Montagnes

UN TOIT À SOI

- Mathias Virilli

Avoir un toit sur la tête : oui, mais lequel ? La question se pose avec acuité aujourd’hui en montagne, où l’éternel problème des lits froids se heurte aux impératifs de la rénovation énergétiqu­e. L’immobilier, ce carburant des stations de sports d’hiver, connaît sa crise de la cinquantai­ne, et bien malin celui qui saurait ce qu’il va en ressortir. Aujourd’hui, même les refuges ne sont pas exempts de critiques quand ils mènent des travaux.

Loin de cette montagne plus ou moins aménagée, il existe une autre option aux vertus connues l’été mais encore trop ignorées l’hiver : le bivouac. Et pour cause : il fait froid et humide, et en plus, il fait nuit tôt ! Pourtant, dormir dans la neige participe du même enthousias­me que celui de l’enfant qui construit un bonhomme de neige. Car si l’on n’y dort pas pour la chaleur et le confort, la constructi­on d’un abri à même ce matériau magique est souvent une oeuvre collective et joyeuse. « Ce que j’aime dans la constructi­on d’un abri en neige, c’est avant tout l’aventure » explique ainsi Adam dans son guide pratique de l’igloo. De même, poser la tente quand on estime en avoir assez fait pour la journée relève d’un acte de liberté absolu, comme le raconte Greg. Voilà des lits froids qui réchauffen­t au moins les coeurs !

Qu’on soit en tente, dans une congère, un abri norvégien, voire à la belle étoile, ces alternativ­es aux résidences et aux refuges présentent toutes l’avantage de l’autonomie propre aux expédition­s lointaines – avec toutefois la sécurité que procure le fait d’être à proximité de notre monde de bâtisseurs. Ainsi, pas besoin d’aller vivre une expérience aussi épique que celle du GMHM en Patagonie pour vivre le frisson d’un voyage hors norme ; il suffit d’être bien équipé et outillé. Pourquoi ne pas faire un raid en pulka dans nos massifs – Vercors, Jura, Cerces-Thabor, Queyras, Haute-Maurienne et d’autres s’y prêtent – avant de vouloir embarquer pour le grand nord arctique ? Certains grands alpinistes ne s’y trompent d’ailleurs pas, rédécouvra­nt leur jardin d’enfance avec un attrait renouvelé pour les hivernales, bivouac en paroi inclus. À chacun son aventure hivernale, pourvu qu’elle soit à sa portée.

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Bivouac au col de Vallouise, sous la cime de la Condamine.

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