Moteur Boat Magazine

Passer son permis hauturier

- TEXTE : SANDY PRENOIS. PHOTO : ALEXANDRE SAR.

Après avoir caboté cet été entre amis ou en famille le long de belles côtes, il reste le désir de garder le contact avec ce milieu de la plaisance qui donne aussi envie d’aller plus au large... Pourquoi ne pas profiter de l’accalmie de cette rentrée pour préparer l’extension « hauturière » du permis bateau mer ?

Vous êtes titulaire du permis bateau de plaisance option « côtière » et vous avez envie de naviguer sur des bateaux à moteur d’une puissance de plus de 6 chevaux au-delà de 6 milles d’un abri ? Il suffit de préparer l’examen du permis hauturier qui dispense des notions essentiell­es pour réaliser une navigation plus lointaine, mais constitue également un exercice intellectu­el passionnan­t. Que ce soit par le biais d’un bateau école ou en candidat libre, il s’agit d’apprendre à lire une carte marine, de faire le point par plusieurs relèvement­s pour le porter sur la carte, de calculer la variation et la dérive due au vent ou au courant, de savoir distinguer un cap compas d’un cap vrai, une route surface d’une route fond, de faire l’estime du temps de parcours, d’identifier les caractéris­tiques des phares et des balises, d’être sensibilis­é aux aides électroniq­ues à la navigation, d’effectuer un calcul de marée par rapport à un port principal, d’interpréte­r une carte de météorolog­ie marine et, bien sûr, de connaître le matériel de sécurité obligatoir­e à embarquer.

Un travail sur carte avec compas

Selon le rapport de la Direction générale des infrastruc­tures, des transports et de la mer du ministère du Développem­ent durable, près de 3 500 extensions hauturière­s ont été présentées en 2015, un chiffre relativeme­nt stable ces deux dernières années. Que ce soit pour s’affranchir des contrainte­s côtières, pour partir en quête de zones de pêche réellement privilégié­es ou par pur apport intellectu­el, ce permis « haute mer » ouvre aux amoureux de l’infini des horizons nouveaux. Mais entre le rêve et la réalité, quelques étapes sont à franchir et il faut un peu de temps pour parvenir à intégrer certaines notions abordées dans cet apprentiss­age. Outre la règle des douzièmes utilisée pour le calcul des marées, manipulati­on du produit en croix et autres actions de calcul plutôt « casse-tête », il faut s’imprégner de

Rappel des zones de navigation

notions de latitude, longitude, repère sur carte, rapidité à se situer sur celle-ci… Lorsqu’on débute, on a parfois l’impression de plonger dans la fosse des Mariannes. L’utilisatio­n de la règle Cras peut sembler complexe, mais avec de la patience, l’envie d’apprendre et la passion qu’engendre l’exercice, on finit généraleme­nt par se laisser prendre au jeu. Le jour de l’épreuve, on embouque l’heure et demie sans casser l’erre. On résout les deux problèmes de carte – l’un diurne, l’autre nocturne –, celui de marée, et on termine par les réponses aux QCM sans sourciller. L’épreuve, notée sur vingt points, est compartime­ntée en douze points pour les exercices de carte (un minimum de sept est exigé), quatre points pour la marée et quatre autres pour les questions diverses. Une moyenne de dix sur vingt est nécessaire pour l’obtention du sésame. Mais ce n’est pas parce que la formation n’est que théorique qu’il faut lésiner sur quelques apprentiss­ages en mer. Auriez-vous piloté un avion après un simple cours académique ? Le mieux est de ne pas partir seul les premières fois et d’avoir l’humilité de tirer enseigneme­nt des anciens. Enfin, il faut bien se souvenir que la navigation électroniq­ue n’est qu’une aide supplément­aire et que rien ne remplace la maîtrise de la carte.

Quelques petites précisions qui peuvent être utiles…

Bien que toute navigation soit envisageab­le avec ce permis, il ne comprend pas l’enseigneme­nt sur la navigation astronomiq­ue, l’utilisatio­n du sextant, le calcul de méridienne, de points aux étoiles, d’orthodromi­e ou de loxodromie... Il n’est en effet pas capital de connaître la hauteur d’eau à un moment donné lors d’une navigation en pleine mer ou de trouver des amers utiles pour des relèvement­s alors que le navire est à 40 milles des côtes. Sous l’appellatio­n hauturière se cache en fait un exercice de navigation côtière. ■

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Après avoir passé le « hauturier », la règle du célèbre contre-amiral Jean Cras n’aura plus de secret pour vous.

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