Le nouveau canot tout temps de la SNSM
Cumulant les superlatifs, le dernier-né des canots tout temps (CTT) de la flotte de la SNSM a touché l’eau pour la première fois le mois dernier, à Roscoff : c’est le plus grand, le plus large et le plus puissant de tous les navires de la SNSM. Moteur Boa
Moteur Boat Magazine : Comment est né le projet ?
SNSM : Il faut savoir que la durée de vie d’une unité dévolue au secours est de trente ans. C’est également le cas pour les modèles de canots tout temps (CTT). Trois de ces derniers arrivaient en fin de vie ; ils devaient être remplacés. Après un tour de table, préambule nécessaire à tout nouveau projet, nous sommes parvenus à analyser, puis synthétiser les doléances des différentes stations pour les transmettre ensuite à un architecte naval. La volonté de remplacer les CTT vieillissants est née en 2012 ; quant au lancement officiel de cette série de trois nouveaux CTT, il remonte à 2014. Ce CTT de nouvelle génération (CTT-NG) présenté à Roscoff est le premier d’une série de trois navires hauturiers. Il rejoindra la station de l’île de Sein, en janvier 2016. Les deux autres modèles, également construits par Sibiril Technologies, rallieront respectivement les stations des Sables-d’Olonne (en 2016) et de Sète (en 2017). Tous les trois ont été dessinés par le cabinet d’architecture Pantocarène.
MBM : Qu’est-ce qui le différencie des 39 autres CTT de la flotte de la SNSM ?
SNSM : C’est le plus grand (18,20 m) et le plus puissant (2 x 650 ch Scania), là où les autres unités étaient motorisées en 2 x 500 chevaux maximum pour une longueur de 17,60 mètres. Il est évidemment insubmersible et autoredressable comme tous les CTT. Il possède – et c’est nouveau – une cellule médicalisée, située dans la partie arrière du poste de pilotage, qui permet de secourir le blessé dès sa montée à bord. Il est bien sûr conforme en tout point à la réglementation en vigueur, mais il a été conçu pour répondre également aux normes à venir. Par exemple, sa propulsion respecte les normes environnementales imposées par l’Organisation maritime internationale (Omi). Il dispose également d’un fly-bridge, qui peut faire office de poste de pilotage secondaire, et d’un palan à tribord pour remonter les naufragés. La partie arrière a également été revue, le semi-rigide est dissimulé dans une cale spécifique dont l’accès s’effectue par une trappe dans le tableau arrière. Enfin, grâce à sa motorisation, il pourra atteindre 25 noeuds contre 20 noeuds pour les modèles précédents.
MBM : Quelle est la zone de couverture de ce nouveau CTT ?
SNSM : Construit en composites, ce navire est conçu en théorie pour une zone d’intervention comprise entre zéro et 20 milles. Mais, en raison de ses caractéristiques, il pourra aller bien au-delà, jusqu’à 200 milles. C’est donc un vrai bateau hauturier, doté d’une très longue autonomie et totalement adapté au sauvetage au large, quelles que soient les conditions de mer.
MBM : Combien coûte une telle unité ?
SNSM : Ce CTT-NG (baptisé Yves et François Olivaux) aura coûté 1,4 million d’euros. Il a été financé par un legs de particulier qui souhaitait que le don soit intégralement utilisé pour la construction de ce nouveau CTT. Une autre volonté du donneur était que le CTT rallie la station de l’île de Sein, où le CTT actuel Ville de Paris date du début des années 1980 et arrive en fin de course. Le coût des deuxième et troisième modèles – qui rejoindront respectivement les stations des Sablesd’Olonne et de Sète – devrait être un peu moins élevé, inférieur au million d’euros. Au coût d’achat doit être pris en compte celui d’entretien. Il faut savoir qu’un important travail de changement de pièces intervient au bout de sept ans. Quant aux moteurs, ils doivent être renouvelés au bout de quinze ans environ. D’une manière générale, les équipements embarqués à bord des unités de la SNSM sont fortement sollicités, car ils sont généralement utilisés dans le cadre d’opérations d’urgence.
MBM : Pourquoi effectuer un test de retournement ?
SNSM : Cette procédure de qualification, qui consiste à retourner volontairement la timonerie dans l’eau à l’aide de sangles actionnées par une grue, permet de s’assurer des qualités marines du navire. Cette opération est une garantie de sécurité, à la fois pour l’équipage mais aussi pour les personnes secourues en cas de retournement accidentel dans une mer déchaînée. Pour être certain de ne pas endommager d’éventuels équipements, certains modules secondaires n’avaient pas encore été installés à bord. De plus, les moteurs et leurs périphériques (inverseurs), bien que montés à bord, étaient dépourvus de tout liquide (huile, carburant, etc.). Après ce test réussi, le CTT est revenu aux chantiers Sibiril Technologies pour quelques finitions, préalables aux tests en conditions réelles, qui ont été effectués début décembre. La mise en service officielle devrait intervenir dans le courant du mois de janvier. L’opération de retournement ne sera pas nécessaire pour les deux autres unités livrées en 2016 et 2017, puisqu’il s’agira de sisterships (navires-jumeaux).
MBM : Combien peut-on embarquer de personnes à bord ?
SNSM : En plus des soixante-dix passagers, il est conçu pour un équipage de huit personnes. Il se compose du patron de la station (qui peut être ou non le pilote du bateau), d’un navigateur, d’un radio chargé des liaisons avec les Cross, d’un médecin et d’un mécanicien. À ceux-là s’ajoutent des navigateurs polyvalents – appelés canotiers –, qui disposent tous d’une formation de base de secouriste. Le but aujourd’hui est d’optimiser les capacités de chacun, en essayant d’avoir à bord un équipage le plus polyvalent possible. Cette notion est à l’image de nos bateaux, que nous souhaitons également aptes à tout faire.