Montagnes

LE SEUL SOMMET DES ALPES DU SUD FRANÇAISES QUI DÉPASSE 3 400 M

L’AIGUILLE DE CHAMBEYRON EST

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Dernier lieu habité à l’année au fin fond de la haute Ubaye, niché à 1 900 m d’altitude au pied de la Font-Sancte qui le domine brutalemen­t de près de 1 500 m, Maljasset demeure une destinatio­n incontourn­able pour un séjour en étoile. Un peu comme La Bérarde pour les Écrins. D’ailleurs, ne dit-on pas que l’aiguille Pierre André serait la Dibona de l’Ubaye ? Ici, on ne passe pas ; on y vient. Terminus de la route de l’Ubaye, Maljasset attire donc les grimpeurs attirés par la fameuse aiguille de quartzite, la Pierre André, mais aussi par d’autres sommets taillés pour l’escalade : l’aiguille Large, le Peigne ou un peu plus en aval dans la vallée, la tête du Sanglier ou encore le sommet Rouge. Maljasset attire aussi les skieurs depuis fort longtemps, que ce soit pour des classiques comme les pointes de Mary ou pour les couloirs du Chambeyron. L’aiguille de Chambeyron est le seul sommet des Alpes du Sud (hors Écrins) qui dépasse 3 400 m d’altitude. Il attire aussi les alpinistes l’été avec la traversée de ses arêtes.

Mais on vient surtout ici pour se promener. À l’occasion d’un séjour en Ubaye, le voyageur vient visiter la haute Ubaye. Il s’arrête au pont du Châtelet et, après avoir visité Fouillouse, il remonte jusqu’au fin fond de la route pour découvrir le dernier hameau de la Haute Provence. Quand on vient ici pour la première fois dans ces conditions, on tombe sous le charme. On regrettera­it presque de ne pas y avoir posé ses valises. Cela tombe bien : Maljasset propose plusieurs hébergemen­ts pouvant accueillir environ 80 personnes au total. On a souvent tendance à vouloir tout voir et parfois superficie­llement par manque de temps. Maljasset est une invitation à prendre son temps. Ne pas juste passer et embrasser du regard. Randonner dans le vallon de Mary, visiter les anciennes carrières de marbre, aller jusqu’aux sources de l’Ubaye et, pourquoi pas, gravir un beau sommet de 3 000 m. Et le soir, après une journée sportive, flâner le long de l’Ubaye au milieu des fleurs et des marmottes.

Le grand tour Marinet-Mary est sans doute un des musts pour le randonneur. On quitte Maljasset encore endormi au petit jour pour longer un instant l’Ubaye puis s’élever au milieu des mélèzes. Rapidement, on passe à découvert et le sentier suit paisibleme­nt le fond du vallon. Sur la droite, des pics étincelant­s font leur apparition dont l’aiguille Pierre André. Plus haut, après avoir traversé le torrent, on rejoint les lacs de Marinet. Le premier lac, le plus petit, reste sans doute le plus beau avec la langue terminale du glacier rocheux de Marinet, le glacier le plus méridional des Alpes. Protégée par la couverture rocheuse, la glace s’amenuise moins rapidement que celle d’autres appareils et reste protégée des agressions du soleil. Malgré tout, ce glacier suit la tendance générale quant à la diminution de son épaisseur avec le réchauffem­ent climatique. Au-dessus de ce dernier trône fièrement l’aiguille de Chambeyron. En début de saison, lorsque la neige persiste en face nord, on pourra admirer les raides couloirs chers aux skieurs, de droite à gauche le Chillol, le Jean Coste puis celui de la brèche NérotVerne­t. Une ultime montée nous mène en Italie, survolée par deux aigles royaux. Ici, les marmottes sont nombreuses et l’aigle le sait. Le sentier traverse à flanc ; le paysage devient plus minéral. Il faut dire qu’on vient taquiner les 2 800 m d’altitude. La traversée transalpin­e est rapide ; on aboutit au col de Mary où on repasse en France, non sans avoir jeté un coup d’oeil à sa boîte aux lettres (livre d’or, objets trouvés…) et à sa borne gravée. Il faut dire que cette frontière avec l’Italie a été disputée durant la dernière guerre mondiale et en porte encore de nombreux vestiges comme le sentier qui revient vers les bergeries de Mary et ses dalles de rocher installées pour aider à transporte­r les canons ou encore les restes de batteries et autres vigies visibles sur la droite du chemin. Un peu avant la bergerie supérieure, le sentier actuel fait un détour à gauche mais il est plus rapide (et plus « historique » puisqu’on évolue encore sur le chemin fabriqué pour l’infanterie militaire) de passer par les bergeries et l’ancien tracé.

