Moteur Boat Magazine

Après l’euphorie, la déception !

- Signé : un plaisancie­r qui voudrait être heureux !

Mon cher chantier, Il y a déjà six mois, je te présentais mes voeux pour cette nouvelle année 2016 ( n° 313). En m’offrant mon plus beau « jouet d’adulte » – lequel est indécent par son montant pour beaucoup de nos concitoyen­s –, j’espère avoir contribué à ce que les investisse­ments de tes actionnair­es ne prennent pas l’eau. C’est drôle, car alors qu’il y a six mois je te demandais de nous « offrir » des bateaux qui ne se remplissen­t pas d’eau à la moindre averse, le splendide bateau neuf que tu m’as livré n’a pas eu besoin de la moindre goutte de pluie pour se transforme­r en baignoire : la bienveilla­nce de tes ouvriers de production, alliée à la vacuité abyssale de tes contrôles qualité, m’a permis de remplir moi-même le plancher de la mid-cabine, ce qui aurait pu en faire un superbe jacuzzi si la place avait été plus vaste… Me doutant d’une galère quelque part, j’ai cessé de remplir ce fichu réservoir d’eau douce et je n’ai pu charger que de 200 ou 300 litres cet immense espace vacant. Je t’explique : le tuyau d’évent du réservoir d’eau douce doit, comme tout autre tuyau « sensible », se montrer étanche. Je n’ai pas coulé au port le jour de ma première navigation, sacré coup de chance ! En outre, grâce à l’optimisati­on des compétence­s délocalisé­es de tes ouvriers, tu m’as permis de constater que la vie ne tient parfois qu’à peu de chose. Les quatre malheureus­es vis de fixation du fauteuil de mon copilote n’étant pas serrées lors de la livraison du bateau, tu as réussi à lui faire perdre l’équilibre à 27 noeuds dans un clapot de 70 centimètre­s. Il aurait pu tomber et se briser les cervicales sur le coffre arrière… Coup de chance, cette fois encore, il s’est levé à temps, j’ai donc pu m’arrêter avant que ne survienne le drame. Nous avons profité de ce moment pour terminer le travail en récupérant les boulons tombés dans le cockpit. C’est drôle, car ma première navigation avec mon sublime bateau m’a aussi permis de constater que mon pilote automatiqu­e – fabriqué par une autre entreprise multinatio­nale renommée – n’était pas fichu de maintenir le cap du navire plus de cinq minutes d’affilée. Enfin, mon bateau ne retournera pas chez le concession­naire vendeur, car c’est lui qui va devoir se déplacer et perdre une journée de travail pour venir terminer les travaux de finition, sur place à mon ponton. Je me souhaite beaucoup de courage pour ma première saison avec mon nouveau bateau, et comme je te sens proche de moi, je te dis à bientôt.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France