Bordeaux mise sur la déconstruction de navires
L’ex- Jeanne-d’Arc est encore plus impressionnante dans la cale sèche que lorsqu’elle était à quai. D’ici à six mois, elle aura pourtant complètement disparu. Le Colbert, amarré à quelques dizaines de mètres sur la Garonne, prendra alors sa place dans l’immense forme de radoub du site industrialoportuaire de Bassens. La déconstruction et le désamiantage de ces deux gloires de la marine nationale, avec leurs 180 mètres de long et leurs 9 000 tonnes, a fait l’objet d’un premier contrat de 11,5 millions d’euros entre Veolia et la Marine. Un second a été signé afin de valoriser la ferraille. Bassens, et sa forme de radoub de 247 mètres de long, a-t-il une chance de voir une filière de déconstruction émerger ? Depuis la piteuse péripétie du Clemenceau, envoyé en Inde puis revenu en France pour être enfin démoli en Angleterre, la Marine affiche une démarche vertueuse, ne confiant ses vieilles coques qu’à des industriels de l’Union européenne, dont les chantiers ont tous été inspectés – excluant ainsi les opérateurs turcs. Les besoins sont importants avec 200 coques de toutes tailles attendant dans les cimetières marins. En Europe, les chantiers ne sont pas légion. En tête, le belge Galloo, de Gand, qui a gagné les derniers appels d’offres, dispose de ses propres installations. Ce qui n’est pas le cas de Veolia, obligé de louer celles de Bordeaux, et qui cherche d’autres sites sur l’Atlantique et la Méditerranée. À défaut, l’industriel aimerait pouvoir faire une partie de la déconstruction à flot. Ce que la réglementation ne permet guère en raison des risques liés à l’environnement.