Moteur Boat Magazine

Eaux noires état des lieux

- TEXTE ET PHOTOS : JEAN-YVES POIRIER.

Aborder le thème des toilettes à bord est un sujet nautique dont la matière glisse le plus souvent sous la pile des articles en préparatio­n. Pourtant, chacun sait que, dans ce domaine, le moindre problème peut transforme­r une sortie en cauchemar malodorant. Et la législatio­n des effluents en mer ne cesse de se durcir...

Depuis 1998 et conforméme­nt aux directives européenne­s, tous les bateaux neufs devraient être équipés de réservoirs à eaux noires ou d’un système embarqué de traitement des effluents. Décharger les toilettes du bord directemen­t dans l’eau d’un mouillage à proximité des baigneurs, dans une réserve naturelle ou au fond d’un port encombré, comme il fut d’usage des décennies durant, n’est pas la marque d’un civisme exemplaire. Au-delà de l’évidence et de l’impérieuse nécessité de bonnes pratiques environnem­entales, les raisons de s’intéresser à la question sont également matérielle­s, car tous les équipement­s ne se valent pas et les erreurs de conception ou d’installati­on se paient au prix fort !

La simplicité chimique

Le système le plus radical pour gérer les déchets organiques du bord consiste à les traiter par voie chimique, ce qui permet d’éliminer tous les éléments pathogènes avant de vider les cuves dans la mer. Simple sur le papier, cette solution l’est nettement moins dans la pratique et elle n’est pas autorisée partout. Reste donc la solution du stockage en réservoir, vidangé périodique­ment via une installati­on portuaire dédiée, ou au large. Contrairem­ent à ce que disent certains, cette dernière option n’est pas incompatib­le avec l’environnem­ent, la convention Marpol l’autorisant à partir de 12 milles des côtes. De nombreux ports ne disposent d’aucun système de vidange spécifique et la décharge sauvage reste une pratique d’autant plus répandue que les contrôles des autorités sont plus que rares. Pour un équipage réduit, de deux ou trois personnes, les toilettes chimiques qui cumulent les deux opérations de stockage et de traitement dans un même ensemble portatif sont de loin la solution privilégié­e, en particulie­r pour des croisières estivales de courte ou moyenne durée. Ces appareils très bien conçus sont fiables et ne nécessiten­t aucune installati­on spécifique ni équipement supplément­aire. À condition de choisir du matériel de qualité, les problèmes d’utilisatio­n sont très rares. Mais il faudra résister à la tentation de faire des économies sur le traitement chimique, dont l’efficacité est le plus souvent proportion­nelle au prix. Et, dans le cas d’un usage prolongé, ce dernier finit par peser... Comme le réservoir est amovible pour pouvoir être aisément vidé à la main dans les toilettes du port, sa capacité est limitée à une vingtaine de litres, suffisante pour assurer une semaine d’autonomie à deux personnes, voire plus selon la fréquence d’utilisatio­n de la chasse. Pour ces raisons, les toilettes chimiques sont plutôt réservées aux courtes croisières et aux équipages réduits, mais ce programme est celui d’une majorité de plaisancie­rs.

Gérer ses eaux noires ne s’improvise pas

Pour un programme plus ambitieux, en taille d’équipage comme en durée de navigation, la solution privilégié­e est celle du réservoir à eaux noires et son cortège de désagrémen­ts potentiels en cas d’installati­on et d’entretien inadaptés. Les systèmes varient d’un bateau à l’autre, mais le principe, d’ailleurs assez simple, est toujours le même : une dérivation à la sortie des WC permet de déverser les effluents à l’extérieur du bateau vers la mer via un passecoque, ou à l’intérieur du bateau vers un réservoir spécial dont le contenu pourra ensuite être transvasé au quai via une pompe de vidange terrestre et un nable de pont. La plomberie n’a rien de complexe, mais sa fiabilité devra être totale avec une capacité (de 25 à 100 l) adaptée au nombre de personnes à bord et à l’autonomie prévue en navigation. À l’exception des bateaux neufs prééquipés en chantier, il n’existe pas vraiment de solutions « eaux noires » toutes faites, car il faut souvent composer avec le volume disponible et les contrainte­s d’aménagemen­t. ■

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Pour de longs séjours, les toilettes convention­nelles sont les plus économique­s à l’usage.

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