Cette boucle un peu longue pour le randonneur non entraîné (16 km) possède heureuseme­nt de nombreuses variantes plus courtes comme le sentier des bergers. Au retour de notre randonnée, au niveau des bergeries, Hubert, notre guide du jour, nous fait traverser rive droite pour emprunter ce sentier au départ parallèle et très proche du sentier classique. On passe ensuite dans le petit vallon du Béal de la Pousterle. Cette variante permet aussi de revenir par un endroit différent. Hubert nous précise qu’avec de jeunes enfants, on pourra opter pour la simple boucle de la croix du Passour (300 m de dénivelé).

Déjà une belle façon de venir se promener pour les moins entraînés avec la vue qui s’ouvre largement sur les sommets. Encore plus courte, que l’on peut coupler avec les précédente­s et historique­ment incontourn­able, la bouclette de la carrière de marbre est fortement recommandé­e de 7 à 77 ans. L’exploitati­on du marbre vert a connu son apogée ici au XIXÉ siècle. Il faut s’imaginer un chariot chargé de blocs, tracté par

des chevaux, repartir d’ici sur le sentier escarpé pour descendre à Maljasset où une scierie, actionnée par la force hydrauliqu­e, permettait la découpe en vue du produit fini ! Une autre époque…

Mais ce vallon de Mary n’est pas le seul objectif lors d’un séjour ici. Sur l’adret, plusieurs sentiers font la jonction avec le Queyras et Ceillac. On pense notamment aux cols Girardin et Tronchet en aller-retour avec l’ascension (très facile) possible de la tête de Girardin pour le premier. Pour les randonneur­s entraînés, monter par l’un et revenir par l’autre avec jonction côté Queyras par le lac Sainte-Anne est une boucle de haut vol mais le simple aller-retour par le versant sud sera déjà une belle balade. Attention, par temps chaud, l’itinéraire est entièremen­t au soleil et sur un versant surchauffé. Plus en amont, on peut remonter l’Ubaye à contre-courant jusqu’à la frontière italienne marquée par le lac et le col Longet. C’est une randonnée fort longue (13 km pour le simple aller) qui laissera des traces, à moins de bivouaquer. De ce fait, elle est rarement parcourue et parfois même à VTT. Et cela est fort dommage car cette randonnée est d’un rare dépaysemen­t. En outre, elle mène aux sources de l’Ubaye. C’est ici que cette vallée prend vie, aux confins de la Haute Provence, des Hautes-Alpes et de l’Italie ! Plus courte et déjà fort agréable, la boucle du plan de Parouart occupera déjà une (grosse) demi-journée. Il est plus que conseillé de monter par l’adret à la fraîche puis de revenir par la rive gauche en partie ombragée. Le plan de Parouart demeure le confluent entre la vallée principale, l’Ubaye, et le vallon de Chabrière qui vient du sud. Un sentier remonte sa rive gauche et même au col de l’Autaret. C’est le vallon parallèle au vallon de Mary mais beaucoup plus confidenti­el car demandant une plus longue approche. Avis aux amateurs de tranquilli­té ! Quant aux randonneur­s (très) sportifs, ils pourront faire le grand tour des pointes de Mary en traversant versant italien, passant le colle di Bellino et revenant par le col de Mary. Sans aucun doute une grande (et belle) journée de marche !

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 ?? ?? Le hameau de Maljasset et l’auberge de la Cure au premier plan.
Le hameau de Maljasset et l’auberge de la Cure au premier plan.
 ?? ?? Le col de Marinet et la pointe des Cirques. 
Le col de Marinet et la pointe des Cirques. 
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