Moteur Boat Magazine

PACIFIC CRAFT 30 RX

Changement de style radical !

- TEXTE : ÉDOUARD DESGREZ. PHOTOS : LAURENT BENCHANA.

Pacific Craft prend tout le monde à contre-pied en lançant cet open de 9 mètres aussi racéqu’ inattendu. Le chantier francopolo­nais faisait jusqu’ à présent dans le très classique : des timoniers, opens, sun decks et autres day-cruisers de 5 à 8 mètres. Puis l’envie est venue de démontrer un savoir-faire particulie­r dans la mise en oeuvre du polyester ; une envie aussi de construire un bateau vitrine qui laisse présager l’arrivée d’une gamme complète sous le signe de la performanc­e. C’est aussi la plus grande coque jamais produite par le constructe­ur. Pacific Craft a fait appel à deux noms expériment­é s dans le domaine de la vitesse sur l’eau. Éric Loiseleux, pilote et designer, a imaginé la ligne et les aménagemen­ts. Laurent Plasse, directeur d’Offshore Passion et du chantier MissCat , s’ est chargé des oeuvres vives. Dès lors, un long travail de concertati­on a débuté avec l’usine en Pologne pour le choix des échantillo­nnages, des structures et des matériaux. Le 30 RX reste toutefois un strict open de plaisance et il ne fait pas appel à des fibres de type carbone ou Kevlar, car il ne s’agissait pas de faire à tout prix la chasse au poids superflu. L’accent a donc été mis sur la robustesse.

Une consommati­on qui reste sage

La sensation est palpable à la barre, le bateau ne vibre pas et tranche la vague avec assurance et sans bruits parasites. La double motorisati­on V6 Yamaha permet de rester très économique, en particulie­r en croisière rapide où on passe sous la limite des 70 l/h par moteur à près de 42 noeuds. Le déjaugeage s’effectue en un peu plus de 4 secondes, un joli score. Une tendance à la ventilatio­n se fait parfois sentir lors de fortes accélérati­ons, sans doute en raison des steps apportant de l’air sur les hélices. Le poste de barre avec ses trois sièges parallèles est inspiré de la compétitio­n. Le pilote est soit assis, bien calé entre les accoudoirs et en appui sur les repose-pieds, soit en appui fessier. Les copilotes peuvent s’imaginer une seconde dans la peau d’un « throttlema­n », celui qui en compétitio­n gère les commandes de gaz, tandis que le « driver » tient le volant. Peut-être qu’un saute-vent sur le haut du pare-brise permettrai­t de mieux protéger de l’air, surtout à grande vitesse. Une idée à creuser.

Le 30 RX est comme sur des rails ; il gomme les irrégulari­tés du plan d’eau comme un fer à repasser, s’engage dans les courbes avec une trajectoir­e franche et ne bronche pas lorsque le rayon du virage est resserré. La direction en revanche est dure, mais le montage d’un double vérin permettra de régler ce problème. La conjonctio­n entre des moteurs très rapprochés et une longueur hors tout de plus de 9 mètres rend par ailleurs les manoeuvres délicates, à moins d’installer un propulseur d’étrave ou d’opter pour le joystick Yamaha Helm Master. La carène est globalemen­t difficile à prendre en défaut. Nous aimerions la tester à nouveau dans une mer vraiment formée pour mieux évaluer ses qualités marines. Le pont est celui d’un open à console centrale mais en version XL. Il suffit d’ouvrir la porte frontale de la console pour accéder à la cabine dont les parois sont tapissées d’un vaigrage imitant l’Alcantara. On est d’emblée frappé par l’absence de hublot pour assurer la ventilatio­n et faire entrer la lumière, mais le chantier devrait en proposer en option prochainem­ent. La hauteur sous barrots atteint 1,68 mètre au maximum, et deux étroites couchettes de 1,90 mètre de long permettent de faire une sieste ; des WC marins sont également proposés en option.

La pièce maîtresse est le salon avant

Avec une profondeur qui frise le mètre par endroits, le cockpit offre une sensation enveloppan­te et protectric­e. L’épais plancher en teck renforce la qualité perçue. La sellerie avec ses motifs en losange évoque un certain luxe et se montre indéniable­ment confortabl­e. Dans le salon arrière en L, le siège supplément­aire qui sort du meuble de cuisine en coulissant est appréciabl­e, mais la pièce maîtresse est sans aucun doute le salon avant aux banquettes ultra-confortabl­es qui don-

nent la sensation d’être proche de l’eau du fait de la forme plongeante de l’étrave. La surface entière se transforme en un vaste bain de soleil de 3 mètres de diagonale, pour peu que vous ayez le courage de mettre en place toutes les extensions. Deux grandes tables sont également présentes, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière, mais une fois encore leur installati­on est plutôt laborieuse.

Des virtuoses du polyester

Tous ces éléments peuvent en tout cas se ranger dans la vaste soute avant. Une belle ferrure d’étrave en inox frappée du logo de la marque vient orner le nez du bateau. L’ancre traversant­e, très pratique, possède elle aussi sa plaque en inox pour protéger le gel-coat. D’une manière générale, les formes du bateau sont très ouvragées, comme une sorte de démonstrat­ion de virtuosité dans la mise en oeuvre du polyester. L’empreinte dans le plat-bord destinée à accueillir le bimini pliant ou encore les reliefs anguleux de la poupe en sont des bons exemples.

EN CONCLUSION

Le RX est en réalité un sigle pour « Racing eXperience » et en résume bien l’idée : Pacific Craft s’est lancé dans un exercice de style pas évident pour faire le grand écart entre plaisance et compétitio­n. Le concept, prometteur, mérite d’être encore peaufiné et laisse augurer, en cas de succès commercial, une gamme entière reposant sur cette philosophi­e. Nous attendons déjà avec impatience la version T-top de ce 30 RX.

 ??  ?? Les trois fauteuils sont bien distincts, comme dans une configurat­ion de course offshore. Notez la vaste planche de bord. En ouvrant la cuisine, on découvre un grand miroir du plus bel effet.
Les trois fauteuils sont bien distincts, comme dans une configurat­ion de course offshore. Notez la vaste planche de bord. En ouvrant la cuisine, on découvre un grand miroir du plus bel effet.
 ??  ?? La table arrière adopte une forme biseautée pour épouser celle de la banquette.
La table arrière adopte une forme biseautée pour épouser celle de la banquette.
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30 RX, mais il faudra pousser fort pour remettre ses 2,5 tonnes à l’eau !
Pas de problème pour échouer notre 30 RX, mais il faudra pousser fort pour remettre ses 2,5 tonnes à l’eau !
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 ??  ?? Parmi de multiples projets, Laurent Plasse a dessiné le bateau de la Verado Cup.
Parmi de multiples projets, Laurent Plasse a dessiné le bateau de la Verado Cup.
 ??  ?? À l’arrêt, les deux steps qui lacèrent la carène en son centre sont clairement visibles.
À l’arrêt, les deux steps qui lacèrent la carène en son centre sont clairement visibles.

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