la pente est un facteur directemen­t relié à la probabilit­é de déclenchem­ent d’une avalanche.

Si la pente est entre 30° et 34°, le facteur de réduction est de 4, entre 34° et 36° il est de 3 et entre 35° et 39°, il est de 2. Au-delà de 40°, pas de facteur de réduction.

- L’orientatio­n : Les pentes à l’ombre transforme­nt moins vite et sont donc plus susceptibl­es de rester avalancheu­ses longtemps. Attention, ce n’est pas valable en cas de neige mouillée.

En évitant le versant nord, le facteur de réduction est de 2 ; en évitant toute la moitié nord, il est de 3.

- La fréquentat­ion : Si la pente est très fréquentée, c’est-à-dire avec des traces visibles et nombreuses, le facteur de réduction est de 2. Ce n’est plus le cas par neige humide.

- Le groupe : Si le groupe est de plus de 4 personnes avec au moins 10 m de distance à la montée et 50 m à la descente, le facteur de réduction est de 2. Il est aussi de 2 pour un petit groupe de moins de 4 personnes sans distances de sécurité. Le facteur de réduction est de 3 pour un petit groupe conservant des distances de sécurité à la montée et à la descente.

3. CALCUL DU RISQUE RÉSIDUEL

Le risque résiduel se calcule en divisant le potentiel de danger par le produit des facteurs de réduction.

Par exemple, si dans mon cas, le potentiel de danger est de 12 et la pente max est de 32°, soit un facteur de réduction de 4, orientée nord (pas de facteur de réduction), très fréquentée (facteur réduction de 2) et que nous sommes 2 en observant des distances de sécurité (facteur de réduction de 3). Alors mon risque résiduel est égal à 12/(4 x 2 x 3) soit 0,5. 4. VALIDATION DU PROJET

Une fois le risque résiduel établi, et l’analyse 3x3 réalisée, on peut prendre une décision sur la poursuite du projet. Si le risque résiduel est inférieur à 1, le risque d’avalanche est faible. Entre 1 et 1,5, il est accru, l’itinéraire est dangereux dans ces conditions. Au-delà de 1,5, le risque est très fort. À chacun de prendre ses risques en conscience !

POTENTIEL DE DANGER / FACTEURS DE RÉDUCTION = RISQUE RÉSIDUEL

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Schéma de validation du projet de sortie avec la méthode de réduction profession­nelle (MRP).

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