INTÉRÊTS ET INCONVÉNIENTS
Avant d’envisager une telle entreprise, il est légitime de se demander pourquoi. Il est en effet des aspects de la vie suffisamment lourds et longs, pour ne pas en plus aller galérer tout le week-end dans le froid. Je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l’auto-punition est un moyen de corriger ses défauts.
Ce que j’aime dans la construction d’un abri en neige, c’est avant tout l’aventure. Le souvenir impérissable d’un bon moment tous ensemble, la collaboration et l’inconnu. Aller construire un abri dans la neige permet de passer un excellent week-end par risque 3 ou plus, sans en prendre aucun. N’allez néanmoins pas me faire dire qu’il ne faut pas construire d’igloo par risque 1 ou 2 !
Deuxième intérêt dans cette aventure : la progression vers l’autonomie. Avant d’être parfaitement confiant avec votre propre méthode, il vous faudra quelques sorties. Allez-y progressivement : avant d’envisager un raid de 15 jours en Laponie, il pourrait être intelligent d’aller faire quelques essais sur les plateaux du Jura ou du Vercors.
Troisième avantage indéniable : le coût. Dormir dans un trou de neige ne coûte que le temps et l’énergie de sa construction. Comparé au tarif de la demi-pension dans un refuge suisse, cela peut intéresser quelques portefeuilles. D’autant plus si on construit le refuge de neige une bonne fois pour toutes et qu’on envisage d’y passer plusieurs nuits d’affilée.
Enfin, il existe un avantage pratico-pratique à la construction d’un abri dans la neige : c’est la manipulation obligatoire de la pelle et de la sonde. On apprend toujours en formation DVA que le pelletage peut s’avérer difficile, que le volume de neige (et son poids) déplacé peut être important, voire prohibitif. En construisant un abri en neige, on s’en rend bien compte ! La construction d’un abri est donc une activité que je conseille fortement à la fin d’une journée d’initiation au ski de randonnée, en parallèle d’une recherche DVA individuelle, par exemple. Si on est rentré un peu tôt, construire un petit igloo à côté du refuge apporte un supplément de plaisir ! Par souci d’honnêteté, venons-en maintenant aux inconvénients. Le premier problème, c’est l’humidité. Déjà, pendant la construction de l’abri, il est assez difficile de gérer sa chaleur corporelle. On sue dedans, la neige nous fond dessus dehors ; bref, on est rapidement trempé ! Pour cela, il vous est conseillé de prévoir des vêtements de rechange pour passer une bonne nuit au sec. Mais comment faire sécher ses affaires (peaux de phoque, gants, chaussons de chaussures de ski, sous-vêtements, etc.) après une journée de rando ? C’est la partie la plus galère. Le seul moyen que j’ai trouvé jusque-là : tout mettre dans mon duvet pour la nuit, la chaleur de mon corps servant de radiateur. Plutôt efficace, bien que le début de nuit soit assez désagréable.
Second problème : le confort sommaire, évidemment. Si l’intérieur de l’abri est un peu petit, on ne peut pas se lever complètement, on a du mal à se déplacer, on se marche dessus. Il faut constamment déplacer des affaires pour faire de la place et passer à la tâche suivante. Et puis on dort sur un petit tapis de sol, enfermé dans un duvet. Au final, pourtant, ce n’est pas bien plus spartiate qu’un bivouac en été. Je pense même avoir passé de meilleures nuits dans des abris d’hiver que sur des bivouacs ventés et glaciaux d’été.
CE QUE J’AIME DANS LA CONSTRUCTION D’UN ABRI EN NEIGE, C’EST AVANT TOUT L’AVENTURE.