D’UNE ÉPOQUE RURALE
LES DERNIERS TÉMOINS
vieux murs sont rachetés et des maisons sont rénovées malgré des accès routiers rendus parfois difficiles lors des hivers bien enneigés. Ces hameaux sont situés sur les coteaux dominant la vallée, mais parfois au coeur même de celle-ci. Ils sont les derniers témoins d’une époque rurale où chacun vivait du fruit du travail agricole. Peu à peu, ils sont transformés en résidences principales ou secondaires confortables, du moins pour une partie de leurs bâtiments. D’autres tombent à l’abandon, les gens préférant le confort logistique de la vie en vallée au coeur d’un village ou d’une ville. Car en plein centre de l’Ubaye, à mi-chemin entre SerrePonçon et Maljasset, hameau marquant la fin de la civilisation, la vallée s’élargit. L’ensoleillement y est généreux même en hiver. Au milieu de celle-ci trône la petite ville de Barcelonnette. Petite par les chiffres (environ 2 600 habitants) mais grande par son importance. D’abord historique avec une démographie relativement stable depuis plus de deux siècles (entre 2 000 et 3 000 habitants). Ensuite administrative : sous-préfecture des Alpesde-Haute-Provence, elle prend la deuxième place du département après Digne. Grande aussi de par sa position au coeur des Alpes du Sud et assez éloignée de l’axe Marseille/Briançon : du même coup, elle se doit de disposer de toutes les commodités pour ses habitants et ceux de tout le pays ubayen : commerces, hébergements, éducation (lycée)… Grande enfin parce qu’elle est la porte d’entrée d’un grand domaine touristique, été comme hiver. « L’agglomération » de Barcelonnette, entre les Thuiles et Jausiers, concentre l’essentiel des habitants avec environ 6 000 personnes sur les (pas tout à fait) 8 000 de la communauté de communes de l’Ubaye. Parmi eux, de nombreux professionnels – commerçants, producteurs, artisans, artistes… – ayant monté leur structure et qui tentent de vivre du fruit de leur travail. Pour le touriste qui dispose
encore de quelques jours après le GR56, il n’est pas forcément évident de savoir où et comment se rendre directement chez les agriculteurs ou les artisans. Pas de panique ; en 1992 a été créée la Maison de Pays de l’Ubaye à Jausiers. Elle regroupe aujourd’hui 80 à 90 % des professionnels en petites structures de la vallée, nous confiait la précédente directrice Perline Manuel. « Ils trouvent ici un moyen de se faire connaître et de vendre leurs produits, et leur nombre ne cesse de croître », nous dit Perline. Ils sont aujourd’hui 66 à être représentés, aux côtés de quelques invités qui produisent plus loin dans le département. En arpentant la Maison, le randonneur en quête de boissons pour fêter son GR y trouvera les bières de la Sauvage (Saint-Paul-sur-Ubaye) ou les liqueurs de Lachanenche (Méolans-Revel), après s’être ravitaillé en fromages et viandes de la vallée. Pour les plus jeunes, les jouets en bois de la famille Bret restent une référence et avant de quitter l’Ubaye, on trouvera en souvenir les photos ou livres du photographe Claude Gouron. La Maison de Pays demeure une adresse incontournable : pour les professionnels afin de distribuer les produits de leur savoir-faire ; pour les consommateurs car elle leur permet en un stop de trouver l’ensemble de l’offre ubayenne. Elle emploie cinq contrats à durée déterminée et jusqu’à dix saisonniers pour la saison d’été. Elle est ouverte 7 jours sur 7 toute l’année.
Barcelonnette, c’est également une histoire que tout touriste de passage se doit de connaître. En arpentant les rues de la ville, on découvre des noms à connotation espagnole, rappelant les relations avec le Mexique. À partir du début du XIXe siècle en effet, plusieurs habitants de l’Ubaye ont émigré en Louisiane et au Mexique. L’histoire retient souvent